<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La géopolitique diplomate

24 juin 2019

Temps de lecture : 11 minutes
Photo : Le Président français Nicolas Sarkozy, à gauche, avec le Président de la Commission européenne Jose Manuel Barroso et la Chancelière allemande Angela Merkel lors d’une table ronde lors d’un sommet de l’UE à Bruxelles le vendredi 2 mars 2012. Photo : SIPA AP21185080_000002
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La géopolitique diplomate

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Georges-Henri Soutou n’est pas un géopoliticien au sens strict, mais un historien des relations internationales. Il est l’un de nos meilleurs spécialistes des relations franco-allemandes, et de l’Allemagne en général. Il n’en reconnaît pas moins une utilité à la géopolitique qui, à ses yeux, peut, en s’appuyant sur la géographie, aider à dégager les tendances lourdes du temps long et permet d’en rationaliser les représentations.

 

CONFLITS wni Vous avez plongé dans les relations internationales dès votre enfance ?

Georges-Henri Soutou. Mon père était un grand diplomate, et bien sûr je me suis intéressé à ces sujets. Mais c’est vers l’histoire que je me suis orienté. En commençant, dès mon plus jeune âge, par l’histoire romaine. J’allais souvent voir mon grand-père maternel qui vivait à Rome et me l’a fait découvrir. J’ai aussi vécu avec mes parents en Italie, j’ai fait du latin en khâgne… Rome fait partie de ma personne, et pas seulement intellectuellement.

CONFLITS. Rome a réussi à unifier le monde de l’époque. L’Union européenne peut-elle faire de même ?

G-H S. Oui, Rome a fait passer le monde connu d’un système de cités à un empire qui respectait les identités locales mais les associait dans un ensemble plus vaste avec son droit, son armée, ses routes, son cadastre… Elle a fait faire un bond considérable à ce que je persiste à appeler la civilisation. L’Union européenne n’a pas encore réussi la même chose.

CONFLITS. Peut-elle le faire ?

G-H S. Nous sommes dans l’entre-deux. Il faut distinguer l’immédiat et le long terme. Dans l’immédiat, il faut reconnaître que deux piliers essentiels, la monnaie unique et l’espace Schengen, deux idées auxquelles tenait Jacques Delors, sont en crise. La libre circulation, c’est fini. Si vous allez en train d’Italie en France, vous serez soumis à des contrôles, contrôles policiers et non plus douaniers, mais contrôles quand même. Et quand on voit la situation de la zone euro, en particulier de la Grèce, on constate que rien n’est réglé. Par ailleurs, Jacques Delors disait, à juste titre : « L’Europe devra absolument se doter d’une capacité de défense. » Cela a totalement échoué, à mes yeux ce n’est même plus un sujet. Pourtant on ne peut pas dire : « Il n’y aura jamais autre chose. »

CONFLITS. Et sur le long terme ?

G-H S. Jacques Delors avait parlé d’une « fédération d’États-nations », un oxymore. Le problème avait déjà été posé par le général de Gaulle qui parlait, non d’une Union des peuples, mais des États, avec des coopérations renforcées. Pour lui la démocratie était inséparable de l’État-nation. Les Allemands sont plus disposés à accepter l’idée d’intégration européenne de par leur histoire. Je pense à la Confédération germanique fondée en 1815. Elle comprenait de nombreux pays indépendants, mais elle était plus structurée qu’on le dit. Elle avait un système judiciaire organisé, un système de défense. À deux reprises, elle a fait reculer la France en mobilisant, en 1840 et en 1859. D’ailleurs Napoléon III, moins naïf qu’on le croit, souhaitait la création de trois ensembles germaniques : l’Autriche, l’Allemagne du Nord et l’Allemagne du Sud. Il voyait que la Confédération se renforçait et se structurait, il pensait qu’il valait mieux la faire éclater en trois plutôt que de voir peu à peu celle-ci prendre de la consistance et devenir une menace encore plus inquiétante. Ce plan n’a pas fonctionné, sans doute, mais l’idée n’était pas absurde. La France conçoit mal cela. Elle est le plus ancien État-nation d’Europe. Une nation identifiée à l’État, ce qui n’est pas le cas de l’Allemagne qui se conçoit comme un peuple. L’article I de la Constitution de Weimar commençait ainsi : « Uni en ses tribus, le Reich allemand… » En France, la notion de tribu ne correspond à rien. L’Allemagne peut donc accepter plus d’intégration européenne sans perdre sa substance. Elle sait aussi beaucoup mieux défendre ses intérêts à Bruxelles à coup de lobbying.

