Cléopâtre dans l’imaginaire américain de l’esclavage à la Reconstruction

29 avril 2025

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Cléopâtre dans l’imaginaire américain de l’esclavage à la Reconstruction

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À l’heure où l’institut du monde arabe s’apprête à lever le voile sur son exposition Le mystère Cléopâtre (juin 2025), une autre Cléopâtre, enfouie sous les sables de l’histoire américaine, mérite d’être redécouverte. Car dans les États-Unis du XIXe siècle, au cœur de la guerre civile et des luttes pour l’émancipation, la figure de la reine d’Égypte fut investie d’une portée profondément politique et raciale.

Alors que le débat sur l’esclavage embrase la nation, l’illustrated Magazine of Art de 1854 interroge en 1854 la couleur de peau des anciens Égyptiens : « De nombreuses controverses ont eu lieu parmi les hommes de science quant aux caractères physiques des anciens Égyptiens. […] Volney soutient qu’il s’agissait de nègres et fonde son opinion sur des passages des œuvres d’Hérodote… »[1]. Dans ses Voyages, Constantin-François de Chasseboeuf, comte de Volney, ose un geste audacieux : regarder le Sphinx en face et affirmer que les fondateurs de la civilisation furent africains. Sa phrase, célèbre et longtemps reprise, fait alors scandale : « Penser que cette race d’hommes noirs, aujourd’hui notre esclave et l’objet de nos mépris, est celle-là même à qui nous devons nos arts, nos sciences et jusqu’à l’usage de la parole ». À travers les écrits d’Hérodote, que l’on surnomme le père de l’Histoire, Volney tente de rappeler à l’Europe et à l’Amérique l’héritage africain de l’Égypte ancienne. Et dans une dénonciation prophétique de l’esclavagisme atlantique, se tournant vers la jeune nation américaine, il écrit encore : « Et quand nous nous rappelons que, parmi ces nations qui se disent amies de la liberté et de l’humanité, l’esclavage le plus barbare est justifié, et qu’on se demande même si l’intelligence des nègres est de la même espèce que celle des Blancs ! »[2]. C’est dans ce contexte brûlant, où l’Égypte antique devient terrain de lutte idéologique, que Cléopâtre (69-30 av. J.-C), symbole d’un Orient raffiné et féminin, se métamorphose dans l’imaginaire sudiste. Reine sensuelle, autoritaire, et parfois « blanchie », elle incarne une plantation rêvée, une souveraineté aristocratique et racialement ordonnée que le Sud entend préserver à tout prix.

Cléopâtre et les débuts de l’égyptomanie américaine

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, une vague d’égyptomanie déferle sur l’Europe et le Nouveau Monde. Cette fascination renouvelée pour l’Égypte ancienne naît dans le sillage des campagnes napoléoniennes (1798–1801), de la diffusion des récits de voyage de Volney[3] (1787) et de Vivant Denon[4] (1802), ainsi que de l’importation d’artefacts égyptiens. Elle s’amplifie avec la publication de la monumentale Description de l’Égypte (1809–1828), qui vient considérablement enrichir les connaissances occidentales sur la civilisation pharaonique. Ce phénomène ne se limite pas à l’érudition : il touche aussi les sphères de l’architecture — avec ce que l’on nommera le « renouveau égyptien » —, mais aussi la mode et la publicité, qui s’approprient les codes visuels de l’Antiquité égyptienne[5]. Dans cette effervescence, l’antique Cléopâtre revient sur le devant de la scène. Dernière représentante de la dynastie lagide, elle n’est pas une inconnue : son image a été façonnée par la propagande romaine, notamment à travers les récits de Plutarque dans Vie d’Antoine[6], le portrait moralisateur de Boccace (De Claris Mulieribus, 1362), ou encore la tragédie de Shakespeare (Antoine et Cléopâtre, 1606–1608). Aux États-Unis, dès les années 1840, la reine d’Égypte devient le sujet d’un nombre croissant de biographies, parmi lesquelles celle de Jacob Abbott (L’histoire de Cléopâtre, 1851), mais aussi plusieurs œuvres écrites par des femmes, telles qu’Anna Brownell Jameson (1842), Sarah Josepha Hale (1853), Mary Cowden Clarke (1857) ou Lydia Hoyt Farmer (1887). La figure de Cléopâtre hante également l’imaginaire américain à travers les poèmes de l’époque — souvent centrés sur sa relation avec Marc-Antoine ou sur sa mort tragique — ainsi que dans les peintures, gravures et sculptures qui participent à sa célébrité. À lire aussi : Crise éthique : l’exploitation des momies au service de l’industrialisation américaine Pour autant, Cléopâtre, cette Américaine du XIXe siècle, surgit dans une jeune nation fracturée, en proie à ses propres déchirements. Elle devient alors bien plus qu’une figure antique, mais un fantasme collectif, un réceptacle des tensions profondes qui traversent l’Amérique – celles de la question noire, de l’esclavage et des hiérarchies raciales. Comme le souligne Mary Cowden Clarke en 1857, dans une biographie qui scelle ce glissement symbolique : « Elle est née princesse, a régné reine, a conquis un empereur, a fait plier un héros et a vaincu un conquérant […] Nous pensons à elle comme à la reine des esclavagistes, plus que comme à la reine d’Égypte. Elle s’impose à la fantaisie par sa puissance de séduction »[7]. Désormais, Cléopâtre n’est plus simplement un personnage historique. Elle est devenue un miroir idéologique— et dans le Sud esclavagiste, ce miroir se couvre de de colonnes égyptiennes, de voiles soyeux et de l’ombre portée des plantations de coton.

