Lundi 12 mai, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé sa dissolution mettant un terme à plus de 40 ans de lutte armée contre l’Etat turc.
C’est ce qu’a déclaré un communiqué du groupe kurde, groupe considéré comme étant terroriste par l’Union européenne : « Le 12e Congrès du PKK a décidé de dissoudre la structure organisationnelle du PKK et de mettre fin à la méthode de lutte armée ».
Une dissolution attendue mais historique
Le chef historique du PKK, Abdullah Ocalan, avait appelé ses combattants en février 2025, depuis sa cellule sur l’île-prison d’İmralı où il est emprisonné depuis 1999, à se dissoudre et à déposer les armes afin de clore définitivement le conflit kurde en Turquie.
Ce conflit est né dans les années 1980 après des décennies de répressions de la part des forces armées turques envers le peuple Kurde. Ce dernier, constituant environ 20% de la population de la Turquie, était perçu dès la proclamation de la République de Turquie en 1923, comme étant une menace pour l’identité turque. C’est en 1984 que véritablement, le PKK sous l’impulsion d’Ocalan s’insurge contre la politique d’Ankara en vue de créer un Etat kurde dans l’est de la Turquie. Cette insurrection a fait émerger un conflit qui durera plus de 40 ans et qui fera plus de 40 000 morts.
L’appel du fondateur du Parti des travailleurs du Kurdistan a laissé place à l’organisation du 12e Congrès, réunissant les membres influents du groupe armé dans le nord de l’Irak du 5 au 7 mai. La décision de dissolution par ce Congrès a été unanimement saluée par les autorités turques, mais également par la communauté internationale, qui voit en cette déclaration l’opportunité de créer une paix durable dans la région.
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Des réactions internes mais également internationales
Le ministre tuc des Affaires étrangères Hakan Fidan « considère cette décision comme étant très importante, pour la paix et la stabilité permanentes dans notre région », avant d’affirmer qu’elle « nous rend très fiers de notre pays ». Le parti du président turc, Recep Tayyip Erdoğan, voit en cette autodissolution « une étape importante vers l’objectif d’une Turquie débarrassée du terrorisme ». Plus à l’ouest, la Commission européenne a appelé toutes les parties à « saisir l’occasion » en vue de trouver une solution politique et pacifique à la question kurde. Berlin, à travers son ministère des Affaires étrangères, voit en cette décision « une étape importante pour mettre fin à la spirale de terreur et de violence qui sévit depuis des décennies ».
L’enjeu est maintenant de garantir l’effectivité de cette décision. Il en va de la stabilité de la Turquie, pays au carrefour de l’Europe et de l’Asie qui rêve de reconstituer l’espace d’influence qu’il avait au XIXe siècle.
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