CONFLITS. Quelles sont les racines du « couple franco-allemand » ?

G-H S. Je n’ai pas beaucoup de passion pour le terme « couple franco-allemand ». Il n’y a pas d’amour entre les États. La formule introduit de la sensiblerie inutile. Je préfère « moteur franco-allemand ». Ne remontons pas à Mme de Staël. Il y a eu alors une illusion allemande, vite déçue. Puis il y a eu les guerres. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il n’est pas question de réconciliation avec l’Allemagne. Même Robert Schuman est très méfiant. Je suis en train d’analyser et de publier les archives du Quai d’Orsay et je viens d’envoyer le volume de l’année 1950. Les notes de Schuman montrent son inquiétude devant le risque du retour d’une Allemagne expansionniste, sinon national-socialiste. Quant à la population dans son ensemble, elle est très réticente devant l’idée d’une réconciliation. Et du côté allemand, le Français était un vainqueur que l’on ne reconnaissait pas comme un vrai vainqueur.

CONFLITS. Qu’est-ce qui a produit le déclic ?

G-H S. Je suis convaincu que c’est de Gaulle et Adenauer, la « messe pour la paix » de Reims en juillet 1962.

CONFLITS. Les Américains ont-ils joué un rôle ?

G-H S. Ils ont poussé au cul, si vous me pardonnez la formule. Ils avaient des inquiétudes. Ainsi ils craignaient, dans le projet de CECA, la constitution d’une zone économique exclusive et une forme de protectionnisme. Mais ils se sont dit que cela pouvait rapprocher la France et l’Allemagne et faciliter la guérison de l’Europe après deux guerres mondiales.

CONFLITS. Ne souhaitaient-ils pas le réarmement de l’Allemagne ?

G-H S. Oui, mais le plan Schuman de mai 1950 prévoyait la poursuite de la décartellisation dans la Ruhr, ce qui n’allait pas dans le sens de la reconstitution d’une industrie de l’armement allemande. C’est une question de chronologie. En juin 1950 éclate la guerre de Corée et l’idée du réarmement allemand devient essentielle pour Washington. En septembre 1950, Washington réclame que l’OTAN intègre dix divisions allemandes. C’est alors que les Français proposent l’idée de Communauté européenne de défense qui évitera la création d’une véritable armée allemande, les troupes allemandes étant diluées au sein d’une armée européenne. Ce n’est en rien un choix européiste, on le voit, les motivations sont purement nationales. Mais de Gasperi persuade Schuman qu’il faut bâtir un système politique européen, ne serait-ce que pour diriger cette communauté de défense. Le traité de la CED prévoit donc la création d’un Parlement et d’une Chambre haute européenne – cela va beaucoup plus loin que le traité de Lisbonne. En France, pour les milieux informés, l’idée d’armée européenne en tant que telle ne posait pas trop de problème auparavant, on y voyait un « truc » pour empêcher la reconstitution d’une armée allemande nationale. Quand on comprend qu’il y aura une véritable fédération européenne, c’est la révolte au Quai d’Orsay ; les grands chefs de service protestent dans une note commune en janvier 1953. S’il s’agit de coopérer d’accord ; s’il s’agit de transferts de souveraineté, refus total. Voilà les racines de l’échec de la CED, bien sûr, mais aussi de toute la politique gaulliste dans les années 1960. De Gaulle pouvait aller très loin en matière de coopération, mais il refusait toute intégration. Dans cette vision des choses, l’Allemagne est un partenaire indispensable pour que les coopérations soient efficaces, mais elle est aussi un problème car toute intégration lui donnerait un poids supérieur à celui de la France, d’autant plus que celle-ci est accaparée par les guerres de décolonisation.
Comprenez, à un moment ou un autre, il faut en venir à l’essentiel, les droits de vote ; ceux-ci sont calculés en fonction des apports, on dit qu’ils sont pondérés. Or, dans le cadre de la CED, l’Allemagne aurait apporté dix divisions, la France environ deux, le reste se trouvant outre-mer. L’Allemagne aurait donc pesé cinq fois plus que nous. S’il faut chercher une raison technique à l’échec de la CED, elle est là.