L’aryenne blanche du Sud

L’American egyptomania s’inscrit dans des débats de société profonds, révélant une jeune nation déchirée par la question raciale. L’Égypte, perçue comme berceau des civilisations, pose un problème majeur dans un pays où l’Africain réduit en esclavage est considéré comme primitif, proche du singe, et inapte à toute élévation intellectuelle[8]. Ainsi, dès le début du XIXe siècle, la fascination pour l’Égypte antique acquiert une portée politique et idéologique. Sous prétexte d’établir la couleur de peau des anciens Égyptiens, les partisans de l’esclavage s’emparent du sujet pour affirmer la supériorité blanche, tandis que leurs adversaires y voient un moyen de renverser les théories raciales dominantes. L’enjeu est tel qu’un article publié en 1846 dans le Richmond Enquirer par un certain W.B. en résume l’enjeu avec lucidité : « Si l’on parvenait à montrer que les anciens Égyptiens étaient des nègres, la race caucasienne devrait se taire pour toujours au sujet de l’infériorité de la race noire. En effet, les Noirs seraient reconnus comme nos prédécesseurs, et nous leurs débiteurs pour ce dont sont nous jouissons »[9]. Pour empêcher une telle remise en question de l’ordre racial, des figures de proue du polygénisme américain[10] – Samuel George Morton, George R. Gliddon, Josiah C. Nott et Louis Agassiz – s’efforcent de prouver, à travers l’égyptologie, la craniométrie et la lecture biblique, que les anciens Égyptiens appartenaient à la « race caucasienne » et que les races humaines sont distinctes depuis l’origine. En 1844, dans deux conférences données sur l’histoire naturelle des races, Josiah Clark Nott fixe déjà le cap idéologique de Types of Mankind (1854), l’ouvrage qui deviendra une référence majeure du racisme scientifique : « Je dois montrer que les races caucasiennes, ou blanches, et noires étaient distinctes à une date très reculée, et que les Égyptiens étaient des Caucasiens. Si ce point n’est pas établi, le concours doit être abandonné »[11]. Dans ce contexte, Cléopâtre devient à son tour un objet de débat racialisé. Sa couleur de peau est au cœur des polémiques, illustrant combien son image est tiraillée entre science, fantasme et politique. Dans un tract pro-esclavagiste, un suprémaciste blanc signé « M.S. » rejette catégoriquement toute idée d’une Cléopâtre noire : « Cléopâtre était-elle une négresse ? Impossible ! La reine d’Égypte, raffinée, délicate, belle et fascinante, était-elle noire ? […] C’est impossible ! » [12]. Un autre auteur, nourri par une nostalgie sudiste empreinte de racisme, insiste avec aplomb sur son identité blanche :  « Cléopâtre était comme vous le savez, une Grecque de sang. Bien que reine d’Égypte, elle n’était pas de race égyptienne […] Elle devait elle-même, physiquement, posséder toutes les caractéristiques de l’Aryen – au moins une peau blanche et, peut-être, des yeux bleus et des cheveux d’or »[13]. Même Jacob Abbott, dans sa biographie L’Histoire de Cléopâtre (1851) participe à cette emprise de blanchiment symbolique :  « Cléopâtre était égyptienne par sa naissance, grecque par son ascendance et sa descendance […] C’est le sang de Macédoine qui a coulé dans ses veines »[14]. Dans le même esprit, le révérend sudiste William H. Campbell, signant sous le pseudonyme « Caucasien », s’emploie à rejeter toute hypothèse de noirceur chez les Égyptiens, dans un ton à la fois méprisant et vindicatif : « seuls les analphabètes s’imaginent que les peuples d’Afrique du Nord étaient des nègres (…) Les Égyptiens, les Carthaginois et les Maures étaient des nations puissantes et civilisées, qui ont exterminé ou réduit en esclavage les populations nègres de leurs territoires respectifs. Ils étaient tous caucasiens ; et supposer qu’Hannibal, Cléopâtre, Saladin, Saint Augustin, Cyprien, Tertullien et d’autres personnes de renom étaient des nègres parce qu’ils étaient nés en Afrique est aussi absurde que de supposer que les descendants des Européens modernes installés en Amérique sont des Indiens »[15]. Face à cette entreprise de blanchiment historique, les intellectuels afro-américains opposent une contre-narration puissante : ils revendiquent l’africanité de l’Égypte et, avec elle, la figure de Cléopâtre comme symbole de grandeur noire et d’émancipation.

