Fêtons Waterloo !

14 octobre 2014

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Napoleon Bonaparte til Hest - fra bogen Jacques-Louis David - Empire to Exile, Philippe Bordes Napolen blev f¯dt p Korsika 15. august 1769 Efter at have vÊret f¯rste konsul blev Napoleon Bonaparte i 1804 fransk kejser. I 1796 blev han gift med JosefinÈ Beauharnais. Ca. 1809-1810 giftede han sig igen denne gang med Êrkehertuginde Marie-Louise af Habsburg, der i 1811 f¯dte ham en s¯n, der d¯de i en ung alder.Napoleon Bonaparte tabte et afg¯rende slag ved Leipzig 1813 og blev 1814 i Fontainebleau tvunget til at abdicere. Han blev forvist til Elba. I marts 1815 vendte han tilbage og fors¯gte at reetablere kejserd¯mmet (de 100 dage). Efter slaget ved Waterloo den 18. juni 1815 overgav han sig til den britiske regering der forviste ham til ¯en Sankt Helena. Her levede han til sin d¯d den 15. maj 1821.
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Fêtons Waterloo !

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[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Dans chaque numéro de Conflits, la page « polémiques » ouvre une réflexion sur un sujet controversé. Dans le numéro 3, Pierre Royer réagit à l’enseignement contemporain de l’Histoire, « muée en une discipline fourre-tout dont la vocation est essentiellement « citoyenne » et « morale » et non plus scientifique ou littéraire. » Consultez l’article et réagissez en ligne.[/colored_box]

Si le débat public français ne manque pas de tintamarres conjoncturels ou récurrents, il y a un sujet qui n’a été salué que par un silence assourdissant : celui des commémorations du bicentenaire du Premier Empire, et notamment de ses victoires militaires.

On m’objectera qu’il est puéril et archaïque de mesurer la gloire d’une nation à un empilement de cadavres et d’estropiés et que le patriotisme consiste aujourd’hui à oublier ces ambitions hégémoniques pour se fondre dans l’ensemble européen. Cet argument, très condescendant pour nos voisins qui n’ont pas hésité à marquer le bicentenaire d’une victoire présentée comme le réveil de la nation allemande (Leipzig), oublie qu’on peut commémorer sans « célébrer » et qu’un anniversaire permet de faire œuvre pédagogique. Car il ne faut pas compter sur les programmes scolaires, d’où les conquêtes napoléoniennes ont quasiment disparu, frappées par un devoir d’amnésie, pour que les générations futures puissent un jour expliquer pourquoi des ponts de Paris portent le nom d’Austerlitz ou d’Iéna.

Que cette terre brûlée mémorielle ait été entérinée sous deux présidents censément gaullistes est encore plus consternant. Auraient-ils oublié la phrase des Mémoires de guerre du Général : « La France ne peut être la France sans la grandeur » ? Certes, la grandeur ne passe plus aujourd’hui par la puissance militaire (quoique… ce qui est vrai en Europe n’est pas forcément universel), mais oublier que tel n’était pas le cas auparavant nous expose à ne plus rien comprendre à l’histoire des siècles passés.

La première explication de ce fiasco est que, comme l’a diagnostiqué il y a dix ans Régis Debray, les élites françaises, ou qui se prétendent telles, n’aiment pas la France et, peut-être même, n’aiment pas les Français. Ce divorce justifie une tentative d’acculturation dont l’enseignement est un fer de lance.

De là découle la deuxième explication : les élèves français n’apprennent plus l’histoire, car l’histoire s’est muée en une discipline fourre-tout dont la vocation est essentiellement « citoyenne » et « morale » et non plus scientifique ou littéraire. On répète en histoire l’erreur commise il y a déjà des années en « français » : vouloir intégrer dans l’enseignement commun les « fronts pionniers » de la recherche et des problématiques qui ne peuvent être abordés sans un certain bagage de connaissances.

Il nous reste une chance de nous rattraper : associer la France au bicentenaire de la bataille de Waterloo, en 2015. Voyons : une coalition européenne qui triomphe d’un dictateur aux visées hégémoniques, difficile de résister devant une telle anticipation de la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l’Union européenne ! Comment ? La coalition en question s’appelait la « Sainte Alliance » et allait rétablir en Europe un ordre plutôt conservateur, voire réactionnaire ? Quelle importance, aux yeux du « temps long » de la construction européenne dont l’ADN comportait déjà la résistance à « l’oppression nationaliste » ?

Les lecteurs auront compris l’ironie de ma dernière phrase parce qu’ils sont sensibles au second degré littéraire ; ce n’est plus le cas de l’écrasante majorité de mes élèves.

Photo : Le lion édifié par les Alliés après leur victoire. Morne plaine… Crédit : michel_colin via Flickr (cc)

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À propos de l’auteur
Pierre Royer

Pierre Royer

Agrégé d’histoire et diplômé de Sciences-Po Paris, Pierre Royer, 53 ans, enseigne au lycée Claude Monet et en classes préparatoires privées dans le groupe Ipesup-Prepasup à Paris. Ses centres d’intérêt sont l’histoire des conflits, en particulier au xxe siècle, et la géopolitique des océans. Dernier ouvrage paru : Dicoatlas de la Grande Guerre, Belin, 2013.
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