Crise éthique : l’exploitation des momies au service de l’industrialisation américaine

10 mars 2025

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Crise éthique : l’exploitation des momies au service de l’industrialisation américaine

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La découverte des momies a suscité une grande vague d’égyptomanie. Mais leur exploitation et leur conservation pose aussi un problème éthique. Retour sur un débat qui a secoué les Etats-Unis. 

L’article publié ce jour vise à analyser, à travers divers exemples, les comportements humains dans leurs relations avec les morts et notamment les momies égyptiennes. Momies importées aux États-Unis tout au long du XIXe siècle. L’analyse qui en découle soulève des questions éthiques, à savoir la conduite des individus en société face à un corps momifié, déterré et exposé. Cette étude préfigure un chapitre de ma thèse[1] consacrée au développement de l’égyptomanie américaine de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. L’Égypte et les momies égyptiennes ont une histoire singulière avec la jeune République américaine. Importée de façon croissante depuis 1767[2], l’introduction des momies connaît son apogée à partir de 1823, avec notamment l’arrivée de la momie de Padihershef[3]. Arrivée qui va déclencher une vague de mummymania dans l’ensemble du pays.

Un article de Charles Vanthournout

Mais ces curiosités démaillotées, exposées et leurs utilisations à des fins diverses, vont susciter beaucoup d’émoi auprès du jeune public américain du XIXe siècle et soulever aujourd’hui des questions d’éthique sur le droit à déterrer des corps, de les utiliser à des fins commerciales ou de les exposer publiquement.

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Une utilisation des momies bien funeste

« Vous utilisez peut-être, sous une autre forme, le dernier vêtement d’un roi égyptien ».

Brooklyn Eagle du 17 février 1884.

Si la mort est moins prégnante dans les sociétés occidentales depuis la 2e moitié du XXe siècle du fait, en autre, de l’augmentation de l’espérance de vie, dans la société pré-contemporaine américaine, celle-ci est omniprésente. Elle est l’apanage notamment des guerres, des épidémies et des mauvaises conditions de vie. Les regards, les rapports que les individus entretiennent avec la mort et les morts ont donc évolué en conséquence[4]. À ce titre les momies égyptiennes détiennent une place bien particulière.

Grâce à leurs importations depuis la fin du XVIIIe siècle, les cadavres des anciens Égyptiens ont gagné le nouveau monde apportant dans leurs sillages et leurs sarcophages des possibilités extraordinaires pour la population américaine. Ainsi, dans une société qui se veut « puritaine » et chrétienne l’exploitation des dépouilles mortes depuis des millénaires révèle des aspects surprenants. Très éloignés des prières chrétiennes qui permettent aux morts de « reposer en paix dans leurs tombeaux », les corps momifiés étaient quant à eux « bringuebalés » et exploités à des fins ludiques et lucratives.

Cet aspect lucratif se décline sous de multiples formes, dont l’une a suscité de nombreux débats portant sur notre conduite rationnelle et nos principes moraux à l’égard des défunts. En l’occurrence, il s’agit de l’utilisation des momies à des fins industrielles et commerciales dans le cadre de la fabrication de la pâte à papier. Souvent reléguée au titre de légende urbaine[5], cette exploitation des momies a été démystifiée par les publications récentes de S.J. Wolfe et Robert Singerman, ainsi que par l’ouvrage de Nicholson Baker[6]. Leurs articles démontrent, par des preuves solides, que les momies ont été utilisées pour la fabrication du papier, et ce, à partir de chiffons de lins égyptiens. Une étude approfondie leur a permis d’apporter des faits nouveaux sur ce sujet en examinant les objectifs budgétaires de certains entrepreneurs américains.

L’origine de l’utilisation de ce nouveau « produit » que constituent les momies dans le cadre de la fabrication du papier repose sur la croissance économique et le développement de la bureaucratisation américaine. La demande en papier augmente à la fin du XVIIIe et début XIXe siècle, engendrant par la même une pénurie qui touche l’ancien, mais aussi le nouveau continent. Les diverses tentatives de substitutions pour fabriquer la fameuse pâte à papier sont tout d’abord un échec[7].

L’histoire du papier à partir de chiffons de lin est éclairée avec l’ouvrage  de Joel Munsell, éditeur et imprimeur d’Albany dans l’État de New York, qui, dans son album Chronology of the Origin and Progress of Paper and Paper-Making, intègre une sélection d’articles de presses et de journaux[8] qui évoquent ,en 1855, l’arrivée de chiffons égyptiens sur le continent américain : « Les chiffons égyptiens n’ont fait leur apparition dans ce pays que cette année, lorsqu’une cargaison de 1215 balles est arrivée et a été achetée par J. Priestly & Co. à 4 et 3 3/8 cents la livre sur six et huit mois. La Facture s’élevait à 25, 000$. Journaliste du commerce du papier »[9]. Ces propos peuvent être corroborés grâce à l’article publié en 1847 par le géologue, archéologue et explorateur Isaiah Deck. Ils sont repris par les journaux américains la même année[10]. Ainsi l’article écrit dans le journal The Friend ; A Religious and Literary du 7 juillet 1847 l’article est assez explicite quant à l’objectif utilitaire des momies égyptiennes : « La spéculation a pris une nouvelle tournure en ce qui concerne les momies d’Égypte. Auparavant, la question était de savoir pourquoi elles avaient été fabriquées. L’esprit plus utilitaire d’aujourd’hui demande : ‘Que peut-on en faire ?’ Il est en effet proposé de les dépouiller de leurs multiples enveloppes de lin somptueux, afin que le tissu soit transformé en papier, au profit du gouvernement du Pacha ! »[11].

