Le 26 mars 2025, Donald Trump a annoncé l’instauration d’un droit de douane supplémentaire de 25 % sur les importations d’automobiles aux États-Unis. Cette décision vise selon le président américain à relocaliser la production industrielle et à protéger les usines automobiles du pays. Elle s’inscrit dans une politique commerciale plus large de taxation massive des importations.
Une taxe visant les principaux partenaires commerciaux
La mesure touche en premier lieu les pays figurant parmi les plus gros exportateurs de véhicules motorisés vers les États-Unis. En 2024, le Mexique était le principal fournisseur de voitures sur le marché américain, avec 95,2 milliards de dollars d’importations. Il devançait le Japon (40,4 milliards), la Corée du Sud (36,7 milliards), le Canada (28,4 milliards) et l’Allemagne (25,6 milliards). Tous sont donc directement visés par la taxe. D’autres pays européens comme le Royaume-Uni, la Slovaquie, la Suède et l’Italie, ainsi que la Chine, font également partie de la liste des principaux exportateurs.
Selon les données du département américain du Commerce, les importations totales de véhicules motorisés en 2024 représentaient plusieurs centaines de milliards de dollars. L’application d’une surtaxe uniforme de 25 % pourrait avoir des effets considérables sur le marché automobile, les chaînes logistiques et les prix à la consommation aux États-Unis.
Réactions internationales et contre-mesures
L’annonce a provoqué des réactions immédiates dans plusieurs capitales. Au Canada, le gouvernement a annoncé des contre-mesures, qui incluent des droits de douane de 25 % sur les véhicules entièrement assemblés non conformes à l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM), et des droits de 25 % sur le contenu non canadien et non mexicain des véhicules conformes à l’ACEUM. Selon le ministère des Finances canadien, les importations de véhicules américains représentaient 35,6 milliards de dollars en 2024. François-Philippe Champagne, ministre des Finances, a fermement énoncé sa position : « Le Canada continue de répondre avec force à tous les droits de douane injustifiés et déraisonnables imposés par les États-Unis sur les produits canadiens. Le gouvernement est fermement résolu à faire éliminer ces droits de douane américains dès que possible et à protéger les travailleurs, les entreprises, l’économie et l’industrie du Canada. »
En Corée du Sud, le gouvernement a annoncé préparer des mesures d’urgence pour limiter l’impact de cette décision américaine. Le ministre de l’Industrie, Ahn Duk-geun, a déclaré à l’issue d’une réunion d’urgence avec les constructeurs locaux, dont Hyundai Motor et Kia Motor : « Environ 50 % des exportations automobiles de la Corée du Sud sont destinées aux États-Unis. Notre gouvernement prévoit d’annoncer des mesures pour l’industrie automobile d’ici la fin du mois d’avril. »
Au Japon, Toyota et Honda ont exprimé leur préoccupation pour leurs capacités de production et de vente sur le territoire américain, alors qu’une grande partie de leurs modèles sont assemblés localement ou au Mexique. De nombreuses voitures exportées vers les États-Unis sont en réalité produites dans des usines nord-américaines intégrées dans des chaînes de valeur globalisées. Le risque est donc que cette taxe affecte aussi indirectement des investissements étrangers sur le sol américain et dissuade de futurs projets industriels dans la région.
Un pari risqué pour l’économie américaine
L’initiative pourrait séduire une partie de l’électorat ouvrier industriel du Midwest, mais elle comporte aussi des risques économiques importants. Selon une étude du Peterson Institute for International Economics, une telle surtaxe pourrait provoquer une hausse des prix des véhicules neufs de 5 à 10 % aux États-Unis, ralentissant la demande et fragilisant certains concessionnaires. Des milliers d’emplois pourraient être menacés dans le secteur de la distribution et de la maintenance automobile.
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