Une reine africaine

Le 27 juin 1850, The North Star, le journal abolitionniste fondé par Frederick Douglass (1818–1895), publie un article au titre provocateur : « Les Thébains étaient-ils des nègres ? ». Il revient sur le démaillotage public d’une momie réalisé à Boston par l’égyptologue George Robin Gliddon. L’événement, qui devait conforter les thèses raciales sur l’origine caucasienne des anciens Égyptiens, tourne au ridicule et décrédibilise le savant. Douglass s’en amuse avec ironie, dénonçant les tentatives pseudoscientifiques de blanchiment de l’Égypte ancienne : « Les savants médecins nous assurèrent donc que les Thébains n’étaient pas des Africains, mais une race plus noble, et qu’ils n’avaient aucune des particularités des nègres […] Eh bien, la pauvre vieille momie fut finalement dépouillée de ses langes et éventrée, et elle n’apporta pas d’autre preuve que le fait qu’il s’agissait d’un véritable ‘nègre’ après tout »[16]. Dès 1830, l’Égypte devient pour les Afro-Américains une terre d’origine ancestrale, pour les descendants d’esclaves, une matrice civilisationnelle noire à opposer à la déshumanisation esclavagiste. Revendiquer l’Égypte, c’est revendiquer une place dans l’Histoire. En réaffirmant un passé glorieux, les intellectuels noirs s’attaquent aux fondements de l’ordre racial dominant. Dans ses discours comme dans The Claims of the Negro (1854), Douglass insiste : « Le fait que les Égyptiens aient été l’un des premiers peuples à connaître l’apprentissage et la civilisation est bien établi. […] Mais l’Égypte se trouve en Afrique. […] Une autre circonstance malheureuse est que les anciens Égyptiens n’étaient pas blancs, mais avaient sans aucun doute un teint presque aussi foncé que beaucoup de personnes de ce pays considérées comme de véritables Noirs. »[17]. À lire aussi : Les fibres de lin, de l’Égypte antique aux matériaux composites biobasés À cette revendication répondent d’autres voix afro-américaines. En 1859, le pasteur James Theodores Holly se moque des efforts des scientifiques blancs « Qu’ils prouvent, s’ils le peuvent, à la pleine satisfaction de leurs âmes étroites et de leurs cœurs gangrenés, que les Égyptiens au visage noir, aux cheveux laineux, aux lèvres épaisses et au nez aplati de l’Antiquité n’appartenaient pas à la même branche de la famille humaine que les nègres, victime de la traite des esclaves africains depuis quatre siècles »[18]. De même, le révérend Owen T.B. Nickens célèbre l’Égypte comme foyer civilisationnel des « fils de l’Éthiopie » : « La terre de vos pères est le lieu de naissance et le berceau des arts et des sciences […]. C’est sur ce continent obscur que s’est allumée la lumière qui a si manifestement brillé en Grèce et à Rome […] Les noms d’Hamilcar, d’Hannibal et de Cléopâtre, la reine d’Égypte, resteront à jamais gravés dans les pages de l’histoire[19]. » Cléopâtre, dès lors, n’est plus seulement une figure antique, mais un symbole de fierté raciale. L’écrivain Edward Everett Hale, en 1861, écrit à propos de la sculpture Cleopatra de William Wetmore Story dans son ouvrage Ninety Days’Worth of Europe : “Ce n’est pas une jolie beauté grecque qui a fait tant de ravages chez des hommes comme ceux-là […] Et vous rappelez-vous que c’est une Africaine ? Vous avez devant vous, mon cher ami, une reine africaine »[20].

