Grecs, histoire médiévale, civilisation, combats culturels, renseignement : présentation des livres de la semaine
Septembre 1955, les Grecs d’Istanbul sont victimes d’une vaste attaque. Ces progroms visent les derniers Byzantins, les derniers Grecs de Constantinople. À la suite de ces attaques se pose un dilemme : rester dans un pays qui les rejette ou partir de leur terre pour trouver refuge en Grèce, un pays qui n’est pas tout à fait le leur. En menant une enquête ethnographique de pointe, en présentant les acteurs, les réseaux de sociétés, les différents points de vue, Anna Théodoridès retrace ce drame de 1955 qui a vu les Grecs quitter l’Asie Mineure et des terres où ils étaient implantés depuis l’Antiquité. Une enquête juste et émouvante pour raconter un drame oriental méconnu en Occident.
Avant de servir à parler, une langue sert d’abord à penser. C’est pourquoi les modifications de la langue, les manipulations, les détournements des mots sont si importants : ils sont autant de combats militants contre la pensée. Sami Biasoni a réuni une équipe de 40 écrivains et auteurs pour décortiquer les abus de langage et les mots détournés de leur finalité pour servir des causes politiques. « Vivre-ensemble », « discrimination positive », « éducation bienveillante », « intégration » sont quelques-uns de ces mots et expressions assénés tout au long des débats et des discussions qui obscurcissent la pensée et empêchent de réfléchir. Un dictionnaire qui vise à remettre les idées à l’endroit.
Jeune auteur canadien du Québec, Étienne-Alexandre Beauregard analyse les failles et difficultés de l’Occident depuis le continent américain. Il analyse ici comment la déconstruction des normes ayant fondé la civilisation occidentale a entraîné la dissolution des sociétés et la vie commune. Loin de permettre la liberté, cette dissolution a créé une profonde aliénation pour la jeune génération.
C’est vers cette génération, qui est la sienne, que l’auteur se tourne. Loin d’être pessimiste, son livre est au contraire porteur d’un grand espoir, celui que, face à la dissolution, la génération Z retrouve le sens de l’héritage et de la transmission. Son livre est un plaidoyer pour un renouveau de l’Occident, qui passe par la redécouverte de ce qui fait sa grandeur.
Il n’y a pas de grand État sans maîtrise du renseignement. Les États-Unis l’ont compris qui, en dépit de nombreuses méfiances, ont créé de nombreuses agences chargées du renseignement, dont le FBI, la CIA, la NSA. Des agences qui cultivent des parts d’ombre et de fantasmes, à qui on attribue beaucoup, même si elles ont aussi beaucoup échoué. C’est cette histoire de l’Amérique que retrace Raphaël Ramos, dans un ouvrage largement documenté qui, en évitant les complots faciles et les fantasmes entretenus, permet de comprendre la puissance américaine dans toutes ses dimensions.
Sous la direction de Xavier Hélary, Histoire de l’Europe. Tome II, Passés Composés, 2025, 42 €
Passés composés poursuit le travail éditorial de publication de cette histoire de l’Europe, ouvrage monumental, richement illustré. Le tome II couvre mille ans d’histoire, du Ve au XVe siècle. Les trois auteurs réunis, Xavier Hélary, Paul Bertrand et Sylvie Joye retracent cet Occident médiéval qui a donné l’Europe, avec le foisonnement du christianisme, la floraison des monastères, les guerres aussi, qui ont ravagé le continent. L’ouvrage s’intéresse tant aux sujets politiques et économiques que culturels et sociaux. Les auteurs montrent comment l’Europe s’est façonnée aussi par ses rivalités extérieures, notamment l’islam, qui contrôle ses marges.
La qualité éditoriale est remarquable : la mise en page soignée rend l’ouvrage très agréable à lire, le choix de l’iconographie, le format de l’ouvrage.
Le tome 1 était une grande réussite et le tome 2 ne fait que confirmer le grand intérêt de cette collection.