Au Bootcamp du HCFRN, la société civile est formée aux crises

12 avril 2025

Temps de lecture : 3 minutes

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Au Bootcamp du HCFRN, la société civile est formée aux crises

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Comment se défendre face au risque croissant de crise pouvant affecter durablement les intérêts vitaux de la France ? Comment préparer le monde civil à y faire face ? C’est précisément à ces questions que le Haut Comité Français pour la Résilience nationale (HCFRN) tente de répondre.

Du 10 au 19 avril, ils sont seize stagiaires à rejoindre le cœur du Gard pour vivre le Bootcamp organisé par le HCFRN. Ce camp vise à les former en vue de faire d’eux de véritables gestionnaires de crises de haute intensité. L’évènement mêle sessions de formation, ateliers pratiques, conférences et exercices de mise en situation et de terrain.

Le HCFRN

Créé en 1982 dans un contexte sensible de Guerre Froide, le HCFRN (initialement le Haut Comité Français pour la Défense Civile) est une association indépendante présidée depuis juin 2024 par Pierre Lellouche, ancien député, secrétaire d’Etat et conseiller de Paris. Elle a été imaginée pour nourrir la stratégie initiale du général de Gaulle visant à développer un système de défense fondé, entre autres, sur la défense civile.

Deux hommes en sont les maitres-d‘œuvre : le sénateur Maurice Schumann et le général Pierre Billotte, désireux de développer un lieu de réflexion pour les décideurs publics et privés en vue de protéger les citoyens français en cas de guerre. En effet, alors en pleine crise des euromissiles (1977–1987), le risque de guerre conventionnelle ou de nature NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) en centre-Europe s’accentuait, faisant réapparaitre le besoin de préparer la société civile.

Former la société civile aux crises

Dans cet objectif de développer la politique de défense civile, en complément de la stratégie militaire conventionnelle et la dissuasion nucléaire, le Haut Comité s’est dirigé vers le concept de « résilience », méta-concept mais également réalité opérationnelle permettant aux acteurs de mieux se préparer aux crises.

L’association s’est hissée parmi l’un des principaux think tank en France sur les questions d’urgence et de gestion de crise en cas de menaces majeures. Ces dernières se sont multipliées et affectent de plus en plus durement la société dans son ensemble, par le changement climatique ou des menaces hybrides par exemple.

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Christian Sommade, délégué général du HCFRN, affirme que « les disruptions peuvent survenir dans toutes les organisations civiles et elles ont besoin de savoir faire face ». D’où l’urgence de se préparer et de se former.

Pour cela, l’association axe ses activités autour de trois ensembles : une partie évènementielle se résumant à une rencontre par mois au Sénat depuis 25 ans et de multiples colloques, une partie centrée sur un riche travail de veille et d’alerte effectué quotidiennement et enfin, des opérations plus pratiques mêlant formation au terrain. Mais comme « on ne forme pas un gestionnaire de crise en quelques heures », toujours selon le délégué général, encore faut-il pouvoir organiser une réelle activité pratique mettant les stagiaires dans des conditions réelles de crise majeure.

Le Bootcamp « Résilience Organisationnelle »

C’est précisément dans ce cadre-là que s’organise le Bootcamp « Résilience Organisationnelle » qui a lieu du 10 au 19 avril. Au programme : une formation intensive combinant théorie et pratique. La théorie est acquise par six jours d’ateliers relatifs aux risques NRBC, à la cartographie, au secourisme, à la veille et à la communication alimentée de conférences stratégiques animées par des spécialistes de la sécurité et de la gestion de crise.

Le cœur de l’événement se tient dans le mythique camp militaire des Garrigues de plus de 4500 hectares, lieu d’entrainement des légionnaires du 2e régiment étranger d’infanterie (2e REI) et de la 6e brigade légère blindée. Deux jours d’exercices grandeur nature, incluant quatre scénarios sur 36 heures sans interruption, avec le soutien de nombreux partenaires du Haut Comité. Parmi ceux-ci se trouvent Orange, qui fournit la technologie satellitaire, le 2e REI qui apporte un soutien logistique, le GIGN, le SDIS et le SAMU qui participent directement aux exercices en apportant leur expertise tactique et opérationnelle.

16 stagiaires, aux profils variés, se réunissent donc pour vivre cette immersion singulière. Un officier supérieur pompier, un médecin et des directeurs de sûreté dispensent la formation. De plus, une certaine volonté de s’ouvrir à l’Europe semble émerger, puisqu’ils sont deux du Luxembourg et de la Belgique à rejoindre les rangs du camp, en vue de devenir gestionnaires de crise.

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Ainsi, la volonté affirmée du HCFRN est bien de préparer le monde civil aux menaces et aux risques de demain. « La défense doit être nationale, globale et doit intégrer la population », nous confie le délégué général, avant de faire le parallèle avec le conflit ukrainien et de constater que « les peuples sont aussi impactés que les forces militaires ».

L’initiative du Haut Comité semble plus que jamais nécessaire. « L’idée d’avoir une défense civile avec une population fait totalement sens aujourd’hui, comme elle faisait sens hier, comme elle fera sens toujours », conclut Christian Sommade.

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Gabriel de Solages

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