CONFLITS. Comment a évolué le « moteur » ensuite ?

G-H S. Si l’on parle des opinions, le sommet a été atteint au milieu des années 1970. Plus tôt déjà il y avait eu le succès de la chanson de Barbara, À Göttingen, en 1967. Et le Quai d’Orsay était frappé par la forte hausse des mariages franco-allemands. Je parlerai alors d’un rapprochement en profondeur. Les élèves étudiant l’allemand progressaient, les colloques se multipliaient. L’insularité britannique s’accentuait alors que les liens franco-allemands se renforçaient, sur les plans économique et politique. Et même sur le plan militaire les échanges d’officiers étaient fréquents, et il y eut un certain nombre de programmes d’armements communs (avion de transport Transall, missile antichar Milan). Il fallait garder le contact entre militaires des deux pays, même après la sortie de la France du commandement intégré de l’OTAN en 1956, « pour le cas où », pour pouvoir construire quelque chose si la garantie américaine était subitement remise en cause (crainte fréquente dans les années 1960 et 1970, exprimée ouvertement en France, partagée en secret par certains responsables en Allemagne).

CONFLITS. On dit parfois que le traité de l’Élysée de 1963 a été saboté par les Américains.

G-H S. Vous faites allusion au préambule que le Bundestag a ajouté à ce texte, en juin 1963, et qui rappelait les liens entre l’Allemagne et les États-Unis. De Gaulle l’a accepté, car il avait compris que c’était une condition indispensable pour que le texte existe. Il y avait d’ailleurs une autre manœuvre, moins connue, avant même la signature. La France avait proposé une simple déclaration commune, moins contraignante, et c’est le ministère des Affaires étrangères allemand qui avait réclamé un traité. Il espérait que cela ne passerait pas, mais Paris a accepté. Donc, pour de Gaulle, le traité de l’Élysée, tel qu’il était, restait bon à prendre. Dans son esprit, il pouvait orienter l’Allemagne dans le bon sens, à ses yeux. Il savait très bien que les liens entre Washington et Bonn étaient très puissants. Mais il voyait aussi que les Allemands avaient été ébranlés par l’affaire du mur de Berlin : les États-Unis avaient négocié directement avec l’URSS, en passant par-dessus la tête des Européens. D’où trois réactions possibles : faire la même chose avec les Soviétiques, ce sera la politique de Willy Brandt ; se rapprocher encore des Américains pour contrôler cette dérive ; et se rapprocher de la France comme le souhaitait le ministre de la Défense Franz Josef Strauss. De Gaulle suivait avec attention Brandt. L’ouverture de l’Allemagne à l’Est que prônait ce dernier allait dans le sens d’un éloignement des positions atlantistes, ce qui plaisait au général, mais il ne voulait pas que cela allât trop loin car la France devait rester l’interlocuteur privilégié de Moscou en Europe. En fait, le traité de l’Élysée ouvrait des perspectives considérables. Certains de ses points ont été repris tels quels dans le traité de Maastricht. Il est d’ailleurs toujours en vigueur, même s’il est en veilleuse.

