De mars 2022 à mars 2025, trois ans de guerre au regard des évolutions des frontières. Après le front militaire, c’est désormais le front diplomatique qui se met en mouvement.
Le 3 mars 2025, les relations entre les États-Unis et l’Ukraine connaissent un tournant majeur avec la décision du président Donald Trump de suspendre l’aide militaire américaine à Kiev. Selon The New York Times, cette suspension s’inscrit dans une volonté plus large de réorienter la politique étrangère américaine, Trump insistant sur la nécessité de concentrer les ressources sur des priorités nationales et de pousser les alliés européens à assumer une plus grande responsabilité dans le conflit. En réalité, les États-Unis regardent du côté du Pacifique depuis Obama, et leur plus grande hantise est le rapprochement sino-russe, qu’ils veulent à tout prix éviter.
2022 : Avancée rapide des forces russes
Dès le 25 février 2022, au lendemain du lancement de l’offensive russe, les troupes de Moscou s’emparent rapidement de vastes territoires dans le nord, l’est et le sud de l’Ukraine. Les forces russes avancent vers Kiev et tentent d’assiéger la capitale, tandis que dans le sud, elles prennent le contrôle de Kherson, Marioupol et d’une grande partie de la région de Zaporijjia. La Crimée, annexée par la Russie en 2014, sert de base arrière stratégique pour les opérations militaires dans le sud du pays.
2023 : Reflux des forces russes et soutien occidental accru
Un an plus tard, en février 2023, la situation évolue en faveur des Ukrainiens. Grâce aux contre-offensives menées dans les régions de Kharkiv et Kherson, les forces de Kiev parviennent à reprendre plusieurs territoires occupés, notamment autour de Lyman et Izioum. Cependant, la Russie stabilise une ligne de front s’étendant de la région de Louhansk jusqu’à la mer d’Azov. L’Ukraine bénéficie alors du soutien militaire accru de l’OTAN, notamment en matière d’artillerie et de défense anti-aérienne.
2024 : Stabilisation du front
En février 2024, la guerre s’enlise et le front devient de plus en plus figé. Les Russes maintiennent le contrôle de Marioupol, Melitopol et d’une grande partie du Donbass, tandis que les avancées sont limitées des deux côtés. L’Ukraine continue de mener des frappes sur les positions russes, mais les opérations offensives se heurtent à des lignes de défense fortifiées, en particulier dans le sud du pays.
2025 : Contre-offensives ukrainiennes et incursions en territoire russe
En février 2025, l’armée ukrainienne lance une série de contre-offensives dans l’est du pays. Les forces ukrainiennes ont repris le village de Kotlyne près de Pokrovsk. Cette avancée souligne les difficultés des forces russes à maintenir leurs positions dans cette zone stratégique. Parallèlement, des sources rapportent que des unités ukrainiennes ont mené des incursions dans la région russe de Koursk, ciblant notamment des infrastructures logistiques. Cependant la ligne de front ne connaît pas de changement substantiel.
Mars 2025 : Sans les Américains
La récente décision du retrait américain a suscité une levée de boucliers à la fois en Ukraine et parmi leurs alliés occidentaux, certains estimant qu’elle affaiblit considérablement la position de Kiev face aux offensives russes. Selon Le Figaro, cela concerne notamment les livraisons de chars Abrams, de missiles à longue portée et de systèmes de défense aérienne, éléments cruciaux pour la défense ukrainienne face aux offensives russes.
À l’Assemblée nationale française, un débat surprenant a émergé sur la position de Paris vis-à-vis du conflit. Certains députés appellent à une réévaluation du soutien militaire à l’Ukraine, arguant que les États-Unis se désengagent progressivement et que la France doit adapter sa politique. Ce débat reflète les fractures internes des démocraties occidentales quant à la poursuite du soutien à Kiev. La décision américaine intervient alors que l’armée ukrainienne poursuit ses contre-offensives, notamment autour de Pokrovsk, tout en devant faire face à un affaiblissement potentiel de son approvisionnement en armement occidental.
Vers un point de rupture ?
Trois ans après le début de l’invasion russe, la guerre en Ukraine semble atteindre un point critique. La rupture de l’équilibre stratégique pourrait intervenir dans les prochains mois, sous l’effet conjugué du retrait progressif du soutien occidental, de la pression économique sur Kiev et de la nécessité pour Moscou de consolider ses gains territoriaux avant d’éventuelles négociations. Les incertitudes sur l’engagement des États-Unis, la résilience de l’armée ukrainienne et la capacité de la Russie à maintenir son effort de guerre seront déterminantes pour la suite du conflit.