La Chine a considérablement renforcé ses investissements dans les infrastructures ferroviaires en Asie centrale et en Asie du Sud-Est dans le cadre de son initiative des Nouvelles Routes de la Soie (Belt and Road Initiative, BRI). Ces lignes de chemin de fer visent à améliorer la connectivité régionale, à faciliter le commerce et à accroître l’influence géopolitique de Pékin dans ces régions stratégiques.
Un axe clé pour le commerce eurasiatique
La ligne ferroviaire Ouzbékistan – Kirghizistan – Chine, en projet depuis des années, a récemment bénéficié d’un accord tripartite pour sa construction. Cette liaison de 523 km doit relier Kachgar (Chine) à Andijan (Ouzbékistan) en passant par le Kirghizistan. Elle permettra de réduire le temps de transport des marchandises entre la Chine et l’Europe de 7 à 10 jours, offrant une alternative aux routes passant par la Russie, actuellement impactées par les sanctions occidentales. Le projet, qui suscite des réticences en Russie, pourrait renforcer la dépendance des pays d’Asie centrale vis-à-vis de Pékin.
Pakistan : une extension ferroviaire vers Gwadar
Le Pakistan bénéficie également d’investissements chinois massifs à travers le China-Pakistan Economic Corridor (CPEC). Une ligne ferroviaire reliant Gwadar, port stratégique de la mer d’Arabie, à la Chine, est en cours de construction. L’objectif est de permettre à Pékin d’avoir un accès direct aux routes maritimes du Golfe, contournant ainsi le détroit de Malacca, vulnérable aux tensions géopolitiques. Toutefois, la situation sécuritaire au Baloutchistan, où se situe Gwadar, représente un défi majeur pour ce projet.
Asie du Sud-Est : un réseau ferroviaire en expansion
La Chine est également active en Asie du Sud-Est, où elle finance et construit plusieurs grandes liaisons ferroviaires transfrontalières. La ligne Laos-Chine, déjà opérationnelle, relie Kunming (Chine) à Vientiane (Laos) et constitue un axe stratégique pour connecter le Yunnan aux marchés de l’ASEAN. En Malaisie, Pékin cofinance la construction d’une ligne à grande vitesse entre Kota Bharu et Port Klang, un projet visant à fluidifier le commerce régional. Au Vietnam, des discussions avancées portent sur la modernisation de la ligne Lao Cai – Hanoï – Haiphong, afin de faciliter l’exportation des produits manufacturés vietnamiens vers la Chine. Ces infrastructures renforcent l’influence économique chinoise tout en favorisant l’intégration régionale.
Des craintes d’endettement et de dépendance
Si ces infrastructures sont perçues comme un levier de développement, elles suscitent également des inquiétudes, notamment en raison des dettes colossales contractées par certains pays bénéficiaires. Le Laos, par exemple, doit plus de 6 milliards de dollars à la Chine pour la construction de sa ligne ferroviaire. De plus, des critiques émergent quant à la mainmise chinoise sur les infrastructures stratégiques, Pékin prenant parfois le contrôle d’actifs clés en cas de défaut de paiement.
Pékin face à la concurrence régionale
Ces projets ferroviaires s’inscrivent dans une compétition plus large entre la Chine et d’autres puissances influentes dans la région. Le Japon, par l’intermédiaire de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), finance également des lignes ferroviaires en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande et aux Philippines, pour contrer l’influence chinoise. L’Inde, quant à elle, cherche à promouvoir des projets d’infrastructure alternatifs en Asie du Sud, notamment au Bangladesh et au Sri Lanka, pour réduire la dépendance régionale à Pékin.
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