L’ONU pointe du doigt l’utilisation du viol comme arme de guerre dans le Tigré

23 avril 2021

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Mandatory Credit: Photo by Lev Radin/Pacific Press/Shutterstock (11833717g) Protesters with Tigray flags and posters staged rally on Washington Square and walk along Broadway demanding end of Ethiopia offence on civilians. Conflict between Tigray Regional Government and Ethiopian Government started in 2019 and escalated into an open war on November 4, 2020. More than 2.3 million children are cut off from desperately needed aid and humanitarian assistance. Many protesters were wearing jackets, hat and facial masks in colors of Tigray flag. Members of Tigray diaspora of the US rally and march, New York, United States - 26 Mar 2021/shutterstock_editorial_Members_of_Tigray_diaspora_of_th_11833717G//2103270711
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L’ONU pointe du doigt l’utilisation du viol comme arme de guerre dans le Tigré

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Depuis le début du conflit, au moins 829 cas de violences sexuelles ont été signalés dans cinq hôpitaux. Les victimes les plus jeunes n’ont que huit ans. Dans le même temps, la famine règne et a causé la mort d’au moins 150 personnes.

 

Reuters via South China Morning Post, 16 avril 2021

Traduction d’Alban Wilfert pour Conflits

 

La violence sexuelle est utilisée comme arme de guerre dans la région éthiopienne du Tigré, où des fillettes d’à peine huit ans sont prises pour cible et où certaines femmes ont rapporté avoir fait l’objet de viols collectifs pendant plusieurs jours, a déclaré jeudi Mark Lowcock, le responsable de l’aide humanitaire des Nations unies.

 

Il a fait part au Conseil de Sécurité des Nations unies de la détérioration, au cours du mois dernier, de la crise humanitaire dans le Tigré. Il a affirmé que l’ONU n’avait vu aucune preuve du retrait des soldats érythréens, accusés de massacres et de meurtres.

 

« Pour le dire très clairement, le conflit n’est pas terminé et les choses ne vont pas en s’améliorant », a déclaré M. Lowcock, selon ses notes en vue du briefing virtuel à huis clos des 15 membres du Conseil jeudi.

 

L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré qu’il était temps que le Conseil de Sécurité « parle d’une seule voix » concernant le Tigré.

 

Jusqu’à présent, le Conseil n’a pas réussi à s’accorder sur une déclaration. En effet, les pays occidentaux s’opposent à la Russie et à la Chine quant à la manière d’aborder la situation.

 

« Cette crise exige notre attention et notre action », a déclaré Mme Thomas-Greenfield dans une déclaration après le briefing.

 

Lowcock a déclaré que l’accès humanitaire au Tigré restait un « énorme problème ». Plus tôt dans la journée de jeudi, un rapport indiquant que 150 personnes étaient mortes de faim lui avait été remis.

 

« Cela devrait être un sujet de préoccupation pour nous tous. C’est un signe de ce qui nous attend si aucune mesure supplémentaire n’est prise. User de la famine comme d’une arme de guerre constitue une violation », a déclaré M. Lowcock.

 

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Le docteur Fasika Amdeselassie, principal responsable de la santé publique pour l’administration provisoire nommée par le gouvernement dans le Tigré, a fait état d’au moins 829 cas d’agression sexuelle signalés dans cinq hôpitaux depuis le début du conflit.

 

« Il ne fait aucun doute que la violence sexuelle est utilisée comme une arme de guerre dans ce conflit », a déclaré Lowcock, ajoutant que la plupart des viols étaient commis par des hommes en uniforme. Toutes les parties belligérantes font l’objet d’accusations.

 

« Près d’un quart des rapports reçus par une agence concernent des viols collectifs, avec plusieurs hommes agressant la victime. Dans certains cas, des femmes ont été violées à de multiples reprises pendant plusieurs jours. Des filles âgées d’à peine huit ans sont prises pour cible », a déclaré M. Lowcock.

 

Depuis novembre, les combats entre les troupes du gouvernement fédéral et l’ancien parti au pouvoir dans le Tigré ont provoqué la mort de milliers de personnes et forcé des centaines de milliers d’autres à quitter leur foyer dans cette région montagneuse d’environ 5 millions d’habitants. Les Erythréens sont venus en aide aux troupes du gouvernement central.

 

L’Érythrée a nié à plusieurs reprises avoir des troupes dans le Tigré. En revanche, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a reconnu leur présence. Les Nations unies et les États-Unis ont exigé le retrait des troupes érythréennes de la région.

 

« Ni les Nations unies ni une seule des agences humanitaires avec lesquelles nous travaillons n’ont vu la moindre preuve d’un retrait érythréen », a déclaré M. Lowcock.

 

L’ambassadeur éthiopien auprès des Nations unies, Taye Atskeselassie Amde, a déclaré que le gouvernement enquêtait sur toutes les violations des droits. Il a accusé M. Lowcock de « ne pas se comporter comme un humanitaire mais comme un ennemi juré décidé à obtenir une forme de châtiment ».

 

« Les violations des droits de l’homme sont des sujets trop sérieux et trop graves pour être soumis à des spéculations. Il est regrettable que le chef de l’OCHA (le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies) s’y soit adonné devant le Conseil de Sécurité des Nations unies », a-t-il déclaré, ajoutant qu’« il n’y a aucune faille dans l’accès humanitaire ».

 

La mission de l’ONU pour l’Erythrée, située à New York, n’a pas répondu immédiatement à notre demande de réaction aux remarques de M. Lowcock.

 

Le mois dernier, le ministre érythréen de l’information, Yemane Gebremeskel, a déclaré que la violence sexuelle et le viol étaient « une abomination pour la société érythréenne » et qu’ils devraient être sévèrement punis s’ils se produisent.

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