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CONFLITS. Le déséquilibre croissant entre France et Allemagne n’affecte-t-il pas le bon fonctionnement du moteur ?

G-H S. Le déséquilibre s’est accentué peu à peu, surtout après la réunification. Ainsi le moteur de fonctionne plus. Pour une raison simple : il suffit d’un clin d’œil un peu appuyé de Berlin pour que notre budget soit refusé par Bruxelles. Si un jour un gouvernement français veut s’opposer fermement à l’Allemagne sur un sujet majeur, il faudra qu’il commence par rétablir ses comptes. Dès lors, nous avons eu trop de divergences, par exemple sur l’affaire yougoslave où l’Allemagne a joué cavalier seul en reconnaissant immédiatement l’indépendance de la Croatie et de la Slovénie. Pour un beau résultat ! Il faut dire que nous avons voulu une Allemagne dépourvue de toute ambition géostratégique. Nous la voulions totalement pacifique ; elle a aujourd’hui largement intégré ce pacifisme et a perdu le logiciel de l’exercice de la puissance.

CONFLITS. Comment les Allemands voient-ils la France ?

G-H S. Comme très malade, comme un partenaire qui ne fait plus le poids. Cela les ennuie car, comme ils le répètent sans cesse, « nous ne voulons pas être seuls ». Pour des raisons politico-historiques évidentes. Si la mécanique du moteur continue à tourner, c’est un peu à la façon d’un moulin à prières. Dans les réunions auxquelles j’assiste, on me le dit : « Remettez vos affaires en ordre, nous avons besoin de vous. »

CONFLITS. Diriez-vous que nous sommes en face d’une « Europe allemande » ?

G-H S. Cela ne fait pas plaisir, mais c’est un peu vrai. Avec deux nuances de taille. D’abord, aux yeux des Allemands, c’est par défaut, les autres ne voulant pas ou ne pouvant pas prendre en charge l’Europe. Et surtout l’Allemagne n’en a pas les moyens. Elle vient d’en faire la preuve avec l’échec de sa politique face aux migrants. Que pourra-t-elle faire si la Grèce fait défaut, si le Royaume-Uni veut quitter l’Union, si la Catalogne fait sécession de l’Espagne ? La situation de l’Allemagne n’est pas si florissante. Elle a fait des sacrifices avec Schröder. La retraite a été repoussée à 67 ans, les aides sociales réduites. J’étais à Munich quand on a fait passer la semaine de travail de 40 à 42 heures pour les fonctionnaires, ils n’étaient pas ravis mais ils l’ont accepté. On a réorganisé les carrières de professeurs d’université, on a décidé que la retraite pour les nouveaux arrivants serait diminuée de 2 000 euros par mois. Et je ne parle pas des infrastructures très dégradées. La bassine où Mme Merkel peut puiser des flots d’euros n’est pas si grande… L’Allemagne n’arrivera pas à régler tout par elle-même. Cependant elle croit que son modèle est le meilleur et qu’il faut que toute l’Europe l’applique. Je ne cesse de répéter à mes amis allemands que la France ne peut pas se réformer au rythme que souhaite Berlin. On ne peut pas nous demander des ruptures radicales au risque de nous précipiter dans des convulsions invraisemblables. Regardez Air France.

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CONFLITS. Que diriez-vous de Mme Merkel ?

G-H S. Elle a incarné un certain pragmatisme allemand qui n’est pas le pragmatisme anglo-saxon. Le second est un pragmatisme marchand, de l’ordre du donnant-donnant, on cède sur un point mais on se rattrapera sur un autre. Dans le cas allemand, le pragmatisme est lié au consensus. S’il y a consensus, on prendra ses distances par rapport aux règles établies. Il ne faut pas s’y tromper, toute discussion en Allemagne commence par une foire d’empoigne. Puis tout d’un coup cela cristallise, le consensus apparaît, et ensuite personne ne le remettra en cause. Même s’il est mauvais ! Sur la question des migrants Mme Merkel a incarné dans un premier temps ce consensus du monde politique et économique sur l’idée suivante : on allait faire entrer la vague de migrants, on garderait les plus qualifiés et on s’arrangerait pour expédier les moins qualifiés vers les autres pays européens. Et cela aiderait à résoudre le problème démographique, une réalité palpable outre-Rhin. Mais elle a déclenché une avalanche et a été totalement débordée. Je suis convaincu que Mme Merkel est une grande incapacité méconnue.

