<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Bitcoin et CBDC : la nouvelle cryptopolitique

23 octobre 2021

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Bitcoin et CBDC : la nouvelle cryptopolitique

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Si le bitcoin a trouvé sa place dans les conversations, la transformation politique qu’il peut amener est en revanche encore peu pensée. Loin d’être uniquement une innovation technique, son développement conduirait à des modifications radicales de l’ordre politique. En cela, il est bien une monnaie cryptopolitique.

« En 2020, les cryptoactifs font partie de la vie courante. De fait, moins de dix ans après leur création, ces instruments ont attiré l’attention non seulement des banques centrales et des régulateurs, mais aussi des entreprises et des particuliers[2]. » Le parcours accompli par le bitcoin est impressionnant. Depuis sa création en novembre 2008 par le mystérieux Satoshi Nakamoto, il a provoqué l’apparition d’une cryptosphère de plus de 8 000 cryptoactifs représentant aujourd’hui plus d’un trilliard de capitalisation boursière. Mais les enjeux géopolitiques menacent plus l’avenir des cryptomonnaies que les fluctuations erratiques de ces marchés.

Simple blague ou pari génial ? La question est reposée inlassablement depuis le 22 mai 2010, date à laquelle un utilisateur du forum Bitcointalk, Laszlo Hanyecz, a acheté, pour 10 000 bitcoins, deux pizzas commandées pour lui chez Papa John’s pour un autre habitué du forum. Quand le développeur informatique poste ce message, un bitcoin vaut 0,003 $, ce qui revenait à payer environ 15 $ la pizza. Onze ans plus tard, à l’heure où est écrit cet article, un bitcoin vaut plus de 27 000 €[3] et les pizzas de Lazlo plus de 270 millions. Contrairement à ce que l’on peut imaginer, le premier acheteur documenté d’un objet physique en bitcoins n’a pas jeté son argent par les fenêtres. Au moment où il publie sa commande farfelue, Hanyecz annonçait aussi travailler sur une nouvelle solution technologique permettant le minage de bitcoins par carte graphique et avoir déjà miné 81 432 bitcoins par ce biais. Pas si farfelu, l’informaticien américain est entré dans l’histoire comme le premier acheteur documenté d’un objet physique en bitcoins et a initié une véritable folie spéculative qui dure maintenant depuis une décennie. Depuis le « Bitcoin Pizza Day », célébré aujourd’hui chaque année par tous les bitcoiners le 22 mai, le cours du bitcoin a connu une augmentation de 1 345 366 666,67 %, et ce en dépit de trois crashs majeurs entre 2013 et 2021. La proposition formulée par le protocole Bitcoin est sans doute la plus radicale qui ait été introduite dans l’histoire du capitalisme moderne, mais la question reste encore en suspens : en quoi le bitcoin et les autres cryptomonnaies bouleversent-ils la conception de la valeur monétaire sur laquelle est fondé notre système économique ? La réponse, comme c’est souvent le cas en économie, est politique.

Un protocole révolutionnaire

Satoshi Nakamoto définit en 2008 le protocole Bitcoin comme « une version purement pair à pair du cash électronique qui autoriserait des paiements en ligne envoyés directement d’une partie à une autre sans passer par une institution financière[4] ». Un utilisateur possède donc des bitcoins sur un portefeuille électronique identifié par une clé publique et verrouillé par une clé de cryptage privée. La clé privée est celle qui permet à l’utilisateur du portefeuille – et à lui seul – d’accéder à ses cryptomonnaies pour les échanger. La clé publique fonctionne, elle, un peu comme une adresse email. Elle permet à un utilisateur d’envoyer ou de recevoir des actifs numériques en diffusant publiquement cette adresse ou en utilisant l’adresse de portefeuille d’un autre utilisateur. Cette transaction n’est pas authentifiée par une institution comme une banque, elle est validée par une opération algorithmique afin d’horodater et d’enregistrer les données de transactions sur la blockchain, base de données distribuée sur de multiples supports, potentiellement indestructible et infalsifiable. À chaque nouvel enregistrement des transactions opérées sur le réseau, toutes les versions de la blockchain sont simultanément mises à jour. Le réseau Bitcoin compte à ce jour 9 158 nœuds, c’est-à-dire 9 158 duplications de son registre comptable, qui totalise plus de 300 Go de données de transactions enregistrées et conservées depuis 2009. Toutes les dix minutes, les nouvelles transactions, réalisées en ligne d’une adresse de portefeuille électronique vers une autre, sont validées, horodatées et enregistrées sur la blockchain qui grossit encore et toujours. Le caractère radical de la proposition formulée par le protocole Bitcoin se situe là : un réseau mondial décentralisé et ouvert, permettant des transactions directes d’utilisateur à utilisateur, en employant une devise virtuelle, le bitcoin, dont le cours n’est appuyé que sur la pure loi de l’offre et de la demande et la confiance que lui accordent ceux qui choisissent de l’utiliser ou d’y investir.