Le sang noir royal dans le regard américain

Le 28 juin 1860, un critique anonyme du Dwight’s Journal of Music s’arrête sur la sculpture de Cléopâtre par William Wetmore Story, exposée à Londres deux ans plus tard : « Elle n’est pas grecque, vous le voyez d’un seul coup d’œil d’œil à l’arche audacieuse sur laquelle frémissent des narines qui respirent la vengeance… Elle n’est pas romaine non plus »[21]. Dans une Amérique fracturée par la guerre civile et le débat racial, Story sculpte une Cléopâtre volontairement africaine : assise, pensive, marquée par des traits nubiens. Réalisée entre 1858 et 1860, cette œuvre rompt avec les canons classiques pour devenir un manifeste visuel, une Cléopâtre enracinée dans l’Afrique et affranchie des fantasmes européens. Popularisé par l’écrivain Nathaniel Hawthorne dans The Marble Faun (1860) dans laquelle il la décrit ainsi « le sculpteur n’avait pas hésité à donner les lèvres pleines de la Nubie et d’autres caractéristiques de la physionomie égyptienne »[22]. Ce choix radical divise. Le critique James Jackson Jarves (1818-1888) salue l’audace morale et esthétique : « C’est d’une idée généreuse, issue de l’esprit de l’époque- l’élévation des races opprimées vers l’égalité des chances dans la vie avec les plus favorisées- que d’accorder à l’une des filles de l’Afrique la possibilité d’avoir les pouvoirs intellectuels et les attraits physiques d’une sirène grecque » [23] . D’autres rejettent violemment cette représentation. En 1882, The New-York Times évoque un « sang noir » [24], symbolisé par la statue, et le critique Lord John s’interroge : « je me suis souvent demandé pourquoi un homme aussi érudit et classique que Story avait donné à sa reine, dans sa célèbre statue, des lèvres aussi épaisses et des traits aussi africains […] Il n’y avait rien d’Africain en elle »[25]. Story, abolitionniste convaincu, réponds à ses détracteurs dans une série de lettres entre 1862 et 1863 : « Vous laissez entendre, que même dans ma sculpture, je me trompe en imaginant Cléopâtre comme une Égyptienne… Vous auriez pu, si vous ne vous étiez pas mis en tête que j’étais un ignorant, supposer que j’avais des raisons de croire que Cléopâtre était égyptienne avant d’entreprendre de la rendre telle »[26]. Exposée à Londres, Cleopatra suscite admiration et rejet. En raison de sa portée politique, le gouvernement américain refuse de financer son transport. C’est finalement le gouvernement papal qui en assure l’accueil à l’Exposition, aux côtés de la Sybille libyenne. En définitive, la Cléopâtre de Story devient un miroir tendu à l’Amérique, reflétant ses tensions raciales, ses peurs, mais aussi ses possibles. Assise sur son trône, à la veille de son suicide, elle incarne les esclaves africains à l’aube de la guerre de Sécession. Comme le formule l’abolitionniste Harriet Beecher Stowe (1811-1896) : « Nous espérons voir le jour où des copies de la Cléopâtre et de la Sibylle libyenne orneront le Capitole à Washington ». À cette Cléopâtre réhabilitée par les voix afro-américaines s’oppose une autre image, plus insidieuse : celle d’une femme dominée par ses pulsions. Dans les discours médicaux du XIXe siècle, sa sexualité devient pathologique, ramenée à la nymphomanie, nouveau moyen de discréditer son pouvoir.

