Carte – Les projets de liaisons ferroviaires soutenus par la Chine

2 avril 2025

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : Liaisons ferroviaires soutenues par la Chine (c) AFP

Abonnement Conflits

Carte – Les projets de liaisons ferroviaires soutenus par la Chine

par

La Chine a considérablement renforcé ses investissements dans les infrastructures ferroviaires en Asie centrale et en Asie du Sud-Est dans le cadre de son initiative des Nouvelles Routes de la Soie (Belt and Road Initiative, BRI). Ces lignes de chemin de fer visent à améliorer la connectivité régionale, à faciliter le commerce et à accroître l’influence géopolitique de Pékin dans ces régions stratégiques.

Un axe clé pour le commerce eurasiatique

La ligne ferroviaire Ouzbékistan – Kirghizistan – Chine, en projet depuis des années, a récemment bénéficié d’un accord tripartite pour sa construction. Cette liaison de 523 km doit relier Kachgar (Chine) à Andijan (Ouzbékistan) en passant par le Kirghizistan. Elle permettra de réduire le temps de transport des marchandises entre la Chine et l’Europe de 7 à 10 jours, offrant une alternative aux routes passant par la Russie, actuellement impactées par les sanctions occidentales. Le projet, qui suscite des réticences en Russie, pourrait renforcer la dépendance des pays d’Asie centrale vis-à-vis de Pékin.

Pakistan : une extension ferroviaire vers Gwadar

Le Pakistan bénéficie également d’investissements chinois massifs à travers le China-Pakistan Economic Corridor (CPEC). Une ligne ferroviaire reliant Gwadar, port stratégique de la mer d’Arabie, à la Chine, est en cours de construction. L’objectif est de permettre à Pékin d’avoir un accès direct aux routes maritimes du Golfe, contournant ainsi le détroit de Malacca, vulnérable aux tensions géopolitiques. Toutefois, la situation sécuritaire au Baloutchistan, où se situe Gwadar, représente un défi majeur pour ce projet.

Asie du Sud-Est : un réseau ferroviaire en expansion

La Chine est également active en Asie du Sud-Est, où elle finance et construit plusieurs grandes liaisons ferroviaires transfrontalières. La ligne Laos-Chine, déjà opérationnelle, relie Kunming (Chine) à Vientiane (Laos) et constitue un axe stratégique pour connecter le Yunnan aux marchés de l’ASEAN. En Malaisie, Pékin cofinance la construction d’une ligne à grande vitesse entre Kota Bharu et Port Klang, un projet visant à fluidifier le commerce régional. Au Vietnam, des discussions avancées portent sur la modernisation de la ligne Lao Cai – Hanoï – Haiphong, afin de faciliter l’exportation des produits manufacturés vietnamiens vers la Chine. Ces infrastructures renforcent l’influence économique chinoise tout en favorisant l’intégration régionale.

Des craintes d’endettement et de dépendance

Si ces infrastructures sont perçues comme un levier de développement, elles suscitent également des inquiétudes, notamment en raison des dettes colossales contractées par certains pays bénéficiaires. Le Laos, par exemple, doit plus de 6 milliards de dollars à la Chine pour la construction de sa ligne ferroviaire. De plus, des critiques émergent quant à la mainmise chinoise sur les infrastructures stratégiques, Pékin prenant parfois le contrôle d’actifs clés en cas de défaut de paiement.

Pékin face à la concurrence régionale

Ces projets ferroviaires s’inscrivent dans une compétition plus large entre la Chine et d’autres puissances influentes dans la région. Le Japon, par l’intermédiaire de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), finance également des lignes ferroviaires en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande et aux Philippines, pour contrer l’influence chinoise. L’Inde, quant à elle, cherche à promouvoir des projets d’infrastructure alternatifs en Asie du Sud, notamment au Bangladesh et au Sri Lanka, pour réduire la dépendance régionale à Pékin.

À lire également : Vidéo – La Chine étend ses routes de la soie

Mots-clefs :

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !
À propos de l’auteur
Revue Conflits avec AFP

Revue Conflits avec AFP

Voir aussi

Tokaïev entre Washington, Moscou et Pékin : la diplomatie multivectorielle du Kazakhstan à l’œuvre

Depuis juin 2025, le président kazakhstanais Kassym-Jomart Tokaïev a multiplié les déplacements de haut niveau : une séquence ouverte par des échanges bilatéraux avec Pékin, suivie d’un sommet à Washington puis d’une visite d’État à Moscou. En apparence disparates, ces visites dessinent en réalité une ligne claire : celle d’un Kazakhstan déterminé à s’affirmer au cœur des recompositions géopolitiques eurasiennes sans s’aligner entièrement sur aucun camp. Elles illustrent une fois encore la constance d’Astana dans sa diplomatie multivectorielle.

Le Modi Premium en péril

Les élections qui se déroulent cette semaine dans l'État du Bihar, le plus pauvre de l'Inde avec une population équivalente à celle du Mexique, s'annoncent comme un test décisif pour la résilience politique et l'orientation stratégique du Premier ministre Narendra Modi. Alors que les droits de douane de 50 % imposés par les États-Unis pèsent sur les perspectives économiques de l'Inde, un virage populiste s'opère dans l'élaboration des politiques, ce qui menace de faire baisser la notation des actions indiennes.

La Chine s’impose sur les terres rares

La stratégie chinoise des terres rares illustre la capacité de la Chine à planifier sur le long terme. En moins de quarante ans, la Chine est passée du statut de producteur périphérique à celui de maître incontesté de la filière mondiale. Son exécution progressive, extraction, intégration, consolidation, puis innovation, révèle une grande cohérence stratégique.