Crimes à Marseille, guerre en Pologne, conquête dans les Andes, printemps à Naples et capitalisme à Gênes. Aperçu des livres de la semaine
Denis Trossero, Règlements de comptes à Marseille, Mareuil Éditions, 21€
L’auteur, journaliste à La Provence pendant 36 ans, spécialiste de la rubrique « police-justice », connaît bien son sujet. Couvrant les procès, les faits divers, les questions de justice et de police, il sait comment fonctionne Marseille et ses règlements de comptes quotidiens. Car le crime est partout. Fruit d’un long travail d’observation et d’analyse, cet ouvrage dresse une histoire de la violence dans la cité phocéenne, et la raconte à travers un florilège d’affaires et d’anecdotes dont il a été le témoin. Ces histoires sont des tranches de vie marseillaise, fidèlement retranscrites, sans clichés ni stéréotypes. Un ouvrage indispensable pour qui veut comprendre le dysfonctionnement de nos institutions à Marseille.
Arnaud Léonard, L’Odyssée du général Anders – Un Polonais face à Staline et Hitler, Novice, 21,90€
Officier expérimenté, d’abord dans l’armée russe impériale puis dans l’armée polonaise après 1918, Władysław Anders est capturé par les Soviétiques en 1939 lors du partage de la Pologne avec l’Allemagne nazie. À la rupture du pacte germano-soviétique en 1941, il est libéré et forme l’« Armée Anders », composée de soldats polonais libérés des camps soviétiques, qui combat notamment à Monte Cassino en Italie en 1944. Après la guerre, il dénonce dans ses mémoires (1949) l’abandon de la Pologne aux mains soviétiques après la conférence de Yalta. Fidèle à ses convictions anticommunistes, il poursuit depuis son exil londonien une lutte politique et symbolique pour une Pologne libre, indépendante du bloc soviétique. Dans cet ouvrage, on suit l’épopée de ce général et de ses hommes, qui, fidèles au destin de leur pays, ont combattu les deux plus grands dictateurs du XXe siècle.
Bernard Grunberg, Les conquistadors, Éditions du Cerf, 14€
Au début du XVIe siècle, les conquistadors débarquent en Amérique du Sud. En quelques années, ils vont faire tomber un à un les grands empires en place, au nom de la couronne espagnole. Partant du Mexique, victorieux des Aztèques puis des Incas, ils sont une poignée d’hommes contre une multitude d’indigènes. Aventuriers, soldats, nobles ruinés ou fils de paysans, ils sont en quête de fortune et d’une vie meilleure. Cependant, malgré les réussites du début et l’étonnante longévité de l’Empire espagnol, ils ont pour beaucoup péri ou vécu dans une grande pauvreté, avant de laisser la place aux colons. Cet ouvrage synthétise le sujet et permet au lecteur de faire la rencontre de ces hommes, et de comprendre la formation des mythes et légendes qui les entourent.
Vincent Haegele, Un printemps à Naples, Passés composés, 21€
Lorsque Napoléon fait du royaume de Naples un État satellite de son Empire en 1806, il ambitionne d’en faire le laboratoire de sa politique, fruit de l’esprit révolutionnaire français. Le roi Bourbon Ferdinand IV, allié des Anglais et exilé en Sicile, est remplacé par Joseph Bonaparte puis Joachim Murat, qui mettent en œuvre la politique de l’Empereur : abolition du féodalisme, nouveau découpage administratif, introduction du Code civil. Mais ces réformes, décidées à Paris, sont imposées à une population qui n’a aucune prise sur ses institutions. Les Français, séduits par le décor de Naples, projettent aussi sur la ville une image pleine de condescendance : pittoresque mais bruyante, indolente et arriérée, Naples n’est pas à la hauteur de son héritage antique. Pourtant, derrière l’apparente docilité des Napolitains – fruit du fatalisme et de l’habitude d’être gouvernés par des puissances étrangères – persiste une société complexe, enracinée et profondément rétive à l’ingénierie politique napoléonienne. Dans cet ouvrage, tome II d’une série consacrée aux capitales occupées par les Français sous Napoléon, l’esprit de la Révolution française et de l’Empire est testé et mis à rude épreuve.
Fabien Levy, Histoire de Gênes, Passés composés, 24€
Dès le Moyen Âge, Gênes s’affirme comme une puissance navale et marchande, organisant un vaste réseau commercial reliant la mer Noire, l’Angleterre et la Méditerranée occidentale. Elle fonde des comptoirs, prête aux souverains, crée des innovations financières comme les banques publiques et les formes précoces de dette souveraine. Au XVIe siècle, alors que son territoire est réduit, Gênes devient paradoxalement plus influente encore : les grandes familles patriciennes financent les Habsbourg et organisent le transfert de l’argent du Nouveau Monde. Dans cet ouvrage, l’auteur montre comment cette république aristocratique, instable politiquement mais extraordinairement inventive économiquement, a été un acteur essentiel de la première mondialisation. Il décrit aussi son déclin progressif, marqué par les conflits internes et la perte de souveraineté, jusqu’à son annexion par Napoléon en 1805, qui l’intègre à l’Empire comme un simple département. Un livre qui illustre l’art de prospérer sans dominer militairement.