Selon le vœu même de Satoshi Nakamoto, il ne peut y avoir qu’un maximum de 21 millions de bitcoins créés. À l’heure actuelle, 18,6 millions ont déjà été minés. Un bitcoin est en effet créé à travers le processus dit du minage qui consiste, pour certains utilisateurs du réseau Bitcoin, à allouer de la puissance de calcul, soit à partir de leur ordinateur (en mobilisant le processeur ou la carte graphique), ou d’une machine ASIC[5], spécialement dédié à cet effet.  Quand une transaction d’une adresse de portefeuille BTC vers une autre adresse est inscrite sur la chaîne de bloc, par une opération algorithmique qui vérifie – à partir des données de transaction : heure, montant, adresses concernées – que cette transaction est bien unique, que ceux qui l’opèrent sont bien possesseurs des fonds et qu’il n’y a pas de double paiement, les mineurs qui ont prêté de la puissance de calcul informatique pour permettre cette validation algorithmique sont récompensés en bitcoins. La récompense diminue de moitié tous les quatre ans. En 2009, 50 bitcoins étaient distribués aux mineurs qui validaient un bloc de transaction ajouté à la blockchain. En 2021, cette récompense est tombée à 6,25 BTC. On peut d’ailleurs constater une corrélation entre les phénomènes de hausse du cours du bitcoin et le « halving », la diminution par deux du volume de récompense alloué aux mineurs.

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Trop énergivore ?

La puissance de calcul requise est aujourd’hui trop phénoménale, ainsi que la facture d’électricité qui l’accompagne, pour permettre à un seul mineur d’empocher la totalité de la récompense. Les mineurs se sont donc organisés depuis des années en pools, c’est-à-dire en petit regroupement d’utilisateurs mettant en commun leur matériel pour partager entre eux les récompenses. L’autre solution est de rassembler sur un même site un grand nombre de machines capables de miner du bitcoin à grande échelle. L’investissement en matériel et en énergie devient à ce niveau énorme et c’est cela qui suscite les critiques de plus en plus acerbes de ceux qui voient dans bitcoin un phénomène uniquement spéculatif et énergivore.  D’après le Cambridge Center for Alternative Finance, le réseau Bitcoin représente 0,43 % de la production électrique mondiale. « La question de la consommation énergétique entraînée par le réseau Bitcoin ne doit pas être écartée. De manière générale, je pense que notre modèle de développement va dans le mur en matière de consommation énergétique et ce problème n’est pas limité au bitcoin ou aux autres cryptomonnaies. Je reste en partie optimiste et je crois qu’il est possible que nous trouvions des solutions technologiques et industrielles pour y remédier », remarquait Adli Takkal Bataille, spécialiste des cryptomonnaies, dans un entretien accordé à Conflits le 8 mai 2021. En l’occurrence, de plus en plus d’acteurs de l’industrie de minage liée au bitcoin ou à d’autres cryptomonnaies se tournent vers les énergies vertes, initiant au Kazakhstan, au Canada, en Islande ou même en France, des partenariats dans le secteur de l’hydroélectrique, de l’éolien ou du solaire pour miner « vert » et décarboné et la Chine, autrefois eldorado du minage, est en train de mettre un terme à cette activité. Le Cambridge Center for Alternative Finance relève que la part des sources d’énergies renouvelables (hydro-électricité, solaire, éolien…) dans la consommation électrique du réseau Bitcoin s’élève aujourd’hui à 39 %. Elon Musk, PDG de Tesla Motors, n’a-t-il pas annoncé en mars 2021 que sa firme acceptait les paiements en bitcoins, provoquant une accélération de la hausse du cours jusqu’à 65 000 $, avant de se rétracter en annonçant par un tweet en mai que le bitcoin n’était finalement pas assez « vert » pour sa firme ? Dans les jours qui ont suivi, le cours du bitcoin a été divisé par deux. Le 14 juin 2021, le rusé Musk a laissé entendre via Twitter qu’il serait prêt à rétablir la possibilité par Tesla Motors d’accepter des paiements en bitcoin si le réseau Bitcoin pouvait se targuer d’assurer au moins 50 % de sa consommation d’électricité par le biais des énergies renouvelables. Le cours de la devise virtuelle et de la majeure partie des autres cryptomonnaies est éphémèrement remonté.

