Deux livres de Christine Sourgins pour explorer le concept fondamental de Beauté. Une entrée dans l’art et dans la culture par l’essence même de la création artistique.
Christine Sourgins est une observatrice attentive de la création artistique d’aujourd’hui, regardée avec la profondeur de l’histoire de l’art. Elle est l’auteur d’Anatomie de la Beauté[1] et de Géographie de la Beauté, deux livres qui viennent de paraître aux Éditions Boleine. Ils ont pour but de cerner le mot Beauté. Ils sont l’autre face d’un premier livre publié en 2005 qui fait aujourd’hui référence : Les Mirages de l’Art contemporain[2]. Il analysait le contenu de ce concept réunissant les mots art et contemporain déclarés représenter « tout l’art d’aujourd’hui ».
Cette appellation cache une ruse : l’inversion occulte de la définition du mot art au sens commun du terme. À partir des années 1960, l’art dit « contemporain » se définit comme strictement conceptuel, toute démarche d’essence esthétique étant déclassée et mise au rang de décoration, ou d’œuvre pastiche, désormais anachronique. Ainsi a été imposé progressivement un seul courant artistique, sans identité, « global », apte à s’imposer au monde entier. Cet appareillage sémantique a eu le pouvoir de destituer tous les courants esthétiques de l’art, de l’académisme aux multiples avant-gardes en Europe et notamment à Paris et Moscou. La stratégie a consisté à réduire la notion de beauté, au « joli », au « subjectif » et, cela ne pouvant suffire, l’a accusée de dogmatisme, académisme, formalisme. Plus encore elle l’a diabolisée en la jugeant élitiste, réservée aux riches, discriminante, opium du peuple, fasciste[3]. Le mot Beauté, ainsi vidé de sa profondeur, diversité et complexité, débarrassé de son aura, devenu tabou, a entravé toute réflexion et débat sur l’art pendant un demi-siècle. Il était donc urgent de décrire le contenu du mot Beauté. C’est ce que Christine Sourgins a entrepris de faire.
Beauté : interrogée depuis des millénaires, diabolisés durant un demi-siècle
Quand Christine Sourgins a publié en 2005 Les mirages de l’Art contemporain, 300 pages ont suffi pour décrire ses modes opératoires, déclinaisons, discours, contenus.[4] Faire l’inventaire du mot Beauté s’est révélé être une entreprise plus complexe où il a été impossible d’exclure la perspective de l’histoire de l’art. Cinq livres ont été nécessaires pour avoir un aperçu.
Anatomie de la Beauté et Géographie de la Beauté sont aujourd’hui disponibles et seront suivies de trois autres : Bienfaits de la Beauté, Beauté Singulière, Guerre à la beauté. Ces livres sont destinés à tous ceux qui s’interrogent sur la Beauté. Ils se révèlent utiles dans bien d’autres domaines, par exemple en donnant les éléments de discernement sur ce deuxième langage, celui de l’art, au-delà des mots. Ils offrent un trousseau de clefs permettant l’accès à des expériences de perception sensible du monde, où formes, images, analogies apportent d’autres modes de discernement de la réalité qui ne sont pas accessibles par la voie du seul concept et déduction logique.
Ces livres sont éclairants pour ceux qui se posent des questions sur la notion de guerre culturelle et ses stratégies encore mal étudiées et peu connues, tout particulièrement en France. Il s’agit de rattraper ce retard mais aussi de répondre à une actuelle, très rapide métamorphose des stratégies et du changement de l’arsenal en ce domaine. Il est urgent aujourd’hui d’observer et de déchiffrer le champ de bataille si particulier de la culture. En effet, celui-ci s’amplifie sans cesse. L’utilisation actuelle d’Internet et de l’IA en open source par des belligérants du monde entier, grands ou petits, institutionnels ou non, en change l’a configuration, ainsi que stratégies et armes.
[1] SOURGINS, Anatomie de la Beauté, Ed. Boleine Nov. 2025. Le livre aborde les composantes principales de cette notion. Géopolitique de la Beauté, Ed. Boleine, nov 2025, aborde la notion des terroirs, enracinements, diversité de la beauté.
[2] SOURGINS, Les Mirages de l’Art contemporain, Éditions de la Table Ronde, 2005, Puis, édité en poche et actualisé par les Ed. Eyrolles en 2023
[3] Confusion cognitive, culpabilisation, sidération ont pour cœur de cible, les élites, sociales, intellectuelles et artistiques.
[4] Le courant conceptuel est un courant artistique, né avant la première guerre mondiale et n’a cessé d’être une avant-gardes parmi d’autres, et n’a prétendu être l’ultime et unique avant garde, qu’après les années 1960. Il est devenu un art institutionnel, muséifié, subventionné à partir des années 1980, internationalement financiarisé au cours des années 2010.