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Cet aspect utilitaire se double d’un aspect spéculatif. En effet Deck estime « que de 2097 avant J.-C à l’an 1 de notre ère, quatre cent vingt millions d’Égyptiens sont morts dans la ‘vallée du Nil’. Tous ces millions furent embaumés, et tous enveloppés plus ou moins entièrement dans du lin, fournissant 8 400 000 quintaux métriques de tissu qui pourront servir à la fabrication du papier (…) tout le monde conviendra que cette ressource industrielle, réduite à ses plus basses proportions, rapporterait néanmoins un immense profit »[12]. En 1855, Deck publie d’ailleurs un article On a Supply of Paper Material from the Mummy Pits of Egypt. By Dr. Isaiah Deck, Chemist, etc. New York dans lequel il énumère tous les bénéfices que pourraient tirer les États-Unis du commerce des momies[13]. Cette analyse statistique de Deck porte l’offre du tissu égyptien sur une moyenne de 14 ans afin de laisser la science trouver un moyen de substitution à son exploitation. Ce ne sera finalement qu’en 1867 qu’un substitut à base de pâte de bois sera trouvé dans l’usine de papier de Stockbridge au Massachusetts.

À la lecture de ces articles, de ces analyses financières et outre les questions techniques sur les méthodes pour fabriquer du papier avec du tissu, ces écrits et prévisions financières témoignent d’une relation particulière pour le moins paradoxale avec la mort et les défunts.  Si l’utilisation de momies à des fins industrielles dénote à l’égard de certains « business men » un profond mépris des morts que j’appellerais « autres » en ce sens extérieurs au territoire américain et « anciens » enterré depuis des siècles, comment par contre, qualifier le manque de compassion flagrant qui va gagner la société américaine lorsque le Syracuse Daily Standard du 31 juillet 1856, ou encore l’affiche de Norwich informe ses lecteurs de sa réalisation à partir du tissu des momies ? « Ce papier est fabriqué par la Chelsea Manufacturing Company à Greenville (Connecticut), la plus grande usine de papier au monde. Le matériau qui le compose a été apporté d’Égypte. Il a été prélevé dans d’anciennes tombes où il avait été utilisé pour embaumer les momies » [14]. L’article du The Albany Journal repris par le Daily Standard du 19 août 1856 va plus loin en exaltant la grandeur américaine par l’utilisation d’une fibre de l’ancien monde. « C’est la fibre qu’il (l’Américain) veut, et rien que la fibre. Il ferait passer les linceuls de Cléopâtre dans une papeterie aussi rapidement que les chemises des Winnebagos. Pharaon ne serait pour lui qu’un tas de rames de  » demy « , de  » poste commerciale  » ou de  » note satinée ». Il ne l’interrogerait pas sur la première loi sur les esclaves fugitifs, ni sur les carrières de granit du Nil, ni sur les Pyramides »[15].

Cette phrase révèle à elle seule la pensée américaine incarnant le mercantilisme et le matérialisme de la Révolution industrielle. La supériorité américaine dépendante de son Paper Business supplante toute forme d’éthique et de morale, comme l’évoque également le New York Tribune du 4 novembre 1856, rappelant la nécessité d’importer des momies pour fabriquer du papier[16]. Les chiffons étaient importés dans des cargaisons qui avaient déjà été traitées dans des usines implantées à Alexandrie[17]. La destination finale du fret de momies était les États-Unis, direction les papeteries américaines comme celles d’Isaac Augustus Stanwood[18], la Copsecook Mill Paper de Samuel Dennis Warren, et l’usine Richards dans la ville de Gardiner dans l’État du Maine. Outre l’État du Maine, l’entreprise de fabrication de médicaments brevetés Ayers & Co implantée à Lowell dans le Massachusetts a importé également des chiffons de momies en 1862[19] ainsi que la Societé Seymour Paper de Windsor Locks dans le Connecticut qui recevait des cargaisons de 10 000 tonnes.

Néanmoins, jugées responsables d’importer des épidémies de peste, variole fièvre jaune et choléra, les transactions économiques de cargaisons de momies vers les États-Unis vont cesser à la fin du XIXe siècle[20].

Si différents ouvrages ou articles nous fournissent des indications sur la proportion de ce commerce bien particulier, le nombre de ceux concernant les questions morales, éthiques et religieuses et le ressenti des populations à l’égard de tels procédés est bien restreint. En 1858 le Northern Home Journal questionne de l’utilité de cette pratique : « Et quelle profanation aussi que de prendre les vêtements des pharaons, de Ramsès, des taureaux sacrés, des crocodiles saints et des chats pieux, et de les mêler aux vulgaires vêtements inavouables du troupeau rasé des Égyptiens modernes, pour les expédier à l’autre bout du monde, dans un pays pour lequel la carte de Ptolémée n’avait pas de place, afin de les broyer au son de la musique des roues dentées et des chutes de Cobbosseecontee »[21].

Doit-on évoquer un manque de compassion, sinon de respect ? Un manque de connaissances sur les rites funéraires égyptiens pour une grande majorité d’Américains ? Le débat reste entier.

Démaillotages et expositions : entre objectification et humanisation des momies

« Les momies ne sont pas d’un grand intérêt en elles-mêmes. En règle générale, ce sont les objets trouvés avec elles qui sont d’une telle importance ».

Margaret Alice Murray [22]

L’après-vie, l’outre-tombe, l’au-delà… quel que soit le vocable utilisé, quelle que soit la religion pratiquée la question sur la mort obnubile les hommes depuis la nuit des temps. Dès lors, afin de franchir ce passage et reprendre vie dans l’au-delà (au paradis ou sur terre selon les époques et les religions), l’Homme en fonction de ses croyances a institué de nombreux rites funéraires[23].

