Saumur : le campus de l’armée de Terre

25 mai 2025

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Photo : Saumur

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Saumur : le campus de l’armée de Terre

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Si Saumur est connu pour son Cadre Noir et son école de cavalerie, la ville regroupe aujourd’hui quatre écoles essentielles de l’armée de Terre, en faisant un campus majeur pour la formation des officiers et des sous-officiers.

De son château qui se dégage à l’horizon, Saumur affiche son histoire militaire. La cavalerie y règne en maître, avec son célèbre Cadre Noir, qui n’a aujourd’hui plus de lien avec l’armée, son musée des blindés et ses bâtiments qui marquent dans l’emprise du territoire le lien de la ville avec les régiments.

Dans ce cadre historique sont aujourd’hui regroupées les écoles militaires de Saumur (EMS), quatre écoles qui jouent un rôle majeur dans la formation des officiers et des sous-officiers.

Organisation des EMS

La plus emblématique est l’école de cavalerie. Fondée en 1825 dans les bâtiments construits en 1763 pour les carabiniers de « Monsieur », elle était chargée de former les troupes à cheval des armées françaises. C’est aujourd’hui l’organisme de formation des cadres de la cavalerie blindée de l’armée de Terre. Les capitaines, lieutenants et sous-officiers de l’arme sont ainsi formés à l’emploi des chars et engins blindés à travers des cours magistraux, l’entrainement sur simulateurs technico-tactiques et de commandement poursuivi avec les moyens de substitutions en dotation à l’école. L’outil pédagogique le plus immersif est le simulateur d’entrainement du char LECLERC qui posé sur des vérins permet de reproduire les conditions quasi réelles de terrain, météorologiques et de stress soumettant les stagiaires aux contraintes du combat embarqué dans les ambiances nocturnes comme diurnes. La formation est ensuite appliquée sur le terrain avec les engins de combat et l’armement de la cavalerie sanctionnée par la réussite aux tirs réels avec toutes les armes de bord. Le but de l’école est de former des cadres aptes d’emblée à la mise en condition opérationnelle et maîtrisant les matériels les plus modernes.

Installée à Saumur en 2012, initialement située à Compiègne, l’école d’état-major (EEM) est chargée de la formation des officiers aux méthodes de conduite d’opérations au sein des états-majors. Elle délivre de nombreux brevets permettant aux officiers et sous-officiers stagiaires de valider leur progression.

Là aussi, l’usage de simulateurs de combats assure une formation au plus près des réalités de terrain. Grâce à des outils informatiques qui peuvent produire des cartes et des plans, les officiers peuvent se placer en conditions réelles d’opération au sein d’un état-major de brigade. Dans une pièce de contrôle des opérations, les instructeurs dirigent l’opération de niveau division (avec trois brigades) tout en générant des imprévus et des brouillards tactiques auxquels les officiers doivent s’adapter.

Que ce soit pour l’école de cavalerie ou l’école d’état-major, les outils techniques modernes sont mis au service d’une conduite de la guerre et des opérations militaires, dont la nature a changé depuis le 24 février 2022.

Deux autres écoles sont présentes à Saumur : l’École du renseignement de l’armée de Terre (ERAT) et le Centre interarmées de défense nucléaire, radiologique, biologique et chimique (CIANRBC).

Exercice de décontamination

Comme pour les précédentes, ces deux écoles ont pour finalité la formation du personnel de l’armée de Terre, que celui-ci serve dans ou hors du périmètre de cette armée.

Créée en 2001, l’ERAT assure la formation au renseignement du niveau tactique, celui qui est nécessaire pour éclairer la situation du champ de bataille, laquelle est de plus en plus complexe. Elle forme aux méthodes et aux techniques élémentaires de recueil de l’information, ainsi qu’à l’exploitation et à l’analyse du renseignement. La pédagogie de l’ERAT se distingue par ses mises en situation hyperréalistes, destinées à caractériser les modes d’action des principaux compétiteurs de la France.

Le CIA NRBC est quant à lui un organisme interarmées implanté à Saumur en 2009.

Il conduit des travaux doctrinaux et contribue à la formation et à la préparation opérationnelle en matière de défense nucléaire, radiologique, biologique et chimique.

Entrainement à Djibouti

Généralement associés aux armes de destruction massive, les dangers NRBC sont indissociables des opérations militaires et nécessitent une prise en compte permanente afin d’en réduire les effets sur les forces.

Un vaste centre de formation

Chaque année, les EMS accueillent près de 4 000 stagiaires, encadrés par des d’instructeurs. Elles participent à la modernisation et à la mise à jour de l’outil militaires, dans sa composante humaine, au retour d’expérience des champs d’opération, à l’intégration des nouvelles techniques. Elles sont un outil indispensable pour maintenir une capacité de projection et de déploiement et pour assurer la mise au niveau constante des personnels de l’armée de Terre.

Un Panhard VBL à Djibouti

Pour le grand public, Saumur c’est aussi le musée des blindés, qui dispose de pièces uniques au monde et d’une rétrospective historique sur l’emploi des blindés depuis plus d’un siècle, ainsi que le musée de la cavalerie. Chaque année se tient en juillet le Carrousel, série de démonstrations et de spectacles qui réunit le territoire de Saumur autour des traditions militaires.

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