Un théâtre de poche pour Gargantua

29 septembre 2024

Temps de lecture : 2 minutes
Photo : Gargantua (c) Alejandro Guerrero
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Un théâtre de poche pour Gargantua

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Le Théâtre de Poche propose une entrée dans l’œuvre de François Rabelais avec l’adaptation de Gargantua par Pierre-Olivier Mornas. Une heure pour découvrir la langue, la maîtrise des mots, mais aussi la profondeur philosophique de l’œuvre de Rabelais.

Très souvent cité, plus rarement lu, tel est le sort de Rabelais et de Gargantua. On aime sa truculence, ses jeux de mots, son vin et ses mets qui coulent et ses repas, nécessairement pantagruélique, mais, finalement, Gargantua est peu lu. La faute, peut-être, à une langue devenue compliquée aujourd’hui. Mais plus certainement à des sens de l’œuvre qui nous échappent. Pourtant, Rabelais nous prévient dès son prologue : il faut savoir ronger l’os afin d’atteindre la « substantifique moelle ». Et donc ne pas rester à la surface de l’œuvre et son épisode du « torche-cul duveteux ». Rabelais manie le latin et le grec, parle en médecin et en homme de la Renaissance, propose une nouvelle lecture des philosophes et de la Bible. Et son abbaye de Thélème, fondée par frère Jean des Entommeures, où la seule règle est « Fais ce que voudra », loin d’être un lieu de licence et d’anarchie, est une image de la Jérusalem céleste et une application de la philosophie de saint Augustin.

Gargantua ou de l’éducation

Ce texte compliqué et à plusieurs niveaux de lecture, Pierre-Olivier Mornas le saisit à bras-le-corps pour en proposer une interprétation vivante dans un théâtre de poche intimiste. Porté par un jeu de musique et de lumière qui dressent les personnages et permet de passer d’un tableau à l’autre, l’acteur offre une interprétation qui est une découverte du célèbre ouvrage. Sa mise en scène est axée sur l’éducation, car c’est bien d’éducation dont ce livre parle. Celle de Gargantua d’abord et celle du passage d’une scolastique devenue sclérosée à un humanisme qui s’éveille. L’histoire est celle de l’apprentissage du jeune Gargantua qui monte à Paris et qui devient chef de guerre à la suite de la guerre picrocholine. Ses armées vainqueurs, Gargantua fait, à la surprise de tous, un discours aux vaincus, non aux vainqueurs ; discours dans lequel il parle de pardon, d’entente et de réconciliation. Dans un XVIe siècle terrassé par les guerres, ce discours de Gargantua est aussi une nouvelle forme d’éducation, celle de la paix et de l’entente.

Lire Gargantua s’est se plonger dans la géographie, dans l’action politique, dans les lieux et les cartes et en cela Rabelais troque ses habits de médecin pour ceux de géographes et de cartographe, d’autres passions de la Renaissance. Grâce à Pierre-Olivier Mornas et au Théâtre de Poche il est ainsi possible de redécouvrir Rabelais pour se replonger dans son œuvre.

Gargantua, de François Rabelais. Mise en scène Anne Bourgeois. Adapté et interprété par Pierre-Olivier Mornas.

Du mardi au samedi 19h – Dimanche 15h

Du 30 août au 10 novembre

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À propos de l’auteur
Mathilde Legris

Mathilde Legris

Journaliste. Terroirs, histoires, voyages.
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