Dans la crainte de ne pas accéder à l’Amenti[24], les Égyptiens consacraient énormément de temps à son accès : conception du tombeau, accomplissement de rites, approvisionnement matériel (objets personnels, nourriture, bijoux et préparation à la préservation du corps, etc.) et spirituel. Tous ces rites permettaient awinsi au défunt de devenir le double immatériel de son être vivant, de retrouver ses facultés, ses richesses dans son « autre monde ».

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Au regard de ces propos, le phénomène de mummymania au XIXe siècle incarné par l’importation des momies, les séances de démaillotages et les exhibitions des dépouilles égyptiennes-va révéler une nouvelle facette de la mentalité américaine qui se traduit de différentes manières. Tout d’abord, force est de constater qu’il existe une dichotomie entre les rites de momification et le polythéisme que caractérise la religion égyptienne païenne d’une part et l’inhumation pour une religion chrétienne monothéiste profondément puritaine, d’autre part. Ensuite, concernant les croyances, ce paradoxe est de taille : entre un défunt enterré dans le plus strict dénuement, dépouillé de tout bien matériel s’oppose l’opulence d’une momie entourée de ses richesses.

Ainsi, au sentiment d’exaltation lié à la découverte de trésors se mêle un sentiment d’incompréhension :  Comment et pourquoi se faire enterrer avec autant de richesses ?  Cette question théologique va susciter de nombreuses réponses et générer de nombreux abus. Ainsi, les études menées par Jasmine Day dans The Mummy’s Curse: Mummymania in the English-speaking World ont mis en évidence le principe du dragon, principe développé par le mythologue Joseph Campbell. Selon Day, ces trésors enfouis ne seraient qu’un pur gaspillage. Toutes les richesses retrouvées auprès des momies ayant une valeur monétaire doivent naturellement être cédées aux vivants, les dragons avides américains[25]. Le courant orientaliste d’Ella Shohat soutient l’idée selon laquelle les anciens Égyptiens étaient des ignorants, des « primitifs », incapables de reconnaître la valeur des trésors dont ils disposaient[26]. Ce mouvement littéraire et artistique en vogue au XIXe siècle est comme le souligne le professeure Ella Shohat, un prétexte à l’appropriation des richesses dans le cadre de la colonisation et de l’exploitation capitaliste.  Le scientifique, à savoir l’Américain démaillotant et exposant les momies, devient ainsi un héros, un sauveur de trésors[27].

La mise à nue des momies, dépouillées de leurs bandelettes, va engendrer un processus cumulatif qui va de l’objectification d’une momie à son humanisation. Les séances de démaillotages avaient pour objectif de retirer l’ensemble des bandelettes afin de laisser apparaître le cadavre. Mais ces sessions mises en pratique vont conduire non seulement à une objectification, mais aussi à une érotisation de la momie : tel un cadeau empaqueté sous des bandelettes de lin, la momie incarne une offrande, un trésor que l’on doit posséder[28], et le retrait des bandages, l’exposition d’un corps sans défense, souligne un fantasme comparable au viol. Progressivement, avec sa marchandisation va naître, dans la culture victorienne, l’idée de malédiction de la momie et de vengeance. Ainsi, l’objet archéologique qu’est la momie devient un objet sexuel qui, dès les premiers récits de malédiction[29], obtiendra vengeance. Cette momie tueuse symbolise les premières réactions éthiques d’une partie de la population américaine qui conteste l’objectification de la momie et tente à l’humaniser[30].

La multiplication des fictions sur les momies au XIXe siècle découle de l’essor des séances des démaillotages et des expositions. Ces pratiques posent une question éthique sur le respect accordé aux morts. En témoigne un démaillotage rapporté par le Savannah Georgian : « …elle a été déroulée et, après l’avoir dépouillée d’une multitude de plis de lin fin, on n’a découvert qu’un squelette dont le cou était disloqué. L’odeur était si désagréable que le collectionneur ordonna de la brûler » [31]. Toutefois, la déférence de certains Américains envers les anciens Égyptiens amène à s’insurger contre ces pratiques désobligeantes. « Ainsi, les médecins de ce monde yankee sont sur le point de procéder à la démolition d’une forme qui a été épargnée pendant des siècles par tous les vers du Nil »[32].

Outre les démaillotages, les exhibitions de momies sont-elles aussi pointées du doigt. Ces contestations frôlent parfois l’ironie, en témoigne l’article paru dans le Providence Patriot du 24 janvier 1824 et repris dans le New York Mirror le 7 février, qui met en exergue l’iniquité de la législation américaine concernant les pillages des sépultures. : « Un journal de Boston mentionne que trois personnes ont été jugées par le tribunal de cette ville pour avoir désincarcéré des cadavres… Nous pensons que ce même journal mentionne l’arrivée d’une autre momie égyptienne et nous supposons que le même jury et les mêmes juges qui ont condamné les voleurs de cadavres dans le Massachusetts iront voir la momie et récompenseront ainsi les voleurs de cadavres à Thèbes » [33]. Cet article ne laisse pourtant pas indifférent et ce vide juridique est placé devant les tribunaux et publié dans The Ariel Gazette sous un article intitulé « The Law »[34]. Les propriétaires de momies, Messieurs Curtis, Boughton et Thorn, ont intenté une action en justice contre des étudiants jugés responsables de la destruction d’une d’entre elles. La plaidoirie et les débats de l’audience vont porter sur la question de savoir si la momie est un bien de propriété et sur le droit d’exposer des cadavres.

