<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Des énergies renouvelables de plus en plus diversifiées, de moins en moins brésiliennes

24 juin 2020

Temps de lecture : 2 minutes
Photo : Éoliennes © Pixabay
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Des énergies renouvelables de plus en plus diversifiées, de moins en moins brésiliennes

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À Janauba, au nord du Minas Gerais, l’agroalimentaire a toujours dominé l’économie. Ces derniers temps pourtant, la culture des fruits et du soja ainsi que l’élevage bovin pâtissent des conséquences de la pire sécheresse de l’histoire de la ville. La municipalité de 70 000 habitants est située dans le « polygone de sécheresse », une région aux températures élevées et aux pluies rares. Perçu de tout temps comme un obstacle, le soleil y est désormais bienvenu. Une bonne portion des terres infertiles s’est transformée en source de revenu grâce à la production d’énergie solaire.

Priorité au solaire

Ces dernières années, le Brésil est passé d’un modèle presque exclusivement hydroélectrique à un autre, fondé sur les sources d’énergie alternatives, notamment éolienne et solaire. La seconde a le plus fort potentiel de développement. En effet, les panneaux solaires peuvent approvisionner en électricité non seulement les entreprises, mais aussi les particuliers.

En 2013, on comptait à peine 29 mini et micro centrales sur le territoire national. Cette année, l’Agence brésilienne d’énergie électrique en recense 23 584. Jusqu’en 2024, le gouvernement prévoit une croissance de ce nombre qui pourrait atteindre 800 000 unités. Cette tendance a permis, ces dix dernières années, une diminution de 80 % du prix des produits photovoltaïques. En 2030, le marché de l’énergie solaire devrait représenter 28 milliards d’euros.

Depuis 2015, le Brésil a affirmé sa volonté d’augmenter le ratio d’énergies renouvelables dans son bilan énergétique, soit un passage de 28 % à 33 % en 2030. Cet objectif inclut des sources telles que l’éthanol, la biomasse, l’éolien et l’énergie solaire. Pas d’hydroélectricité car elle pose de graves problèmes sociaux et environnementaux, liés notamment à la construction de barrages. En janvier 2018, le Brésil a franchi une étape importante en initiant sa procédure d’adhésion à l’Agence internationale des énergies renouvelables (Irena), ce qui pourrait le placer au centre des discussions internationales sur la transition énergétique.

L’intérêt des Chinois

L’énorme potentiel de croissance du réseau brésilien suscite surtout l’intérêt de groupes étrangers qui contrôlent de plus en plus d’infrastructures énergétiques locales. En 2017, le secteur a attiré environ 12,5 milliards de dollars d’investissements étrangers. En juin 2018, le groupe italien Enel est devenu le chef de file de la distribution d’énergie au Brésil. Il a acheté 73 % des actions d’Eletropaulo, la compagnie d’énergie de Sao Paulo (la ville la plus riche, la plus peuplée et la plus exigeante en matière d’électricité du pays). Le groupe italien dispose désormais d’une base de 17 millions de consommateurs. Avant Enel, CPFL Energia, une filiale du groupe chinois State Grid, arrivée au Brésil en 2010, était en première position. Selon Qu Yang, vice-président de l’unité brésilienne de State Grid, le groupe se concentrera sur les énergies renouvelables dans le Nordeste.

La croissance des investissements étrangers est liée au déclin des entreprises énergétiques locales. L’une des causes est à chercher dans les contraintes légales imposées par l’ex-présidente Dilma Rousseff, en 2012. Celles-ci ont subordonné le renouvellement des concessions d’exploitation à une baisse de 20 % des prix pour juguler l’inflation. Par ailleurs, les entreprises du BTP, spécialisées dans les infrastructures, ont subi les conséquences de l’opération Lava Jato, la plus grande enquête anticorruption de l’histoire brésilienne. Du jour au lendemain, les entreprises lourdement endettées ont décidé de vendre leurs actifs « au prix d’une banane », selon l’expression brésilienne consacrée.

Comme dans d’autres pays d’Amérique latine et du monde, la profusion d’opportunités a attiré les groupes chinois. Depuis 2003, ces derniers ont confirmé 102 projets, des investissements atteignant 53,9 milliards de dollars. Leur participation pourra devenir encore plus importante, dès que le gouvernement brésilien aura privatisé le reste des entreprises publiques du secteur.

Un géant énergétique

Production Rang mondial
Charbon 8 millions de tonnes 25e
Pétrole 134 millions de tonnes 10e
Hydroélectricité 400 TWh 3e
Biomasse 50 Twh 2e
À propos de l’auteur
Gustavo Ribeiro

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