Cléopâtre : la nymphomane

Au XVIIIe siècle, le célèbre naturaliste suédois Carl von Linné (1707–1778) publie son Systema Naturae (1758), dans lequel il établit une classification de l’espèce humaine qu’il divise en plusieurs variétés appelées « races ». L’Homo europaeus, « blanc, sanguin, musclé, ingénieux, gouverné par des lois », s’oppose à l’Homo afer, ou africain, défini comme « noir, flegmatique, relâché, les femmes sans pudeur, aux seins allaitants à profusion ». Cette vision hiérarchisée des races humaines, marquée par un profond mépris des femmes africaines, ouvre la voie à des siècles de racialisation des corps féminins, perçus comme hypersexués, instinctifs, et menaçants. Dans l’Amérique du XIXe siècle, cette obsession du contrôle des corps féminins trouve un terrain d’expression privilégié dans la figure de Cléopâtre. Elle devient un symbole de toutes les transgressions, au croisement du genre, de la race et de la sexualité. L’écrivaine américaine Julia Maria Wiggin King Norris résume cette ambivalence dans un article de 1858 pour le Cosmopolitan Art Journal, où elle décrit Cléopâtre comme une femme « sagace en toutes choses, sauf dans le manque de contrôle de sa passion voluptueuse » [27]. Ce prétendu « manque de contrôle » est alors interprété comme une pathologie, justifiant à la fois sa chute et son suicide. Dans un contexte marqué par le développement des discours médicaux sur l’hystérie et la nymphomanie, l’hypersexualité devient un stigmate majeur. La figure de Cléopâtre, réactivée par les fantasmes du XIXe siècle, participe à cette entreprise de médicalisation du désir féminin. L’écrivaine Mary E. Wilkins note ainsi en 1890 : « Parfois je pense que je suis un monstre, et le pire, c’est que j’y prends certainement plaisir » s’exprime l’écrivaine Mary E. Wilkins en 1890[28]. À lire aussi : L’Égypte des négrophobes éclairés d’Amérique : la réinterprétation sudiste de l’Antiquité au service de l’idéologie esclavagiste Les théories médicales de l’époque, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, posent la sexualité féminine comme une menace pour l’ordre moral. Le désir devient un désordre. Le gynécologue américain G.W. Simpson écrit en 1875 : « La tendance naturelle de la nymphomanie est la folie est la mort (…) Si une femme a une fois sa nature tournée dans une telle direction, ses étreintes sont sans fin, et il est impossible de satisfaire ses désirs »[29]. Cléopâtre, perçue comme une reine trop puissante, trop séduisante, devient le prototype de la femme déviante : non plus une souveraine politique, mais un corps à dompter. Cette lecture pathologisante s’appuie sur l’héritage romain qui l’avait déjà figée en séductrice dangereuse. En 1864, William Wetmore Story la dépeignait dans un poème aux accents érotiques lorsqu’il évoque la reine s’adressant à Marc-Antoine : « Prends-moi avec triomphe et puissance, comme un guerrier à l’assaut d’une forteresse »[30]. Au XIXe siècle, elle est réduite à un mythe médical, à la fois femme fatale et malade incurable, incarnation d’une sexualité déchaînée qui mène à la destruction. Son suicide est lu non comme un choix tragique ou stratégique, mais comme la fin logique d’une vie gouvernée par la pulsion. Jacob Abbott écrivait ainsi au début de sa biographie de la reine « Dans son histoire étrange et romantique, nous voyons cette passion dépeinte avec la fidélité la plus complète et la plus graphique dans toutes ses influences et ses effets, ses impulsions incontrôlables, ses joies enivrantes, sa carrière insouciante et folle, et les terribles remords et le désespoir et la ruine ultimes dans lesquels elle se termine toujours et inévitablement »[31]. Cette relecture participe d’une volonté plus large de neutralisation symbolique. Cléopâtre devient l’archétype d’une sexualité racialement et socialement menaçante, tantôt assimilée à la prostituée blanche — figure trouble capable de se fondre dans la société bourgeoise — tantôt à la femme noire hypersexualisée, corps exotique et supposément incontrôlable. Deux figures distinctes, mais que le discours scientifique de l’époque confond dans une même anxiété raciale : celle du « corps noir », qu’il soit véritablement noir ou « dégénéré ». Le concept de « nègre blanc » résume cette crainte diffuse d’une contamination morale et sexuelle[32]. Face à cela, plusieurs penseurs afro-américains s’efforcent de reconstruire une autre image de Cléopâtre, affranchie des stéréotypes sexuels imposés par l’imaginaire blanc. Henry Highland Garnet, en 1848, évoque la reine avec retenue « Je ferai à peine allusion à la belle Cléopâtre qui a balancé et captivé le cœur d’Antoine », préférant mettre en avant sa noblesse et sa stature politique. D’autres vont jusqu’à l’imaginer comme une figure métisse et chaste, incarnant une grandeur morale opposée aux fantasmes occidentaux[33]. Cléopâtre devient alors un miroir des contradictions sociales et morales de l’Amérique : à la fois sexualisée et pathologisée, glorifiée et niée. Son image incarne les tensions d’un siècle obsédé par la maîtrise des corps féminins et racisés. À travers elle, c’est toute une société qui projette ses fantasmes, ses peurs et ses volontés de contrôle. C’est précisément dans ce contexte de luttes symboliques que la figure de Cléopâtre refait surface au moment crucial de la Reconstruction (1863-1877), à la suite de la guerre de Sécession. Loin des fantasmes médicaux ou des mythes antiques, elle redevient un support de réflexion sur la place des Noirs dans la nation américaine. C’est ce que montre l’Exposition Universelle de Philadelphie de 1876 — moment de célébration, mais aussi de crispation — où la sculpture La Mort de Cléopâtre d’Edmonia Lewis vient défier les récits dominants et proposer une lecture politique du corps féminin noir dans l’Amérique post-esclavagiste.