Le 14 juillet 1865, un article du New York Times dénonce les abus liés à l’exploitation des momies aux États-Unis. Celles-ci sont doublement victimes : Victimes de l’excavation de leur lieu de repos éternel et, dans un second temps, victimes de voyeurisme par l’examen scrupuleux d’étrangers curieux dans les musées : « Ils sont partis, et bien qu’ils aient pu marcher avec Moïse, danser avec Myriam, festoyer avec le pharaon ou souper avec les premiers descendants de Ham persécuté, ils ne sont plus conservés que sous forme de momies réduites en poudre, et la poussière sacrée de l’Égypte se mêle maintenant à la saleté de Broadway et à la cendre de Barnum’s. Les habitants du plus vieux pays du monde sont écrasés par les briques chauffées qui tombent dans le magasin de curiosités du dernier-né de la terre »[35] .

Momies : vertus éducatives et regards divergents.

« On se sent un peu bizarre d’être soudain plongé dans une époque aussi ancienne, de se tenir debout et de contempler une forme animée par les amours, les haines, les espoirs et les craintes de la vie, il y a 4000 ans ».

Réaction d’un visiteur anonyme d’après le St. Louis Globle Democrat.

Par l’effet qu’elles produisent et les valeurs qu’elles incarnent les momies peuvent -elles avoir des vertus éducatives ? Cette question posée par certains membres de l’élite intellectuelle tend à diviser la population américaine. Le Salem Gazette du 26 mars 1824 invite les lecteurs à partir à la rencontre de ces momies représentantes du passé « …Ce serait faire injure à l’intelligence et à la science de notre ville que de supposer qu’une curiosité aussi rare, de ce côté-ci de l’Atlantique, et liée à tant de sujets de réflexion passagère, puisse être ignorée. Les parents qui ont des enfants qui grandissent autour d’eux, et pour lesquels ils s’efforcent de trouver tous les moyens de se perfectionner, devraient les emmener voir un objet aussi bien conçu pour exciter l’attention de l’esprit juvénile et éveiller en lui la curiosité d’en savoir plus sur l’antiquité. Il n’y aurait pas d’introduction plus appropriée à la lecture de Rollin »[36]. L’article souligne l’apport intellectuel indéniable de ces expositions. La rencontre avec la momie, est un bon moyen pour les ignorants de s’approprier une partie de l’histoire égyptienne.

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L’aspect surnaturel, l’ignorance où la pitié qu’inspirent les momies auprès des jeunes provoque parfois des actes aberrants conduisant certains à une véritable vénération et d’autres à des actes gratuits de « dérision », voire de provocation. Ainsi au Mount Union College dans l’Ohio, certains élèves rendent un véritable hommage à une momie égyptienne prêtée, pour sa valeur éducative aux étudiants, par Orville Nelson Hartshorn. Hommage qui tient en quelques mots « à la momie, la momie tant maltraitée, la momie transportée sur les épaules et le chariot, l’enfant du pharaon, la fierté du docteur, à toi je rends ma gloire et mon art ». Ces égards rendus à cette mascotte momifiée masquent d’autres affaires plus sombres qui témoignent d’un manque de respect à l’égard des momies, mais dont les interprétations divergent. Telle fut la triste histoire de la momie du Professeur Fristoe de la Columbian University de New York. L’affaire est rapportée par le Washington Post du 27 août 1891, puis reprise par le Daily Inter Ocean le 7 septembre[37]. Elle concerne quatre étudiants en Médecine qui après avoir dérobé et vêtu la momie du professeur d’un manteau et d’un chapeau, ont décidé de l’emmener faire une virée nocturne, prenant les transports en commun, la faisant parler par ventriloquie, et la faisant fumer dans les saloons de la ville. Si cette histoire peut sembler, de prime abord, burlesque, les justifications qui découlent de cet acte reflètent les sentiments divergents que les Américains portent sur les momies. Le corps de la momie dans ce cas n’est pas respecté et utilisé à des fins funestes qui visent à effrayer quiconque se dresse sur son passage. Inspirés par Jane Webb Loudon, ou Louisa May Alcott ces jeunes ont sans doute été inspirés par le mythe de Malédiction de la momie qui s’échappe de son sommeil pour se faire justice et rentrer enfin dans son sommeil éternel. D’autre part, cet acte peut se comprendre dans la volonté de ces étudiants d’humaniser la momie. Vêtue, tenant un discours accoudé au comptoir du saloon, fumant et buvant, ce n’est plus un cadavre, un objet, mais un corps qui revit. L’acte même du vol peut, quant à lui, s’interpréter comme la condamnation du pillage de l’Égypte et la critique de l’importation de cadavres qu’on prostitue en les plaçant dans des vitrines de musée américain.

En effet, dans le monologue imaginaire de la momie, Allen C. Mason montre bien l’idée de cette souffrance dont sont victimes ces corps momifiés importés aux États-Unis et cette critique du pillage de l’Égypte ancienne et de l’appropriation des biens culturels « J’ai fait un voyage « horrible », pour reprendre une expression que j’entends souvent les jeunes femmes utiliser. J’ai été ballotté d’Égypte au Caire, puis à Yokohama et de l’autre côté jusqu’à une petite ville de l’Oregon appelée Portland, puis jusqu’ici. Les bagagistes m’ont beaucoup malmenée. On m’a cassé la tête, on m’a arraché une oreille, on m’a blessé le nez et, pire que tout, on m’a carrément cassé les jambes. Elles me font très mal, mais le docteur Reeves les a bien remises en place » [38].

