Les joyaux de la Couronne britannique forment un ensemble exceptionnel d’objets rituels, religieux et symboliques, utilisés lors des grandes cérémonies de la monarchie, en particulier les couronnements. Conservés dans la Tour de Londres sous haute sécurité, ces objets incarnent la continuité de la monarchie, le pouvoir royal et la tradition chrétienne, tout en étant de remarquables chefs-d’œuvre d’orfèvrerie.
Les joyaux utilisés lors du couronnement
La pièce maîtresse de la cérémonie est la couronne de Saint Édouard, placée sur la tête du souverain lors de l’onction. Fabriquée en 1661 pour Charles II, en remplacement des joyaux médiévaux détruits sous Cromwell, elle est constituée d’or massif, pèse 2,23 kg et est décorée de pierres précieuses : rubis, saphirs, émeraudes, topazes et améthystes. Elle n’est portée que quelques minutes au moment précis du couronnement.
Le sceptre avec croix, tenu dans la main droite du monarque, symbolise le pouvoir temporel et la gouvernance juste. Il est orné du Cullinan I, ou « Great Star of Africa », un diamant de 530 carats pesant 106 grammes. L’orbe du roi, tenu dans la main gauche, représente le monde chrétien dominé par la croix. Il est ceint de diamants, rubis, saphirs et perles, et figure l’autorité religieuse du souverain.
Parmi les autres objets essentiels du rituel figurent l’anneau de couronnement, placé à l’annulaire droit du souverain, et symbole de son engagement envers Dieu et son peuple. Il a été introduit en 1831 et contient un rubis entouré de saphirs. L’ampulla, en forme d’aigle, et la cuillère de couronnement, en argent doré, servent à l’onction sacrée à l’huile sainte, moment central du couronnement.
La robe impériale de velours pourpre, en soie brodée à la main du chiffre royal, d’épis de blé et de branches d’olivier, pèse plusieurs kilos et nécessite plus de 3 500 heures de travail. Enfin, la pierre de Scone, ou « Stone of Destiny », est un symbole ancestral de la monarchie écossaise. Pesant 152 kg, elle était autrefois intégrée au trône de couronnement. Rapatriée en Écosse en 1996, elle revient à l’abbaye de Westminster lors de chaque couronnement.
Autres pièces remarquables
La couronne impériale d’apparat est utilisée à l’issue de la cérémonie et lors des grandes occasions comme l’ouverture du Parlement. Elle est composée de 2 868 diamants, 17 saphirs, 11 émeraudes et 269 perles, dont certaines remonteraient à la reine Élisabeth Ie. Elle contient notamment le diamant Cullinan II, aussi appelé « Second Star of Africa », issu du plus gros diamant brut jamais découvert (Cullinan, 3 106 carats).
Parmi les pièces complémentaires, on trouve aussi le diadème d’État de George IV, porté lors de l’ouverture du Parlement et lors des représentations officielles. Sertie de plus de 1 300 diamants, dont un diamant jaune central de 4 carats, cette pièce emblématique figure sur de nombreux portraits de la reine Élisabeth II.
Un patrimoine royal conservé à la Tour de Londres
L’ensemble des joyaux de la Couronne est conservé à la Tour de Londres depuis 1661, date à laquelle ils furent recréés après la destruction des anciens joyaux sous le régime républicain de Cromwell. Ils sont protégés dans le bâtiment du Jewel House, une section spécialement aménagée de la Tour, hautement sécurisée, visitée chaque année par plus de deux millions de personnes.
La Tour de Londres, forteresse emblématique située sur la rive nord de la Tamise, fut édifiée à partir de 1066 sur ordre de Guillaume le Conquérant. Elle a servi tour à tour de palais royal, de prison d’État, d’arsenal, de ménagerie et de lieu d’exécution. Elle abrite aujourd’hui les Yeoman Warders, garants de la tradition et guides officiels du site.
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