De l’esclavage à la ségrégation : Cléopâtre pour servir la cause des Noirs

Onze ans après la guerre de Sécession (1861–1865), l’Exposition universelle de Philadelphie se tient en 1876 pour célébrer le centenaire de la Déclaration d’indépendance des États-Unis. Cette manifestation se veut l’emblème d’une nation réconciliée, en reconstruction après le conflit fratricide. Le thème officiel — « Ce que nous pouvons faire de mieux » — s’accompagne d’une devise symbolique : « Pas de Nord, pas de Sud, pas d’Est, pas d’Ouest – l’Union une et indivisible » Mais cette image d’unité masque mal la réalité sociale du pays. Depuis la fin de la guerre, la situation des Afro-Américains ne cesse de se dégrader. Libérés juridiquement, mais exclus socialement, les anciens esclaves se heurtent à une série de reculs politiques et juridiques. Les années 1870 marquent la montée en puissance de la doctrine equal but separate, bientôt légitimée par les lois Jim Crow dès 1877. La culture du Centennial a donné à voir une Amérique de la Reconstruction encore marquée par les stéréotypes hérités de l’esclavage. C’est dans ce contexte ambivalent que le comité de l’exposition sollicite la sculptrice Edmonia Lewis (1844-1907), artiste afro-amérindienne, afin d’incarner l’esprit d’unité à travers l’art. Pour cette tribune offerte au monde entier, Lewis choisit de présenter une œuvre saisissante : La Mort de Cléopâtre. Contrairement à William Wetmore Story, qui avait représenté la reine selon des codes esthétiques africains, Lewis opte pour une Cléopâtre blanche, figée dans la mort, affalée sur son trône, bras tendu, tête inclinée. Le critique d’art William J. Clark Jr. souligne la singularité de cette œuvre : « Ce n’était pas une belle œuvre, mais elle était très originale et très frappante, et elle mérite un commentaire particulier, car son idéal était si radicalement différent de ceux adoptés par Story […] Mlle Lewis a suivi les pièces de monnaie, les médailles et autres documents authentiques en donnant à sa Cléopâtre un nez aquilin et un menton proéminent de type romain »[34]. À travers cette représentation, Lewis ne cherche pas à reproduire un canon antique, mais à formuler une allégorie politique. Sa Cléopâtre incarne l’échec de la Reconstruction, la mort symbolique d’une promesse démocratique trahie. En représentant une reine blanche à l’agonie, elle fait de Cléopâtre une maîtresse de plantation déchue, renversée au moment même où s’effondrait l’ordre esclavagiste[35]. La chute de la reine devient alors le miroir de l’Empire sudiste, vaincu mais dont le fantôme continue de hanter la mémoire La Mort de Cléopâtre dépasse largement les codes du néo-classicisme : elle est un acte de résistance sculpté, une œuvre de rupture qui interroge la mémoire nationale autant qu’elle expose les limites de l’émancipation. Elle affirme, dans le marbre, le pouvoir de l’art comme instrument de revendication. Comme l’écrit Shakespeare dans Antoine et Cléopâtre : « Si brave jusqu’à la fin ! Elle a perçu nos intentions, et en vraie reine, a choisi son chemin » [36]. La Cléopâtre de Lewis devient alors une figure ambivalente de transition : elle incarne autant la fin d’un monde que l’incertitude du nouveau. Elle interroge, au cœur même de l’exposition célébrant l’unité, le devenir de la nation américaine divisée entre Blancs et Noirs. En 1863, en pleine guerre de Sécession (1861-1865) le peintre américain Elihu Vedder (1836-1923) réalise The Questioner of the Sphinx, une œuvre poignante représentant un homme noir agenouillé face au sphinx, comme en attente d’une révélation ancestrale. À la manière du sonnet Ozymandias de Shelley (1817), Vedder invoque les ruines pour y faire parler le passé – mais ici, c’est un passé africain, enfoui, que l’homme tente de réveiller. L’Égypte devient alors le miroir symbolique d’un héritage nié mais revendiqué par les Afro-Américains. Ce lien profond entre l’Afrique et l’Amérique noire est affirmé par l’égyptologue amateur Afro-Américain Paschal Beverly Randolph, qui résume ainsi cette filliation : « Pour l’Amérique, lisez l’Afrique ; pour les États-Unis, l’Égypte »[37]. Dans le même souffle de réflexion universelle, le poète Henry Wadsworth Longfellow (1807-1882) dans Keramos and Other Poems (1878) fait de Cléopâtre le symbole d’un passé commun, fragile mais partagé. Son poème, publié deux ans après l’Exposition de Philadelphie, résonne comme une tentative poétique de dépasser les clivages raciaux et historiques, en rappelant que tous les êtres humains sont faits de la même argile. « Les lampes qui, peut-être, veillaient sur Cléopâtre Cléopâtre pendant son sommeil… Tous pillés sur les tombeaux des rois. Tourne, tourne, ma roue !  La race humaine, De toutes les langues, de tous les lieux, Caucasienne, copte ou malaise, Tous ceux qui habitent cette grande terre, Quel que soit leur rang ou leur valeur, sont apparentés et alliés par la naissance, et sont faits de la même argile ».

