Depuis 2022, les importations de pétrole russe en Inde ont très fortement augmenté. Pour répondre aux besoins intérieurs mais aussi pour vendre ce pétrole aux pays européens. L’Inde est devenue la plateforme de transit pour contourner les sanctions internationales
L’augmentation spectaculaire des importations russes
Depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, l’Inde a considérablement accru ses achats de pétrole russe. Ce pays est ainsi devenu le principal fournisseur, passant d’à peine 1,7 % de ses importations en 2020 à 35,1 % en 2025.
Selon l’Agence américaine de l’Énergie (EIA), la part russe a atteint 39 % des importations en 2023, soit près de 1,8 million barils par jour, contre moins de 100 000 barils par jour en 2021.
Au total, l’Inde a acheté 88 millions de tonnes de pétrole russe sur l’ensemble de l’année fiscale 2025, sur un volume global de 245 millions de tonnes importées. Ces achats représentent plus de 20 % des exportations de pétrole de la Russie durant la période de guerre.
Conséquences financières et géopolitiques
Les économies réalisées sur ces importations à prix réduit varient selon les estimations : selon CLSA, elles s’élèveraient à environ 2,5 milliards de dollars annuels, bien en-deçà des 10 à 25 milliards évoqués par d’autres sources. Si l’Inde devait cesser d’importer ce pétrole, la facture énergétique pourrait augmenter de 9 à 12 milliards de dollars dès 2026 et davantage l’année suivante.
En réaction, les États-Unis de Donald Trump ont imposé des tarifs punitifs allant jusqu’à 50 % sur les exportations indiennes, ciblant particulièrement la poursuite des achats russes. Pourtant, l’Inde affiche une résistance ferme, affirmant que ces liens énergétiques sont guidés par le pragmatisme commercial, non la politique, et qu’elle ne cèdera pas face à des pressions étrangères.
Diversification des sources : un tournant récent
Face aux tensions, l’Inde a commencé à diversifier ses approvisionnements.
En août 2025, les raffineries ont massivement augmenté leurs importations de pétrole américain, profitant d’un prix plus compétitif et d’une fenêtre d’arbitrage favorable. Trois grandes entreprises indiennes (Indian Oil Corp, Bharat Petroleum et Reliance) ont acquis plusieurs millions de barils de WTI pour livraison en fin d’année. En parallèle, la part du Moyen-Orient demeure encore significative (environ 16–18 % selon les estimations récentes).