Les momies : le grand paradoxe de la société américaine.

La multitude de momies importées et des objets leur ayant appartenu va poser progressivement le problème de leurs « demeures définitives ». Dans un pays ou la religion est encore très prégnante certaines questions se posent : où, comment réenterrer ces dépouilles ?  Sachant que le christianisme devait s’occuper des « restes » païens[39]. Soucieux du bien-être et de l’âme des momies certains Américains Chrétiens ont décidé d’accorder à ces dépouilles de nouvelles sépultures ou, d’enterrer les objets, telles des reliques, leur ayant appartenu. Ainsi, en 1881 l’artiste Lauwrence Alma-Tadema, célèbre peintre britannique, décide d’enterrer ses tubes de peintures ayant appris qu’ils provenaient de morceaux de momies et réalise des funérailles improvisées[40]. En 1886, un nourrisson égyptien prénommé Amun-Her-Kepesh-Ef, vendu à Henry Sheldon pour son musée de Middlbury (Vermont) avait été relégué dans un grenier. Suite à sa redécouverte par Georg Mead, président du conseil d’administration et nouveau propriétaire, ce dernier décide en 1950 de l’incinérer et de l’enterrer dans sa concession familiale. Les traces sont encore visibles aujourd’hui et sur la pierre tombale on peut voir une croix égyptienne, l’oiseau bâ et une croix chrétienne avec une date 1883 av. J.-C[41] et comme épitaphe « Ceci était autrefois un être humain, il est juste et approprié qu’il ait une sépulture chrétienne »[42].

Les préoccupations et les sensibilités du XIXe siècle marque une évolution dans les pratiques funéraires et mémorielles. Un passage que l’historienne Joy Guigere appelle « Egypto-american way of death » qui se traduit par l’utilisation répétée du style égyptien dans la culture commémorative américaine[43]. Face à la croissance démographique et l’expansion urbaine des villes américaines, la question des espaces à réserver aux défunts et du repos des morts est devenue centrale. Et, pour une société qui se dit civilisée, le vandalisme, le manque d’entretien des sépultures sont perçus comme un manque de respect, un blasphème qui doit être sanctionné par la loi[44]. L’article du Providence Patriot du 23 juin 1824 illustre bien ce sujet faisant une analogie aux lois égyptiennes : « Un Thébain instruit ne va-t-il pas bientôt s’inspirer du livre des lois de ce pays et faire adopter une loi qui réprime toute violation du sanctuaire des morts ? » [45].

Comme nous l’avons signalé précédemment, au XIXe siècle, la « grande faucheuse » était une habituée des logis alors que dans nos sociétés contemporaines, du fait du développement économique et social, ses apparitions sont plus espacées et le regard porté sur la mort évolue et d’une certaine manière les croyances également. Durant la période victorienne au sein des familles moyennes américaines, les croyances en l’au-delà, en la résurrection de l’âme et en la vie éternelle sont au cœur de la religion chrétienne. Principes que l’on retrouve, pour part, dans la religion égyptienne. Ainsi, du fait de ces analogies, tant dans les textes que dans l’art funéraire, il n’est pas rare que des Américains se soient approprié des motifs égyptiens pour décorer leurs sépultures. Mais si cette acceptation de l’idée d’une vie après la mort rendait l’utilisation des motifs égyptiens tolérable, cette association a subi de nombreuses critiques blasphématoires[46].

Les campagnes napoléoniennes (1798-1801), les livres et les publications archéologiques inhérents à cette période, au même titre que le phénomène de mummymania ont fortement influencé les commanditaires de tombes et les architectes néo-égyptiens américains. Dans un élan de fascination, de préoccupation pour la mort et s’inspirant du mouvement romantique, les tombes, mais aussi les portes des cimetières américains[47] vont se couvrir d’images et de motifs égyptiens. L’ouvrage de Richard Carrott The Egyptian Revival : its sources, monuments and meaning 1808-1858[48] a exploré la question de cette symbolique associative dans les monuments privés et publics américains, bien que d’autres études soient venues se greffer à cette monographie afin de comprendre le sens à donner à la question[49].

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Les premières architectures de tombes et portes d’entrée de Cimetière utilisant l’association égyptienne datent de 1813-1815 et se trouvent dans le cimetière de Westminster Churchyard à Baltimore. Ces réalisations sont importantes, car elles amorcent une mode qui va influencer de nombreux monuments tout au long du XIXe siècle.

Toutefois, ces réalisations reflètent toute l’ambiguïté de la société américaine, et révèle un paradoxe basé d’une part, par l’appropriation d’un style païen égyptien par des chrétiens américains au nom du respect des morts et de croyances fondées sur un socle commun « l’au-delà » et de l’autre, un pillage systématique depuis le début du siècle par ces mêmes Américains des tombeaux et sépultures et l’accaparement des biens culturels égyptiens. Cette question est d’ailleurs soulevée par l’Arizona Weekly Journal Miner du 7 février 1894 : « Les visiteurs américains en Égypte sont considérés comme les meilleurs clients des voleurs de corps égyptiens. Ils sont heureux de rentrer chez eux avec une momie. Ils sont fiers de la faire dérouler par leurs amis ; ils enterrent leurs propres morts avec soin, les plaçant dans des cercueils à l’intérieur de splendides tombes … Un cimetière en Amérique est généralement le plus beau complément d’une ville. Les citoyens cultivés de Boston ne frémiraient-ils pas si on leur disait que Mount Auburn serait traité comme une mine dans laquelle on creuse des puits et des niveaux pour découvrir des restes humains et les ramener à la surface, là pour être vendus à des étrangers venus d’au-delà de la mer en quête de curiosités, ou bien pour être exposés chez eux »[50].