Bibliographie

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[3] Cte de Volney, Voyage en Syrie et en Égypte, pendant les années 1783, 1784 et 1785, Paris, 1787. [4] D. Vivant Denon, Voyage dans la Basse et la Haute Égypte, Paris, 1802. [5] Vanthournout, Charles, (13 février 2024), « La Cléopâtre américaine – The Great American Cleopatra », Antiquipop – L’Antiquité dans la culture populaire contemporaine. [6] « On prétend que sa beauté en elle-même, n’était pas si incomparable qu’elle ravît d’étonnement et d’admiration : mais son commerce avait un attrait auquel il était impossible de résister ; les agréments de sa figure, soutenus des charmes de sa conversation et de toutes les grâces qui peuvent relever un heureux naturel, laissaient dans l’âme un aiguillon qui pénétrait jusqu’au vif » Plutarque, Vie d’Antoine, 27,3. [7] Mary, Cowden Clarke, “Cleopatra” dans World-Noted Women; or, Types of Womanly Attributes of All lands and Ages, New York: Appleton, 1857, p. 62. [8] Nott, Josiah Clark, Gliddon Robin George, Types of Mankind: or Ethnological Research Based upon the Ancient Monuments, Paintings, Sculptures and Crania of Races and upon their Natural, Geographical, Philological, and Biblical History, Philadelphie, 1854, [9] W.B., “Color of the ancient Egyptians”, Richmond Enquirer, 12 juin 1846, p. 2 cité dans Bonnefoy, Baptiste, “L’héritage de Cham #1-Les débats savants sur les origines de l’Égypte ancienne (1800-1850) », dans RelRace-Religions, lignages et « race », le 2 novembre 2020. Disponible sur https://relrace.hypotheses.org/658 [10] Les polygénistes sont ceux qui pensent que l’espèce humaine proviendrait de plusieurs souches différentes. [11] Nott, Josiah Clark, Two Lectures on the Natural History of the Caucasian and Negro Races, Mobile: Dade and Thompson, 1844, p. 8. cité dans Bernasconi Robert, op. cit, 2007, p. 23. [12] M.S., The Adamic Race. Reply to “Ariel,” Drs. Young and Blackie, on the Negro, New york, 1868, p. 30 [13] « C » « Cleopatra’s Complexion », The Nation, 4 décembre 1890, p. 441. [14] Jacob Abbott, Cleopatra, p. 13 et 14. [15] “Caucasian” (Reverend William H. Campbell), Anthropology for the People : A Refutation of the Theory of the Adamic Origin of All Races, Richmond : Everett Waddey, 1891, p. 207-208 [16] « Were the Thebans Negroes », The North Star (Rochester) 27 juin 1850. [17] Frederick Douglass, The Claims of the Negro, ethnologically considered : ans adressbefore the literary societies of Western Reserve College, at commencement, July 12, 1854, Rochester, N.Y., Lee, Mann & Co.,1854. [18] J.th. Holly, « thoughts on Hayti », The Anglo-African Magazine 1 (6), juin 1859 rpt., new york: Arno Press, 1968, p. 186. [19] Nickens, Owen T.B., “Celebration in Cincinnati”, Liberator, 30 juillet 1831 cité dans Malamud, Margaret. African Americans and the Classics: Antiquity, Abolition and Activism,  London: Bloomsbury, 2019.  