<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Bernoville, la renaissance d’un château #7

8 août 2023

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Bernoville, la renaissance d’un château #7

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Frappé de plein fouet par les guerres et les vandalismes, le château de Bernoville est toujours debout.

Pour Arcade, c’est également l’un des nouveaux lieux de l’année. Attirée par son histoire, la jeune association a décidé de reprendre en main les jardins et le parc, trop longtemps laissés à l’abandon. Le propriétaire est formel : Bernoville ne lui appartient pas vraiment. Il doit devenir un lieu de passage et de culture, de vie et de romantisme.

À l’épreuve de l’histoire

Le château de Bernoville se situe dans le Thiérache, au nord de l’Aisne, en plein cœur de cette région violemment touchée par les conflits internationaux des XIXe et XXe siècles. Sous le règne de Louis XIV, la demeure est alors bâtie par Jacques François Maxime de Chastenet, marquis de Puységur, futur maréchal. À cette époque, 250 cavaliers y sont logés. Au gré de ses nombreuses campagnes, le maréchal n’y a finalement jamais habité. Les écuries sont érigées au même moment. Le marquis entreprend cette construction à la fin de sa vie, aux alentours de 1715. Il n’en verra pas la fin. À sa mort, son fils se désintéresse de Bernoville et vend la propriété en 1746. Le nouveau propriétaire, Daniel Camp-Laurent, commissaire ordinaire des guerres, agrandit les écuries en 1748 et met en valeur le château et ses dépendances. Finalement, en 1783, la demeure est acquise par Flore Achille Hemet, ascendant du propriétaire actuel, Monsieur de Vains. La Révolution française passe par là, avec ses tourments et son chaos. Le plomb et les chenaux sont volés et fondus en balles, afin de financer les guerres aux frontières orientales du pays. Puis ce sont les affres de la guerre qui laissent des traces. En 1870, les terres connaissent la déroute. Les Prussiens endommagent le château. Puis en octobre 1918, Bernoville est forment endommagé, comme beaucoup de demeures dans la région. Une unité d’élite allemande occupe les lieux, avant que la bâtisse ne soit bombardée par les Américains. En 1922, le grand-père du propriétaire décide de relever la maison de ses ruines. Le ciment, nouveau matériau alors en vogue, est largement utilisé. Vingt ans plus tard, dans un pays de nouveau en guerre, la famille part sur les routes de l’exode, pour revenir trois ans plus tard, en 1943. L’année suivante, Monsieur de Vains, accusé d’avoir hébergé des résistants, est fusillé. Sa mémoire est encore très présente dans les cœurs des habitants. Son épouse reprend la mairie du village qu’il occupait.

Enfin, c’est la tante du propriétaire actuel qui récupère le château, puis qui, sans enfants, en fait don à Pierre de Vains.

Résurrection

Le propriétaire se décide à rénover de fond en comble le château et ses jardins, totalement laissés à l’abandon durant de trop nombreuses années. Il tient à en faire un fief de vie agréable, mais également une vitrine de l’architecture typique de l’Aisne. C’est pourquoi il ouvre régulièrement sa propriété à des groupes divers, tels que des tireurs d’arc ou bien des cinéphiles.

L’architecture est sobre. Deux simples ailes entourent un corps de logis fait de briques et de pierres, ainsi qu’une cour d’honneur. Une allée bordée de tilleuls centenaires conduit à l’entrée du château. Avec ses 2 800 m², Bernoville est l’un des plus grands châteaux de la région. La demeure est orientée selon les quatre points cardinaux. Les pièces de réception profitent du coucher de soleil à l’ouest, tandis qu’à l’opposé s’enfilent les cuisines et les salles de bain. À l’est, la majestueuse allée d’honneur répond au vaste jardin à la française et à ses buis taillés. Au terme de l’allée des Demoiselles s’étend un parc boisé, large de 17 hectares, avec son manège tournant, et son ancien vivier à poissons, grenadé pendant la dernière guerre.

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