Au fond, ce paradoxe interroge et questionne l’attitude américaine du XIXe siècle sur l’utilisation de l’Égypte ancienne pour servir la gloire de l’exceptionnalisme américain.

Notes

[1] C. VANTHOURNOUT, L’Égyptomanie américaine : Caractéristiques et développements d’une fascination pour l’Égypte antique de 1767 à 1922 sous la direction de Christian Georges Schwentzel à l’université de Lorraine.

[2] L’artiste peintre Benjamin West envoie à la Library Company de Philadelphie en 1767 par l’intermédiaire de Francis Hopkinson la main momifiée d’une femme dans une boite en bois. Voir. Library Company of Philadelphia. Quarter of a Millennium, Philadelphia: Library Company, 1981, p. 25; S.J. WOLFE, et R. SINGERMAN, Mummies in Nineteenth Century America: Ancient Egyptians as Artifacts, Mc. Farland & Company, 2009, p. 7-8.

[3] Voir J. HAYNES et J.R.WILSON, Padihershef the Egyptian mummy, Springfield, Mass: Springfield Library and Museum Association, 1984 ; A. ORKABY, J. GOODALL, M.L. MUIR, et P.D. SUKUMAR, « Padihershef : The MHG Mummy Who Oversaw Two Centuries of Medecine and Egyptology », Massachusetts Historical Review, Vol. 21, 2020, p.135-157 ; J.R.WILSON, « Thebes to Springfield: The Travels of an Egyptian mummy », dans Padihershef: The Egyptian Mummy, eds J. HAYNES et J.R.WILSON, Springfield, MA: George Walter Vincent Smith Art Museum, 1984, p. 29-35 ; S.J. WOLFE, et R. SINGERMAN, Mummies in Nineteenth Century America: Ancient Egyptians as Artifacts, Mc Farland & Company, 2009.

[4] Sur la question du regard sur la mort, cf. excellent ouvrage d’Allan, Keith et Kate Burridge, Euphemism & Dysphemism: Language used as shield and weapon, New York : Oxofrd University Press, 1991 et en particulier le chapitre 7 consacré à la mort, p. 145-160.

[5] Joseph Dane avait publié en 1995 « The Curse of the Mummy Paper » dans Printing History dans lequel il critique la légende développée par Dard Unter selon laquelle les momies étaient utilisées pour fabriquer du papier. Pour lui, cette utilisation ne s’appuie sur aucune preuve tangible et fait appel aux fantasmes de l’imaginaire victorien. cf J.A. DANE, « The Curse of the Mummy Paper », Printing History 34, 1995, p. 18-25; D. HUNTER, Papermaking: The History and Technique of an Ancient Creft, Alfred A. Knopf (éd.), 1957.

[6] Voir S.J. WOLFE, « Long Under Wrapes, Cataloguing Problem Solved », American Antiquarian Society 61 novembre 2003 et N. BAKER, Double Fold: Libraries and the Assault on Paper, New York: Random House, 2001, p. 54-64.

[7]Francis W. Dollof et Roy Pekerson évoquent dans leur ouvrage trente-cinq tentatives de substitutions parmi lesquelles le charbon, l’amiante, les pommes de terre, le tilleul, le maïs, les quenouilles puis ensuite d’autres brevets américains vont être tentés avec les algues, la paille ainsi que du fumier de vache qui apparaitront sur les tables des propositions. Voir F.W. DOLLOF, et R. PEKERSON., « History of Paper » dans How to Care for Works of Art on Paper, Boston, Massachusetts: Museum of Fine Arts, 1985; Voir E.H. FULLING, « Botanical Aspects of the Paper-Pulp and Tanning Industries in the United States; An Economic and Historical Survey », dans W.C. STEERE (éd.) Fifty Years of Botany, New York: Mcgraw Hill Book Company, 1958, p.511 et N. BAKER, op. cit., 2001, p.56.

[8] J. MUNSELL, Chronology of the Origin and Progress of Paper and Paper-Making, Albany: J. Munsell, 1876

[9] J. MUNSELL, op. cit. p. 142-143.

[10] L’article de Deck a été publié dans le journal d’Abbas Pacha du Caire, le Spettatore Egiziano. Toutefois sa proposition a été relayée dans le Littell’s Living Age du 3 juillet 1847 sous le titre « réflexions sur le papier de momie », puis dans The Friend du 7 juillet 1847 ; Scientific American du 19 juin 1847, p. 309 ; The Cold Water Fountain de Gardiner (Maine) datée du 17 décembre 1847.

[11] The Friend; A Religious and Literary Journal 20:45, 7 juillet 1847, p. 355 S.J. WOLFE, Mummies, p. 181.

[12] The Cold Water Fountain de Gardiner (Maine) datée du 17 décembre 1847 S.J. WOLFE, Mummies, p. 182-183.

[13] I. DECK, « In a Supply of Paper Material From the Mummy Pits of Egypt » dans Transactions of the American Institute of the City of New York, For the Year 1854, Albany: C. Van Benthuysen, 1855. Dans le terme momie, rentre en ligne de compte l’utilisation des momies humaines, mais également les animaux momifiés dont les taureaux, crocodiles, chats. Il propose même de broyer leurs os afin de produire du charbon pour le raffinage du sucre (p. 92-93).

[14] Bi-Centennial Celebration, Norwich, September 7, and 8, 1859, Norwich, Connecticut: Manning, Perry & Company, 1859 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 190-191.