p. 147. [20] Hale, Edward E., Ninety Day’s Worth of Europe, Boston, 1961, p. 145. [21] “ William W. Story and his Cleopatra”, The Dwight’s Journal of Music, 28 juin 1860, p. 141. [22] Hawthorne, Nathaniel, The Marble Faune, 1860, p. 126-127. [23] Jarves, James Jackson, The Art-Idea: Sculpture, Painting and Architecture in America, 1865, p. 281-282. [24] The New-York Times, 13 juin 1882. [25] John Lord, « Cleopatra : The Woman of Paganism, 69-30 B.C.E., » dans Great Women, New York : Fords, Howard, and Hulbert, 1886, p. 25 [26] “You make it out that even in my sculpture I take at 2nd hand and blunder into imagining Cleopatra an Egyptian… You might, had you not set it down in your mind that I was an ignoramus, have supposed that I had some reason to believe Cléop. To be Egyptian before I undertook to make her so” William Wetmore Story, lettre de Villa Palmeri, Leghorn, 12 octobre 1863, p. 10-11 cité dans Trafton, Egypt Land, p. 184. [27] King, Julia Maria Wiggin (Mrs. Starr King), “Cleopatra: The Queen, the Mistress, the Suicide”, Cosmopolitan Art Journal 3:1, 1858, p. 42. [28] Mary E. Wilkins dans Diggs « Romantic Friends or a ‘Different Race of Creatures’? » p. 336 cité dans Edward Foster, Mary E. Wilkins Freeman, New York: Hendricks House, 1956, p.143 [29] “The natural tendency of nymphomania is to insanity and death (…) If a woman once has her nature turned in such a direction, her embraces are unending, and it is impossible to satisfy her desires” Simpson, G.W., The Female Instructor and Guide to Health, Baltimore, 1875, p. 158 cité dans Trafton, op. cit., p. 206.   [30] William Wetmore Story, “Cleopatra”, poème de 1864. [31] Abbott, Jacob, The history of Cleopatra, 1851, p. 12. [32] Nelson, Charmaine, The Color of Stone, p. 118-119. [33] Garnet, Henry Highland, The Past and the Present Condition, and the Destiny, of the Colored Race, Troy, N.Y. : J.C. Kneeland and Co, 1848, p.10. [34] Cité dans Gold, Susanna W., “The death of Cleopatra/The birth of freedom: Edmonia Lewis at the New World’s Fair”, Biography 35/2 (2012), p. 335. [35] Gold, Susanna W., « The Deat of Cleopatra / The Birth of Freedom: Edmonia Lewis at the New World’s Fair”, Biography, Vol. 35, N°2, Spring 2012, p. 338. [36] Shakespeare, William, Antony and Cleopatra, V, 2, p. 332-334. [37] Paschal Berverly Randolph, Pre-Adamite Man : Demonstrating the Existence of the Human Race upon This Earth 100, 000 Years Ago !, Toledo : Randolph, 1863, p. 141.

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