Somalie : une élection présidentielle pour l’espoir

23 octobre 2020

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Photo : Shoppers in Hamarwayne market in Mogadishu Somalia on July 04, 2016 ahead of Eid Al-Fitr celebrations. AMISOM Photo / Ilyas Ahmed
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Somalie : une élection présidentielle pour l’espoir

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Pays stratégique en Afrique de l’Est pour son contrôle du golfe d’Aden et des portes de l’océan indien, la Somalie va connaître des élections présidentielles en février 2021 qui sont importantes pour son avenir. Face aux shebabs et au risque de dissolution du pays, le candidat Abshir Aden Ferro est aujourd’hui celui qui est en meilleure position pour l’emporter et espérer ainsi mettre fin aux difficultés du pays.

 

Corne de l’Afrique, porte du golfe d’Aden et de l’océan indien, la Somalie a une très riche histoire de commerce, de culture et de rencontres des peuples. Son histoire contemporaine a été marquée par une longue guerre civile dont on se souvient en France par l’opération « Du riz pour la Somalie » lancée par Bernard Kouchner en 1992 et par l’intervention américaine Restore Hope soldée par la défaite de Mogadiscio de 1993. Avec près de 3 300 km de côtes, la Somalie est une position stratégique pour le contrôle du golfe d’Aden, du détroit d’Ormuz et de celui de Bab el-Mandeb où passe près d’un tiers du commerce mondial.

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Irruption des shebabs

 

Créés en 2006 au moment de l’invasion éthiopienne, les shebabs sont un mouvement djihadiste rattaché à Al Qaïda et désireux de créer un califat islamique dans la région. De leur nom complet Harakat al-Chabab al-Moudjahidin (mouvement des jeunes combattants), les shebabs associent le projet politique et religieux à la criminalité, aux trafics et à la violence. On trouve parmi eux des cadres passés par Al Qaïda au Pakistan. Organisant une corruption massive dans l’administration et rackettant les entreprises, les shebabs sèment la terreur dans plusieurs parties du territoire somalien, y compris à Mogadiscio. Organisateurs de nombreux attentats, ils contribuent à déstabiliser le pays et empêcher son redressement. L’un des enjeux de la prochaine présidentielle est la lutte contre ces mouvements afin de rétablir l’ordre dans le pays, corolaire indispensable à son développement.

 

Les deux autres enjeux sont l’indépendance réelle de la Somalie et la réforme du système électoral. Le pays est extrêmement dépendant de la Turquie qui finance de nombreux projets sociaux afin de faire de la Somalie sa base arrière de l’océan indien. Le projet turc s’inscrit dans la vision néo-ottomane d’Erdogan qui cherche à retrouver les frontières de l’ancien empire disparu. Après la Libye, Chypre, le Caucase et la Syrie, la Somalie est l’autre zone d’activité internationale d’Istanbul. Tant que demeure ce lien de plus en plus exclusif avec la Somalie l’indépendance réelle du pays ne pourra pas être assurée.

 

Le système électoral est fondé sur une organisation censitaire complexe. Les chefs de tribus nomment les parlementaires qui sont les électeurs du président de la République. Le projet phare du candidat Abshir Aden Ferro est de modifier la constitution afin d’établir un système démocratique « un homme, une voix » pour de donner davantage de souffle démocratique au pays.

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La Somalie et ses atouts endormis

 

Outre sa situation géographique de première importance, la Somalie dispose aussi de nombreuses ressources minérales et halieutiques, dont du pétrole offshore. C’est aussi un grand producteur de moutons, car elle dispose du deuxième cheptel mondial derrière l’Australie. Autant de richesses inexploitées qui peuvent faire espérer que la Somalie ne soit pas perpétuellement abonnée aux guerres et aux troubles. L’élection présidentielle de février 2021 sera à cet égard cruciale pour le pays, d’une part pour mettre un terme à la violence causée par les shebabs, d’autre part pour redonner une réelle indépendance nationale au pays. Pour l’instant, le candidat Abshir Aden Ferro semble le mieux placé pour emporter l’élection. Ayant des origines familiales au Somaliland, fondateur et dirigeant d’une grande entreprise, il conjugue l’expérience du terrain et l’attachement à la Somalie à la gouvernance et la gestion des affaires publiques et économiques. Très bien inséré dans la sphère internationale, notamment en Europe (il travaille à Londres et a épousé une Française) et dans les pays du Golfe, il dispose de soutiens haut placés qui pourront l’aider à remettre la Somalie dans le giron du concert des nations. Alors que ce pays n’est évoqué dans la presse internationale que lors des attentats commis par les shebabs ou les attaques de piraterie à l’encontre des bateaux passant au large de ses côtes, la victoire d’un candidat restaurant l’ordre et la stabilité pourrait être l’occasion de redonner de l’espoir au pays et d’en faire un pays majeur de l’Afrique de l’est et de l’océan indien.

 

 

 

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À propos de l’auteur
Helena Voulkovski

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Helena Voulkovski travaille sur les risques pays pour un cabinet international d’assurances.
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