Au-delà de l’aspect énergétique et écologique, la sensibilité de la cryptosphère aux déclarations et volte-face du patron de Tesla illustre, pour nombre de critiques des cryptomonnaies, devises ou actifs, l’immaturité de cette nouvelle forme de finance. La monnaie est définie par Aristote comme une unité de compte, une réserve de valeur et un outil intermédiaire des échanges, mais il apparaît difficile d’attribuer aujourd’hui au bitcoin, et aux quelque 8 000 cryptomonnaies qui existent à l’heure actuelle, l’un de ces trois attributs. Pour être réellement considéré comme un véritable outil intermédiaire des échanges, c’est-à-dire une monnaie, le bitcoin, comme n’importe quelle autre cryptomonnaie, devrait pouvoir s’appuyer sur un cours stable, ce qui est le cas des stablecoins, cryptomonnaies dont le cours est indexé sur celui du dollar, mais qui sont majoritairement utilisés pour sécuriser les profits réalisés en cryptomonnaies sans repasser par l’euro ou le dollar. Les cryptomonnaies, de même que les stablecoins, sont encore peu utilisées pour des transactions commerciales. En clair, les détenteurs de cryptomonnaies préfèrent les conserver afin de les revendre au cours le plus haut plutôt que de les dépenser inconsidérément.

Doit-on dès lors considérer les cryptomonnaies, et le bitcoin en particulier, comme des actifs financiers ou des monnaies de réserve, comparables à l’or ? Là encore, cela paraît difficile. Comme le soulignent Michel Aglietta et Natacha Valla : « Un cryptoactif est un actif enregistré sous forme numérique qui ne représente ni une créance financière ni un passif financier de quelque personne physique ou morale que ce soit, et qui ne constitue pas non plus un droit de propriété sur une entité[6]. » Les deux économistes sont d’ailleurs formels, le bitcoin et les autres cryptodevises ne peuvent ni être considérés comme des monnaies, ni comme des actifs, ni comme des valeurs de réserve puisque leur valeur n’est fondée que sur la confiance des communautés et des réseaux qui utilisent les cryptoactifs ou cryptodevises.

Du dollar au bitcoin ?

Mais en dépit des réticences des économistes ou des experts à accepter la réalité économique du bitcoin et des autres cryptomonnaies, celle-ci pèse aujourd’hui plus d’un trilliard de dollars et elle représente un facteur d’évolution financière, géoéconomique et géopolitique déterminant. Si le système économique mondial repose encore largement sur la domination du dollar – qui représentait encore en 2020 deux tiers des stocks de devises –, de nombreux analystes estiment que cette situation n’est pas vouée à perdurer. L’économie mondiale repose depuis les années 1970 sur la dématérialisation des actifs et des moyens de paiement et sur l’accroissement incontrôlable des dettes publiques. L’effet combiné de la crise sanitaire, des politiques de confinement et des mécanismes d’aides publiques au secteur privé malmené par la crise a contribué à accentuer de façon vertigineuse la dette mondiale. Pour les analystes Joel Kotkin et Hügo Krüger, dans Quillette.com[7], la crise économique qui fait suite à la crise sanitaire peut faire advenir plus rapidement les bouleversements déjà pressentis de longue date et remettre en question la domination du dollar, à moins que les États-Unis se résignent à accepter une réduction de leur rôle géopolitique ou à s’appuyer sur une politique de taxation plus importante pour soutenir leur économie, qui connaît un niveau d’endettement si important que la confiance des acteurs économiques mondiaux dans le dollar comme monnaie de réserve peut en être affectée.

Comme le note Bill Campbell, dans une étude publiée par la société de gestion de placements Double Line : « Le monde pourrait abroger l’exorbitant privilège dont les États-Unis ont bénéficié en tant que planche à billets de la réserve mondiale de devises et soumettre le dollar à une forte pression dépréciative[8]. » Par quel moyen ? Grâce aux monnaies électroniques nationales lancées et contrôlées par les banques centrales, ou CBDC. L’économie mondiale a adopté depuis longtemps déjà la monnaie électronique. Avec l’explosion des flux financiers et scripturaux, la monnaie est effectivement réduite à un ensemble de signes et de valeurs symboliques. Depuis le rush cryptomonétaire de 2017, les banques, marchés boursiers et acteurs institutionnels s’intéressent de près à la technologie blockchain et à l’idée de devises virtuelles émises et soutenues par les gouvernements et banques centrales. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir si les États vont créer leur propre devise numérique, mais bien plutôt quand cela va intervenir et qui le fera en premier. Comme le note l’économiste Pippa Malmgren[9]: « Une manière de traiter le problème colossal de la dette est d’abandonner tout simplement le système monétaire et comptable traditionnel et d’en adopter un nouveau. Cela semble impossible et pourtant nous sommes en train d’entamer cette transition[10]. »

