Atlas mondial des femmes

12 janvier 2025

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Atlas mondial des femmes

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Nouvelle édition de cet Atlas des femmes qui cherche à étudier les questions de la féminité dans leur globalité.

Bruno Modica

Isabelle Attané, Carole Brugeilles et Wilfried Rault. (Dir.) Atlas mondial des femmes, éditions Autrement – deuxième édition 2024.

Dix ans après la première édition, et dans le contexte, très particulier en ce moment, du procès des viols de Mazan, cette parution retiendra certainement l’attention. Un atlas, ce n’est pas simplement un recueil de cartes, assorti, dans le cas des éditions Autrement, de textes explicatifs.  Dans ce cas précis, on retrouve une véritable ligne éditoriale qui part du corps des femmes au constat final sur les inégalités persistantes et les luttes qui restent à mener. Entre-temps on examinera la sphère privée et les espaces publics dans lesquels les femmes évoluent.

Du point de vue démographique, si dans les sociétés modernes l’allongement de l’espérance de vie donne aux femmes un avantage numérique dans la répartition de la population, au niveau global il reste plus d’hommes que de femmes, notamment parce que les inégalités de traitement pendant l’enfance s’appliquent prioritairement au sexe féminin. Pour autant leur espérance de vie, encore une fois davantage dans les sociétés modernes, est beaucoup plus longue que celle des hommes.

La contraception est évidemment un sujet sur lequel les auteurs se sont penchés, notamment sur le maintien des contraintes qui traduisent en réalité une volonté, dans différentes sociétés, de contrôler le corps des femmes. Il aurait été intéressant d’ailleurs de faire un focus régional sur les pays musulmans, notamment parce que le rapport entre les prescriptions religieuses et les pratiques réelles des femmes n’est pas forcément en faveur des premières.

Afrique : des mutilations qui persistent

On lira également avec beaucoup d’intérêt que l’on assiste – enfin ! – à un recul des mutilations sexuelles féminines, même si le chiffre reste monstrueusement élevé à plus de 200 millions de femmes qui subissent l’excision. On remarquera au passage que ce n’est pas seulement dans les pays de l’Afrique subsaharienne que cette pratique demeure, mais qu’elle reste particulièrement élevée en Égypte comme au Soudan. De la même façon, au Mali, particulièrement dans la zone où les groupes armés terroristes que l’armée française a dû combattre étaient particulièrement importants, cette pratique concerne une large majorité de petites filles.

Encore une fois, dans le contexte actuel, les violences sexuelles, tout comme les féminicides, sont abordées, et l’on constate qu’il existe des variations culturelles avec une forte prévalence de ces pratiques dans le sous-continent indien.

Face au couple et au mariage

La partie qui est consacrée à la sphère privée montre l’évolution en matière de vie sexuelle, très largement différenciée en matière de précocité notamment. Dans les sociétés modernes, le recours à la contraception que l’on peut parfois trouver encore insuffisant, permet une période prolongée de sexualité juvénile largement différenciée des unions matrimoniales. Pour autant, dans la plupart des sociétés, avec des écarts différents, l’union des femmes se fait à un âge moins avancé que celle des hommes. Il n’empêche que, sous toutes les latitudes, la sexualité hors mariage se généralise, tout comme une évolution dans un sens plus libéral en matière de formes d’union.

Malgré ces évolutions, il existe encore un fort décalage pour ce qui concerne la conciliation entre la vie active et la vie familiale qui reste toujours difficile. À cet égard les politiques publiques restent essentielles, et cela n’est pas simplement une question de culture, puisque même aux Pays-Bas près de 40 % des mères occupent un emploi à temps partiel pour se consacrer à l’éducation des enfants.

Les femmes dans l’espace public

La place des femmes dans l’espace public est également abordée, notamment sous l’angle de la scolarisation, et l’on ne peut s’empêcher aujourd’hui de penser au sort des femmes afghanes que l’on prive de toute scolarisation, comme de l’accès à l’emploi d’ailleurs. Les inégalités de revenus restent persistantes, d’autant que l’on ne comptabilise pas le temps de travail domestique qui serait, s’il était pris en compte, un facteur réduisant les inégalités.

Cela conduit à aborder la dernière partie sur les combats qui restent à mener, simplement parce que les inégalités demeurent nombreuses, aussi bien dans le domaine des droits politiques que dans l’accès à ce qui peut être considéré comme essentiel, c’est-à-dire la nourriture. Parmi les indices nouveaux qui permettent d’évaluer les situations, il existe celui qui prend en compte l’inégalité de genre avec des disparités évidemment très importantes entre les continents, mais également à l’intérieur des continents. La situation est radicalement différente entre la Roumanie par exemple et la Suède. Différentes organisations internationales cherchent à affiner le calcul de cet indice en fonction des continents.

Les rubriques abordées dans cet Atlas touchent évidemment à l’intime, et s’il faut prendre les indications avec précaution, elles permettent d’avoir une idée finalement assez précise et très complète de ce mouvement en faveur de l’égalité qui a commencé au siècle précédent et qui mérite assurément d’être poursuivi.

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À propos de l’auteur
Bruno Modica

Bruno Modica

Bruno Modica est professeur agrégé d'Histoire. Il est chargé du cours d'histoire des relations internationales Prépa École militaire interarmes (EMIA). Entre 2001 et 2006, il a été chargé du cours de relations internationales à la section préparatoire de l'ENA. Depuis 2019, il est officier d'instruction préparation des concours - 11e BP. Il a été président des Clionautes de 2013 à 2019.

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