[15] “It is fibre he wants, and nothing but fibre. He would pass the cerements of Cleopatra throught a paper mill as quick as he would the shirt of Winnebago. Pharaoh would be to him but so many reams of « demy », « commercial post », or « satin note », He would not question him about the first fugitive slave law, nor the Nile granite quarries, nor the Pyramids », The Albany Journal, 19 août 1856 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 187.

[16] « The Rags and Paper Business », New York Tribune du 4 novembre 1856 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 187.

[17] Les chiffons étaient bouillis pour réduire les impuretés et les nettoyer de tout résidu avant leur exportation. Les restes corporels devaient sans doute être broyés et avoir par la suite une fonction utilitaire comme engrais, combustible pour locomotive, farine ou encore pour la fabrication de lampe. Pour l’utilisation des momies comme engrais voir le passage de V. STUART dans Nile Gleanings Concerning the Ethnology, History and Art of Ancient Egypt as Revealed by Egyptian Paintings and Bas-Reliefs, London : John Murray, 1879, p. 90 ; Pour l’utilisation des momies comme combustible dans les locomotives, voir le Wachusett Star du 1 février 1848 et l’article « Du carburant pour les locomotives égyptiennes » du Scientific American du 3 décembre 1859 ; Pour la farine de momie voir le Waukesha Freeman du 7 juillet 1881 et le Mountain Democrat du 22 novembre 1879 pour la fabrication des lampes. D’autres utilisations sont attestées cette fois-ci aux États-Unis comme l’utilisation pour de la peinture avec le célèbre « brun de momie », comme sirop de petit déjeuner pour les crêpes d’après The Wellsboro Agitator du 3 mars 1874, la pratique du pica d’après le Perry Chief du 14 juin 1877, et la fabrication des cols en papier d’après le Waukesha Evening Journal du 13 mai 1890.

[18] Installation en 1865 près du moulin de Great Falls avec William Towar. Voir « Cobbossee Steam Busy Place in 1800’s » dans Daily Kennebec Journal, Gardiner (Maine), 30 juillet 1930 ; Pour plus d’information sur l’usine à papier d’Augustus Stanwood, voir D. HUNTER, Papermaking, p.287 ; Voir également le Wisconsin Weekly Free Democrat du 18 août 1858 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 193 : « Dans deux des principales usines à papier de Gardiner, dans le Maine, le papier est fabriqué à partir de chiffons de momies, récemment arrivés d’Alexandrie, en Égypte. Un correspondant du New York Journal of Commerce affirme que le New York Ledger, le Boston Courier et le Boston Journal utilisent ce papier » ;

[19] Daily Evening Journal puis repris par le Davenport Daily Gazette du 8 août 1862 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 192, ainsi que Munsell, Chronology, p. 198.

[20] Des mesures vont être de plus en plus drastiques sur les importations de cargaisons. Les chiffons doivent être désinfectés en Égypte et disposer d’un certificat de délivrance par le consul général du Caire attestant du lieu et du processus de désinfection. Voir United States Treasury Department, Circular Importation of Rags From Egypt, Washington D.C.: U.S.G.P.O, 1884., 1; Voir : C. E. O’HARA, « Egyptian Rags », Superior Fact 3, n°6, Decembre 1931, p. 11-12.

[21] Northern Home Journal du 12 août 1858 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 188.

[22] M.A. MURRAY, General Guide to the Art Collections. Part III. Egyptian antiquities, Dublin: National Museum of Science & Art, 1910, p. 11 cité dans J. Day, op. cit., p. 30.

[23] P. MOREAUX, « Quelques aspects de l’histoire funéraire dans la civilisation judéo-chrétienne en France », Études sur la mort 2004/1, n°125, éditions Centre International des Études sur la Mort (CIEM), p. 10.

[24] L’Amenti désigne l’Occident à savoir la demeure des morts.

[25] J. CAMPBELL, Joseph, The Power of Myth (with B. Moyers), New York, London, Toronto, Sydney, Auckland: Anchor/Doubleday, 1988, p. 184; J. DAY, The Mummy’s Curse: Mummymania in the English-speaking World, London and New York: Routledge, 2006.p. 30.

[26] E. SHOHAT, “Gender and culture of empire: Toward a feminist ethnography of the cinema”, Taboo Memories, Diasporic Voices, Duke University Press, 2006, p. 45-84.

[27] E. SHOHAT, op. cit., p. 52.

[28] Il y aurait selon Jasmine Day peut-être une analogie entre les démaillotages et l’emballage des cadeaux de noel introduit en Grande-Bretagne en 1840 par le prince Albert. Voir J. DAY, The Mummy’s Curse, p.29; voir également J.M. GOLBY, A. W.  PURDUE, The Making of the Modern Christmas, London: B.T. Batsford, 1986, p. 61.

[29] Les premiers récits de Malédiction de la momie aux États-Unis sont : J.W. LOUDON, The Mummy ! A Tale of the twenty-Second Century, 1827; Anonyme, The Mummy Soul, 1862;  J.G. AUSTIN, After Three Thousand Years, 1868 ; L.M. ALCOTT, Lost in a Pyramid; or, The Mummy’s Curse, 1869.

[30] C. VANTHOURNOUT, « Le strip-tease de la momie au XIXe siècle ou la fascination de l’Occident pour les dépouilles antiques », The Conversation, 28/09/2023, Disponible sur : https://theconversation.com/le-striptease-de-la-momie-au-xix-siecle-ou-la-fascination-de-loccident-pour-les-depouilles-antiques-208792

[31] Savanah Georgian du 4 février 1827.

[32] « A trite affair », Adams Sentinel, 13 mars 1832.