CONFLITS. N’y a-t-il pas aujourd’hui un refroidissement des relations entre Berlin et Washington ?

G-H S. Sur l’affaire grecque sans doute. Les États-Unis ont craint les conséquences de cette crise pour l’économie mondiale, et même une sortie de la Grèce de la zone euro qui l’aurait peut-être précipitée dans les bras de Poutine. En réalité, je crois que l’Allemagne finira par accepter une réduction de la dette grecque. En ce qui concerne le Moyen-Orient, l’Allemagne, en dehors de ses intérêts économiques et de ses exportations vers l’Iran, est peu active. Elle commence à se montrer plus sévère envers Israël, et à envisager Bachar El Assad comme incontournable, au moins actuellement, ce qui là non plus ne doit pas plaire à Washington, dont on a appris d’ailleurs qu’elle écoutait les dirigeants allemands… Pourtant je ne pense pas que les Allemands se posent la question de s’affranchir des États-Unis, dans le sens que les Français donnent à ce mot. Ils constatent que la puissance américaine n’est plus ce qu’elle a été. Les Américains perdent le contrôle dans de nombreuses régions, tandis que l’Allemagne développe de nouvelles relations, en particulier avec les pays émergents. L’Allemagne est naturellement tournée vers l’Eurasie. Elle construit des machines, des voitures de luxe dont les nouvelles classes aisées de cette région sont friandes. C’est probablement là, d’un point de vue géopolitique, que se situent à l’avenir les plus grands facteurs de divergence entre la RFA et les États-Unis.

CONFLITS. Cela pourrait-il provoquer l’apparition, ou la réapparition, d’une volonté de puissance allemande ?

G-H S. Il y a une volonté de puissance économique. On voit bien que les Allemands ne laissent pas filer leur patrimoine économique. Ils abandonnent par pragmatisme les secteurs secondaires, mais ils conservent chez eux le haut de gamme et la recherche-développement. Le reste, ils peuvent l’externaliser, surtout dans les pays d’Europe de l’Est. Ils conservent une politique industrielle, sans le dire.

CONFLITS. Et sur le plan politique, peut-on parler d’un nouveau nationalisme allemand ?

G-H S. Je crois que le mot « nationalisme » ne s’adapte pas bien à l’Allemagne. Mais l’idée qu’il ne faut plus vouloir les brider au nom d’un passé qu’ils estiment avoir dominé est très présente. Dans les années 1990 beaucoup de dirigeants et d’intellectuels, à commencer par Joschka Fischer, ont pensé que le temps était venu pour leur pays de jouer un rôle international plus marqué. Cela dit, l’opinion a toujours été plus réticente. Et ce rôle doit être compris. L’Allemagne se méfie des actions de force, les expériences américaines en Afghanistan et en Irak l’ont confortée dans cette attitude. Si elle refuse de participer à nos opérations en Afrique, ce n’est pas refus de l’action ou pacifisme forcené, mais méfiance envers notre politique d’intervention. Non pas incapacité d’agir, mais rejet de ce type d’action. Donc cela ne l’empêchera pas de s’affirmer davantage, sauf si la crise des réfugiés conduit chez elle à une catastrophe totale. Reste que les Allemands se sentent confortés par leur situation économique et par le sentiment que les problèmes de l’Europe ne peuvent se résoudre que grâce à eux. Ceci est tout à fait nouveau. Ils sont décomplexés.

À propos de l’auteur
Pascal Gauchon

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