Île de Ko Kut : rivalité pour le gaz

15 juillet 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Ko Kut. Plage idyllique mais guerre pour le gaz (c) Wikipédia

Abonnement Conflits

Île de Ko Kut : rivalité pour le gaz

par

Une île située dans le golfe de Thaïlande, revendiquée par le Cambodge. Des réserves de gaz décelées. Un conflit frontalier qui se ravive. Ko Kut rappelle que les frontières maritimes sont des enjeux majeurs, surtout quand il est question d’énergie

C’est la quatrième plus grande île de Thaïlande, avec une superficie de 105 km2. Située dans le golfe éponyme, Ko Kut fut longtemps une île de pêcheurs, avant de devenir un lieu touristique, moins renommé toutefois que Phuket. Située à 40 km des côtes de la Thaïlande et à une vingtaine de kilomètres de celles du Cambodge, Ko Kut fut officiellement intégrée au royaume du Siam par les accords de 1907. Une intégration reconnue et qui ne posait aucun problème, avant que des gisements de gaz soient découverts dans la zone maritime de celle-ci.

Île de Ko Kut (c) Apple Map

Du gaz dans l’eau

Tout débute avec la prospective énergétique qui aboutit à la découverte de gisements de gaz, dans ce qui est désormais nommée la Overlapping Claims Area (OCA). Le golfe de Thaïlande possède en effet des gisements de pétrole et de gaz bien établis, qui s’étendent sur toute la longueur de la péninsule thaïlandaise et jusqu’en Malaisie.

Or l’île de Ko Kut est située au sud de la zone. Sa ZEE donne accès à la OCA et donc aux potentiels gisements de gaz, estimés à 311 milliards de m3. De quoi raviver la rivalité du Cambodge qui demande à revoir la ligne frontalière et qui exprime désormais des revendications sur l’île de Ko Kut. Un protocole d’accord avait été conclu en 2001 entre les deux pays mais celui-ci est désormais au point mort à cause des tensions menées par le Cambodge et des revendications de plus en plus forte de Phnom Penh. Des tensions qui empêchent l’exploitation des gisements dont l’exploration est pour l’instant au point mort.

Positionnement de l’île de Ko Kut (c) Apple Map

La question de la frontière

En 1904, la France a cédé l’île de Ko Kut au royaume du Siam, cession confirmée par le traité de 1907. Mais en 1972, le Cambodge a déclaré que, sur la base du traité de 1907, la frontière maritime était une ligne allant du point terminal de sa frontière terrestre sur la côte jusqu’au point le plus élevé de Ko Kut, revendiquant ainsi la moitié sud de l’île. Des revendications que le Cambodge continue de maintenir, en dépit des traités internationaux.

En 2024, le gouvernement thaïlandais a proposé un accord au Cambodge de partage des revenus des ressources gazières, en échange de la reconnaissance de la pleine souveraineté de la Thaïlande sur l’île. Mais cette main tendue par Bangkok n’a pas été prise par Phnom Penh, qui maintient sa volonté de contrôler l’île, quitte à se passer de la manne financière du gaz.

Source Khmers Times

Mots-clefs : , ,

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !
À propos de l’auteur
Etienne de Floirac

Etienne de Floirac

Étienne de Floirac est journaliste

Voir aussi

L’URSS et l’Afghanistan. Entretien avec Mikhaïl Gorbatchev

Alors en poste à Leipzig, Eugène Berg a pu rencontrer Mikhaïl Gorbatchev en 1994. Ils ont longuement parlé de l’Afghanistan et du retrait de l’URSS. Une page d’histoire qui permet de mettre en perspective la politique actuelle de Vladimir Poutine en Ukraine et son obsession de ne pas...

Essenzialmente Laura : la voie des parfums

À Rome, Laura Bosetti Tonatto joue avec les parfums et l’histoire pour créer un monde de fragrances et de rêves C’est une boutique en style de pharmacie et d’apothicaire, dans la via des Coronari, celle qui conduit de la piazza Navone au Vatican. Une rue bordée de boutiques d’artisans...