L’Afrique : l’ultime réserve pétrolière du monde

5 janvier 2021

Temps de lecture : 4 minutes
Photo : Fuite de pétrole au large de l'île Maurice (c) Sipa AP22523015_000021
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

L’Afrique : l’ultime réserve pétrolière du monde

par

L’Afrique est l’ultime réserve pétrolière du monde. En effet, l’auteur montre, à l’aide d’une série de tableaux, de cartes, de schémas, le potentiel pétrolier, gazier et énergétique de l’Afrique. Il serait l’un des plus importants de la Terre, du fait des 30 millions de km2, de la diversité géologique, climatique et géographique du continent africain.

 

Du golfe de Guinée au Sahel en passant par le Sahara, la Corne de l’Afrique, le golfe d’Aden, la mer Rouge, la mer Méditerranée, le delta du Niger, le delta du Nil, le canal de Suez, le détroit de Gibraltar, le Darfour, la région des Grands Lacs, le canal du Mozambique et le Sud de l’Afrique à travers le désert du Kalahari, les régions pétrolières, gazières, uranifères et charbonnières de l’Afrique sont nombreuses et toujours peu explorées, bien que ses ressources minières soient exploitées depuis plus d’un demi-siècle. Cela veut clairement dire que l’Afrique fait partie des continents qui détiennent les réserves d’énergies non renouvelables (pétrole, gaz, uranium, charbon) les plus prometteuses de notre planète.

Il a certes raison, mais devrait être beaucoup plus prudent, notamment pour le charbon, qui est en passe sinon d’être banni des mix énergétiques, d’être au moins fortement réduit. Par contre, au moment où la transition énergétique, qui prône l’utilisation d’énergie propre – c’est-à-dire sans produire de gaz à effet de serre – est encouragée dans tous les pays du monde, l’Afrique se positionne, à juste titre, comme une alternative crédible pour le développement de ces nouvelles formes d’énergie renouvelables. On y retrouve notamment un fort rayonnement solaire, reçu quotidiennement par ses déserts (Sahara et Kalahari) et son Sahel, ainsi que par ses territoires tropicaux localisés au niveau de l’équateur.

Cet ouvrage est l’un des plus développés et documentés qui soit en cette matière (une riche bibliographie couvrant 32 pages !), qui a fait l’objet de tant de livres : très peu ont approfondi à ce point la situation de l’Afrique. Abel Renaud EBA avait tous les atouts pour le faire : ingénieur géologue et géophysicien, il est titulaire d’un DEUG de chimie-biologie-géologie et d’une maîtrise de géologie acquis à l’université Félix Houphouët Boigny d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Il a aussi obtenu un master de géophysique appliquée en France, à l’Institut de Physique du Globe de Paris (IPGP – Paris 7) et à l’université Pierre et Marie Curie (Jussieu – Paris 6). Depuis 2013, il a travaillé successivement pour des grands groupes (Total, JFM Conseils). En février 2018, il a rejoint GTA Energies (Paris) et, depuis décembre 2020, il est le chef du service de détection des réseaux souterrains et de recollement. Déjà auteur de L’Afrique, un continent aux ressources minières exceptionnelles paru en avril 2018 chez L’Harmattan en France, il montre sa profonde connaissance du sujet.

 

A lire aussi : Le Soudan : un retour en Afrique ?

 

Or, déplore t-il à son tour, en dépit de toute sa richesse en matières premières minérales stratégiques et énergétiques, l’Afrique demeure paradoxalement sous-développée et ses populations restent majoritairement pauvres. Ce continent ne parvient pas à atteindre ses objectifs de développement à partir des revenus de l’exploitation de ses matières premières minérales, soit parce qu’elle ne les transforme pas pour redynamiser son secteur industriel, soit à cause de la corruption qui anime ses élites dirigeantes, soit en raison des groupes de pressions internationaux et des multinationales qui s’approprient leurs ressources à des prix insuffisants et aux moyens de conflits et de guerres civiles, ethniques, religieuses ou politiques provoquées ou motivées. En témoignent ses grands retards en infrastructures économiques (routes, structures bancaires), sociales (écoles, universités, centres de santé…) et même en démocratie (guerres, conflits…).

Cependant, depuis cette dernière décennie, le monde connaît de grands bouleversements et d’impressionnantes transitions (démocratiques géopolitique, démographique, numérique, économique, et environnementale) qui font que le monde d’hier n’est plus celui d’aujourd’hui. Heureusement, ces changements emportent également l’Afrique dans leur course, à un tel point que les mentalités des populations africaines s’éveillent et sont de plus en plus exigeantes envers leurs élites auxquelles elles demandent plus de transparence dans la gestion des deniers publics, et plus d’actions économiques et sociales en leur faveur. Ainsi, grâce à cette prise de conscience, l’Afrique se repositionne sûrement sur la voie du développement et devient une pièce centrale du monde de demain, notamment sur le plan énergétique, en comptant non seulement sur ses importantes ressources naturelles, mais surtout sur la force de ses ressources humaines qu’elle a longtemps relégué au second plan. Cela veut simplement dire que la richesse d’un pays ne dépend pas que des ressources naturelles, mais aussi et surtout de la consistance et l’importance de ses ressources humaines, c’est-à-dire de la valeur ajoutée de ses cadres compétents et intègres dans leurs fonctions. Aussi, si l’Afrique veut profiter de son potentiel minier et pétrolier exceptionnel, il faut que ses élites dirigeantes soient immunisées contre toutes les velléités de corruption et de compromission pour ne servir que les intérêts des populations et le développement des pays qu’ils administrent. Celui-ci devra se faire en appliquant les règles de bonne gouvernance en matière de gestion des rentes financières issues de l’exploitation des matières premières minérales.

L’Afrique a toutes les chances de réussir sa transformation. L’auteur en voit la preuve par le fait que la région subsaharienne sort progressivement de la pauvreté et du sous-développement. À la tête de ces pays se trouve le Ghana qui est le pays qui a eu la plus forte croissance économique au monde en 2018. Il doit sa croissance économique fulgurante à sa production pétrolière qui a fait un bond ces dernières années. Cet exploit économique venant d’un pays subsaharien est, selon les données des institutions financières internationales, un signal fort pour tous les investisseurs et les opérateurs économiques du monde qui se tournent vers l’Afrique. L’Éthiopie avec ses zones touristiques flamboyantes, la Côte d’Ivoire qui représente 40% du produit intérieur brut de la zone ouest-africaine francophone, Djibouti avec ses importantes bases militaires étrangères sur la route du pétrole et le Sénégal avec ses récentes découvertes de gisements de pétrole et de gaz, sont aussi l’une des marques de l’essor visible de l’Afrique subsaharienne.

 

À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.
La Lettre Conflits
3 fois par semaine

La newsletter de Conflits

Voir aussi

Pin It on Pinterest