De violents affrontements se déroulent à la frontière entre l’Inde et le Pakistan. La région retient son souffle et craint une extension du conflit.
Mardi 6 mai, l’Inde et le Pakistan sont entrés en conflit ouvert avec des bombardements indiens côté pakistanais suivi de répliques d’Islamabad. Si les voisins et les grandes puissances mondiales appellent à la retenue, l’escalade militaire fait craindre le pire.
Accroissements des tensions
Les tensions ont débuté fin avril à la suite d’un attentat à Pahalgam (26 morts) dans le Cachemire indien, qui fut suivi de frappes militaires indiennes en territoire pakistanais. L’attentat fut revendiqué par le groupe The Resistance Front, que l’Inde soupçonne d’être financé et soutenu par le Pakistan, ce qu’Islamabad dément.
Le 6 mai, l’Inde a donc lancé l’opération « Sindoor », qui vise à éradiquer les groupes qualifiés de terroriste. Ceux-ci étant basés en territoire pakistanais, l’action de l’Inde s’est donc portée de l’autre côté des frontières de son voisin. Neuf sites ont été visés. Le Pakistan dénonce des attaques contre des civils, notamment une mosquée à Bahawalpur, et annonce la mort de plusieurs dizaines de civils.
L’intervention indienne est parfaitement coordonnée, associant des avions de chasse (dont des Rafales) et des drones. Les cibles désignées sont situées principalement dans la région de Muzaffarabad et les environs de Kotli, dans le Cachemire administré par le Pakistan. Le gouvernement indien affirme que ces sites abritent des camps d’entraînement des groupes terroristes, ainsi que des dépôts d’armes.
La riposte d’Islamabad ne s’est pas fait attendre. Moins de 24 heures après les frappes indiennes, le Pakistan a activé une opération de représailles baptisée officieusement « Ghazwa-e-Hind ». Cinq chasseurs F-16 ont mené des incursions ciblées le long de la frontière, visant des avant-postes militaires indiens dans les secteurs de Poonch et Rajouri. L’armée pakistanaise affirme avoir abattu deux avions indiens qui auraient franchi l’espace aérien pakistanais. Une affirmation que l’Inde conteste, bien qu’elle ait confirmé la perte de contact avec un Mig-29.
En parallèle, les tirs d’artillerie lourde se sont multipliés sur toute la longueur de la ligne de front. Les échanges de tirs, incluant des obus à fragmentation et des missiles à courte portée, ont provoqué la mort d’au moins 42 personnes, dont plusieurs soldats, des villageois et un journaliste indien. Des centaines de civils ont été évacués des zones proches de la frontière.
Les forces armées des deux pays ont également été placées en alerte maximale. L’Inde a redéployé plusieurs unités de sa 15e armée de montagne et mobilisé ses batteries de missiles près de la frontière.
Le Pakistan, de son côté, a effectué des essais de préparation nucléaire et repositionné des unités blindées dans le Cachemire pakistanais.
Cette spirale d’hostilités, nourrie par des discours nationalistes et la pression de l’opinion publique, risque de provoquer un accroissement du conflit. La guerre de l’information en ligne (propagande, fausses vidéos, manipulations) aggrave la situation.
Alors que les tensions restent vives, la diplomatie internationale tente de désamorcer la crise, mais jusqu’à présent, aucun canal officiel de communication entre New Delhi et Islamabad n’a été réactivé.
Coupure d’eau
Parallèlement aux hostilités militaires, une crise diplomatique s’est installée. L’Inde a suspendu le traité des eaux de l’Indus datant de 1960, essentiel pour l’approvisionnement en eau du Pakistan, et a expulsé des diplomates pakistanais. En réponse, le Pakistan a fermé son espace aérien aux avions indiens, suspendu l’accord de Simla de 1972 (traité de paix signé à la suite de la guerre de 1971) et interrompu les échanges commerciaux.
Ce n’est pas la première fois qu’un conflit ouvert éclate entre l’Inde et le Pakistan. Jusqu’à présent, ils ont pu se résoudre sans trop de heurts et sans diffusion dans la région. Mais la tension reste vive et la communauté internationale est bien décidée à ne pas laisser un conflit se déployer dans le Cachemire.
Débuter la médiation
L’issue de ce conflit passe par le rôle joué par des médiateurs extérieurs, qui peuvent amener les deux partis à trouver des solutions. Ce rôle a longtemps été dévolu aux États-Unis, qui entretiennent de bonnes relations tant avec le Pakistan qu’avec l’Inde. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a immédiatement appelé à la paix des armes et a mené des actions diplomatiques pour aider à trouver une solution.
Mais les deux pays concernés ne semblent pas décidés à une désescalade. De part et d’autre de la frontière, les préparations militaires sont intensifiées et des escarmouches ont lieu. Les deux pays disposant de l’arme nucléaire, une montée aux extrêmes est tout à fait possible, surtout dans une région qui est au cœur des tensions entre l’Inde et le Pakistan.
L’autre enjeu est celui de la communication à l’intérieur des pays. La politique de Modi est celle d’un nationalisme hindou exacerbé, nationalisme qui voit dans le Pakistan un ennemi naturel. Une fois les opinions publiques chauffées à blanc et désireuses de faire la guerre, il devient beaucoup plus difficile pour un gouvernement de faire retomber la pression et de revenir en arrière.
L’autre pays de poids dans la région est bien évidemment la Chine qui, elle aussi, n’a aucun intérêt à une escalade, d’autant qu’elle dispose d’une frontière commune au Cachemire. Mais les relations entre l’Inde et la Chine sont mauvaises, des tensions éclatant régulièrement le long de leur frontière dans l’Himalaya.
On pourrait donc assister, et ce serait une issue heureuse, à une réconciliation entre les États-Unis et la Chine autour de la nécessité de trouver une solution de paix au Cachemire. Si les deux pays y ont des intérêts secondaires différents, ils ont tous les deux le même intérêt principal : éviter que la discorde actuelle ne dégénère en guerre intense.