[33] Providence Patriot du 24 janvier 1824 repris dans le New York Mirror du 7 février 1824. Cités dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 36.

[34] Voir « The Law », dans The Ariel; a Semimonthly Literary and Miscellaneous Gazette 3, n°13, 17 octobre 1829, p. 99 et voir « Trover for a Mummy » dans American Jurist and Law Magazine 2, n°4, octobre 1829, p. 400-402 ; L’affaire est également détaillée dans S.J. WOLFE,, Mummies et dans Egyptian mummy in nineteenth century America du même auteur, disponible sur Academia.

[35] The Times, 14 juillet 1865.

[36] Salem Gazette du 26 mars 1824 dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 36-37.

[37] Washington Post du 27 août 1891 repris par le Daily Inter Ocean du 7 septembre de la même année, cité dans S. J. WOLFE, Mummies, p. 204-206.

[38] Morning Olympian du 11 juillet 1891 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 215.

[39] J. DAY, op. cit., p. 35.

[40] G. BURNE-JONES, Memorials of Edward Burne-Jones, vol. 2, London: Macmillan & Company, 1909, p. 114.

[41] J. DAY, op. cit. p. 36; S.J. WOLFE, « Modern » pyramids and « Egyptian » grave makers », Egyptologists’Electronic Forum (2005) disponible sur www.egytpologyforum.org.

[42] B. BRIER, op. cit., 1998, p. 166-167.

[43] J. GUIGERE, op. cit., p. 51.

[44] Le vandalisme des tombes est bien présent dans les articles déjà mentionnés et analysés plus haut : Providence Patriot du 24 janvier et celui du 23 juin 1824 ; New York Mirror du 7 février 1824 ; Sur le sentiment de honte envers les cimetières américains est bien référencé par Joy Guigere, op. cit : W. B. O. PEABODY, Address Delivered at the Consecration of the Springfield Cemetery, September 5th, 1841, Springfield, Il : Wood and Rupp, 1841, p. 7 ; « Rural Cemetery », North American Review 53, n°113, Octobre 1841, p. 388 ; N. CLEVELAND, Green-Wood Illustrated, in Highly Finished Line Engraving, From Drawings Taken on the Spot by James Smillie, New York: R. Martin, 1847, p. 43 ; C.M. WALTER, Mount Auburn Illustrated Finished Line Engraving, from Drawings Taken on the Spot by James Smillie, With Descriptive Notices by Cornelia W. Walter, New York: Robert Martin, 1847, p. 119.

[45] Providence Patriot du 23 juin 1824 cité dans S.J. WOLFE, Mummies, p. 41.

[46] « Il est très douteux que le style égyptien soit le plus approprié pour une sépulture chrétienne. Il n’a certainement aucun lien avec notre religion. Dans ses caractéristiques, il est antérieur à la civilisation, et n’est donc pas beau en soi. Mais plus encore, l’architecture égyptienne nous rappelle la religion qui l’a fait naitre, le paganisme le plus dégradé et le plus révoltant qui ait jamais existé. C’est l’architecture des chats embaumés et des crocodiles déifiés ; solide, stupéfiante et défiant le temps, nous l’admettons, mais associée dans notre esprit à tout ce qu’il y a de dégoûtant et d’absurde dans la superstition ». J. GALLIER, « American Architecture », North American Review XLII1 :93, 1836, p. 356-384.

[47] E. BROMAN, “Egyptian Revival Funerary in Art in Green-wood Cemetery”, Egyptian Revival Funerary Art, 2001, p. 31-67.

[48] R.G. CARROTT, The Egyptian Revival: its sources, monuments and meaning 1808–1858. Berkeley: University of California Press, 1978.

[49] R. A. FAZZANI, M., E. MCKERCHER, « Egyptomania and American Architecture » Imhotep Today: Encounters with Ancient Egypt (2016), p. 135-159; J. GUIGERE, Characteristically American: Memorial Architecture, National Identity, and the Egyptian Revival, Knoxville: University of Tennessee Press, 2014; J.S. CURL, The Egyptian Revival: an introductory study of a recurring theme in the history of taste.  London: G. ALLEN et UNWIN, 1982 ; C.W. ECKELS, “The Egyptian Revival in America”, Archaeology, vol. 3, n°3, 1950, p. 164-169 ; C.ELLIOT, « Trans-Atlantic Egypt: Egyptian Revival Architecture in Britain & America », Influences of Egypt, ARCE Bulletin, n°204, 2014 p. 34-39 ; C. GERE, , et J. RUDOE, « The Egyptian Revival » dans Jewelry in the Age of Queen Victoria, The British Museum Press, 2010, p. 379-386 ; P. MCDOWELL et R. E. MEYER, The Revival Styles in American Memorial Art, Bowling Green: Bowling Green State University Popular Press, 1994. ; H. McCORMICK, « The Development of Egyptian Revival Architecture in San Diego County », The Journal of San Diego History, 1992, vol 38, n°2 ; N. PEVSNER, S. LANG, « The Egyptian Revival », Architectural Review 119:212–35 dans N. PEVSNER (éd.), Studies in Art, Architecture and Design, 2 vols. (pp. 212–248). London: Thames and Hudson, 1956; D.M. APPELBAUM, « Jewish Identity and Egyptian Revival Architecture”, Journal of Jewish Identities, Juin 2012, 5 (2), p. 1-25; J.-M. HUMBERT, M. PANTAZZI, C. ZIEGLER, Egyptomania: Egypt in Wester Art, 1730-1930, University of Chicago Press, 1994.

[50] « The Mummy as Fad », L’Arizona Weekly Journal Miner du 7 février 1894.

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