Ils étaient seize stagiaires à rejoindre du 10 au 19 avril, le cœur du Gard afin de vivre le Bootcamp organisé par le Haut Comité Français pour la Résilience nationale (HCFRN). Sept jours de formation théorique entrecoupés d’ateliers et de conférences qui avait pour objectif de former la société civile et de faire de ces seize stagiaires de véritables gestionnaires de crises de haute intensité.
Comment réagir face à une prise d’otage ? Quelles actions vitales entreprendre en vue de survivre à une attaque terroriste de nature NRBC ? En somme, comment faire face à la multiplication des menaces qui pèsent sur le territoire français… ?
C’est par ce Bootcamp que Pierre-Yves Gury a trouvé des réponses à ces questions. Responsable du service de gestion de crise pour la ville de Marseille, et pompier, il faisait partie des stagiaires à vivre cette immersion singulière. Le cœur de son métier étant d’assurer la sécurité pour faire face à toutes les menaces, il a un jour senti la nécessité de se former à d’autres risques, pour pouvoir y apporter une réponse le jour où ils se concrétiseraient réellement.
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« La gestion de crise est le cœur de mon métier donc on se doit d’être compétent dans ce domaine et de maintenir une compétence opérationnelle en s’entraînant régulièrement », nous partage Matthieu Coudreuse, autre stagiaire. Ce dernier, praticien hospitalier au service d’urgence à Bayonne, est responsable d’un service de gestion de crise spécialisée en catastrophes maritimes.
Une formation variée et concrète à la gestion de crise
Pourquoi donc vivre ce Bootcamp avec le HCFRN ? Les avis sont unanimes.
Pour beaucoup, il s’agit d’une immersion unique marquée par la mobilisation de l’intelligence collective rendue possible par l’expérience de seize profils divers et variés. Chefs d’entreprises, directeurs de sûreté, officiers supérieurs de la Direction générale de la Gendarmerie nationale, pompier responsable d’un centre départemental, membres de la Croix Rouge… Ils sont membres de corps privés pour certains, ou au service de l’Etat pour d’autres, à avoir rejoint le camp pour se nourrir de l’expérience des autres. Selon Pierre-Yves Gury, « cela permet de comprendre comment les autres fonctionnent pour s’adapter sans cesse afin d’être le plus performant possible le jour où surviendra une crise réelle ».
Cet événement offre une formation théorique dispensée par des experts dans leurs domaines, à travers plusieurs ateliers et conférences. Les sept premiers jours de formation théorique achevés ont laissé place à une mise en pratique opérationnelle.
Le terrain de jeu ? Le camp militaire des Garrigues, grand de plus de 4500 hectares, utilisé par la 6e brigade légère blindée. Pendant 48 heures, des exercices grandeur nature et en conditions réelles se sont enchainés sans interruption. Exercices de gestion d’une catastrophe naturelle, prise d’otage d’un chef d’entreprise, et même une attaque terroriste de nature Nucléaire Radiologique Biologique et Chimique (NRBC).
Les stagiaires prennent tour à tour différentes fonctions avant de composer les cellules de crise et de gérer celles qui se produisent. Cette gestion se fait à l’aide de ce qui avait été appris la semaine précédente mais également via le soutien de nombreux partenaires stratégiques.
La Gendarmerie Nationale, les Sapeurs-pompiers du Gard, le SAMU et la Croix-Rouge ont mobilisé leurs moyens humains et matériels pour renforcer le caractère immersif du Bootcamp. Le GIGN lui, a formé les stagiaires à gérer la prise d’otage qui se déroulait de nuit, apportant par là leur expertise stratégique et opérationnelle incontestée en la matière. « C’est là où cela devenait passionnant, rapporte Matthieu Coudreuse. La méthodologie en gestion de crise enseignée par les professionnels tel le GIGN, sur certains points, peut être retraduite côté sécurité civile ».
Un sentiment partagé par son co-stagiaire, Pierre-Yves Gury, qui a vu en cet enchainement d’exercices l’occasion de travailler le facteur humain. Des scénarios réels et intenses, peu de sommeil… Tout était fait pour que chacun soit poussé dans ses retranchements personnels afin de savoir prendre des décisions rapidement, alors que la fatigue se fait sentir.
Pour permettre à chacun de prendre conscience de ses compétences, et de son comportement lors des différents exercices, une ancienne médecin militaire spécialisée en gestion du stress en situation opérationnelle était sur place. Marion Trousselard a été 25 ans professeur de neurosciences au Service de Santé des armées. Elle a vécu le Bootcamp comme analyste et observatrice, mettant au profit des stagiaires son expertise dans les domaines psychologiques et cognitifs. Lors des divers exercices, elle évaluait les comportements des stagiaires afin de mesurer leur efficacité et de leur rendre compte de domaines personnels de progression.
Les stagiaires sont sortis nourris de cette expérience. Munis de nouvelles clés, ils sont désormais mieux préparés à faire face aux crises futures, qui ne manqueront pas d’advenir. Marion Trousselard assure que « tout le monde a nécessairement gagné en compétences de gestion de crise et de leadership ». Les stagiaires confirment l’analyse de la professionnelle de santé. « Mon objectif est atteint, confie Pierre-Yves Gury, celui de voir de nouvelles méthodes et approches de gestion de crises et de développer mes compétences en leadership et en gestion ».
De retour a Bayonne, Matthieu Coudreuse, a déjà commencé à transmettre à ses équipes les méthodes et outils reçus lors du Bootcamp. Quelques jours après son retour, il a réalisé avec ses équipes un exercice de crash aérien en mer, lui permettant de concrètement mettre en œuvre ce qu’il avait appris. « J’avais tout de suite la mise en pratique de ce que j’avais appris pendant dix jours. J’ai appris à mes équipes certains outils à utiliser, avec la réflexion, le posé de la stratégie et avec la méthodologie apprise ».