On comprend que les institutions financières et bancaires ou les gouvernements se soient au départ inquiétés de l’arrivée de ce nouveau concurrent que sont les cryptomonnaies, mais on comprend aussi que les cryptoenthousiastes et défenseurs du bitcoin s’inquiètent désormais de l’intérêt manifesté par les institutionnels et les gouvernements pour les CBDC. La Suède a déjà testé son « e-krona », la Chine expérimente son renminbi virtuel, la banque du Canada veut lancer une monnaie virtuelle, évidemment annoncée comme plus écologique que le bitcoin, et l’Union européenne planche sur un euro virtuel qui verrait le jour aux alentours de 2024-2025. Face à l’émergence des CBDC et autres monnaies virtuelles étatiques, le bitcoin et les autres cryptomonnaies apparaissent au mieux comme un concurrent, au pire comme une menace, sans compter les craintes suscitées par le projet de devise virtuelle Libra, annoncée en 2019 par Facebook. Le Libra, devenu aujourd’hui le Diem, a vocation à être un stablecoin, un cryptoactif au cours stable indexé sur le cours d’un panier de devises internationales comme le dollar ou le yen. Le projet n’a toujours pas abouti, mais il a immédiatement suscité une levée de boucliers de la part des gouvernements américain et européens et certainement accéléré les efforts de ceux-ci en faveur de la création de CBDC nationales. De son côté, la Chine a annoncé en mai 2021, pour la huitième fois depuis 2013, qu’elle adoptait des mesures restrictives à l’encontre du minage et des transactions en cryptomonnaies sur le territoire de la République populaire, à la différence près que cette annonce a cette fois été accompagnée de mesures drastiques : saisie de matériel, arrestations, peines de prison et démantèlement de fermes de minage. Les annonces chinoises contribuent à rendre la situation plus morose encore sur les cryptomarchés, mais au-delà de la question des cours, on est en droit de se demander si la guerre contre le bitcoin et les cryptomonnaies ne vient pas d’être vraiment déclarée.

A lire également : Bitcoin, la monnaie de demain ? Entretien avec Adli Takkal Bataille

Le bitcoin révolutionne l’ordre géopolitique

Le bitcoin en lui-même peut être perçu comme un ennemi de toute politique monétaire stato-contrôlée et centralisée puisque sa valeur est totalement décorrélée de toute notion de souveraineté économique et monétaire. Néanmoins, on observe, à l’inverse de ce qui se passe en Chine, une adoption beaucoup plus forte des cryptomonnaies dans un certain nombre d’États que l’on était habitué à voir figurer dans les marges d’une mondialisation pas forcément heureuse. Ainsi le Salvador a-t-il voté le 9 juin dernier l’adoption du bitcoin comme seconde monnaie officielle du pays, au grand dam du FMI et de la Banque mondiale qui ont condamné l’initiative. Mais c’est le continent africain qui s’affirme de plus en plus comme un nouvel eldorado des cryptomonnaies, dans une région du monde où l’accès de la population aux services bancaires traditionnels est très inégal, mais où le développement rapide de la couverture internet crée des conditions propices à l’adoption des cryptomonnaies en tant que véritable système de financement et d’économie parallèle. On n’a donc sans doute pas fini d’entendre parler des cryptomonnaies, mais la succession, devenue presque cyclique, des bulles spéculatives et des cryptocrashs tous les quatre ans va sans doute être bouleversée et refaçonnée par une nouvelle donne géopolitique ou, devrait-on plutôt dire, « cryptopolitique ».

[1] Central bank digital currency, ce qui en français donne « monnaie digitale de banque centrale » (MDBC).

[2] Michel Aglietta et Natacha Valla, Le futur de la monnaie, préface de Benoît Cœuré, Odile Jacob, 2021, p. 64.

[3] Selon le site Coinmarketcap le 15 juin 2021.

[4] Satoshi Nakamoto, « Bitcoin: A Peer-to-Peer Electronic Cash System », 31 octobre 2008. https://bitcoin.org/bitcoin.pdf : « A purely peer-to-peer version of electronic cash would allow online payments to be sent directly from one party to another without going through a financial institution ».

[5] Application-Specific Integrated Circuit, circuit intégré spécialisé et produit pour remplir une tâche précise.

[6] Michel Aglietta et Natacha Valla, op. cit., p. 77.

[7] Joel Kotkin and Hügo Krüger, « The Coming Post-Covid Global Order », 19 octobre, 2020.

[8] Bill Campbell, « Bilateral Digital Currency Payments and the Twilight of the Dollar », Double Line, octobre 2020, p. 4.

[9] Coauteur avec Chris Lewis de The Infinite Leader. Balancing the demand of modern business leadership chez Kogan Page en 2020. Économiste et ancienne conseillère de G.W. Bush à la Maison-Blanche.

[10] Pippa Malmgren, « From Tally Sticks to Blockchain – The Redenomination of Your Entire Life », publié sur LinkedIn le 23 juin 2017.

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À propos de l’auteur
Laurent Gayard

Laurent Gayard

Docteur en études politiques du centre Raymond Aron de l’EHESS. Professeur à l’Institut Catholique de Paris.
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