Pilier de l’Architecture de Yaoundé, le port autonome de Douala (PAD) monte en puissance dans la sécurité maritime du golfe de Guinée. Le lancement de la phase 3 du projet Douala Port Security (DPS), il y a quelques semaines, conforte cette dynamique.
Principal port du Cameroun, le PAD voit passer près de 70% des échanges du pays. Il joue également un rôle de hub logistique régional pour le Tchad et la Centrafrique, enclavés dans l’hinterland africain. Les phénomènes de piraterie, de pêche illégale et de trafics illégaux (stupéfiants, migrants, pétrole, etc.) qui minent le golfe de Guinée l’affectent donc directement.
C’est pour ces raisons que le port accueille un centre multinational de coordination maritime de l’Architecture de Yaoundé. Une initiative multinationale lancée par 24 pays en 2013 et qui lutte contre la piraterie et la criminalité maritime. Problème, dans les années 2010, le port de Douala est connu pour la vulnérabilité de ses protocoles et infrastructures de sécurité.
Une donne difficilement compatible avec la coordination des patrouilles maritimes et du partage de renseignement entre le Cameroun, la Guinée-Équatoriale, le Gabon et Sao Tomé-et-Principe.
Sécurisation à marche forcée
Ainsi, dès 2019, le PAD fait appel à la société PortSec SA, une société dirigée par Tsafir Tzvi et spécialisée dans la sécurité portuaire. Des clôtures sont installées, des systèmes de vidéo-surveillance déployés ainsi que des contrôles d’accès biométriques. Résultat, entre 2019 et 2023, les vols de marchandises diminuent de 35%.
PortSec assure également la consolidation des emprises des douanes, de la police portuaire et de la gendarmerie. De facto, le port se muscle face aux activités illicites via l’optimisation du contrôle des navires et des individus circulant dans le port.
En février 2025, PortSec livre la deuxième tranche du projet « Douala Port Security » qui dotent le port de capacités ultra-modernes. Citons par exemple l’installation d’un système de suivi et de surveillance des navires (VTMIS) et de radars de navigation de longue portée. Des avancées qui permettent désormais une meilleure supervision du trafic maritime, en appui aux unités de patrouilles.
Le lancement de la troisième phase du DPS, viendra compléter ces avancées et garantir la conformité du port aux normes ISPS (International Ship and Port Facility Security). Il comprend notamment l’installation simulateur de formation navale, le déploiement de drones et le recrutement de centaines de nouveaux agents.
Réduction de la piraterie
Est-ce que la modernisation du port de Douala a eu un impact sur la criminalité maritime ? À son échelle, cela ne fait aucun doute. La modernisation de ses infrastructures de sécurité et de surveillance maritime a optimisé sa capacité à coordonner la réponse régionale à la piraterie.
Par ailleurs, la modernisation du port coïncide aussi avec la réduction des actes de piraterie dans le golfe de Guinée, qui passe de 26 attaques en 2019 à seulement six en 2024, selon le Maritime Information Coopération & Awareness (MICA) Center. S’il est évident que ces bons résultats sont à mettre sur le compte de l’efficacité de l’Architecture de Yaoundé et de ses partenaires européens, dont français, la montée en puissance sécuritaire d’un port majeur comme celui de Douala ne peut pas non plus être mise de côté.Ce serait également sous-estimer l’impact de la croissance économique sur la pratique de la piraterie, souvent un choix de misère. De ce point de vue les chiffres sont éloquents.
Depuis 2019 le port s’est métamorphosé. Son chiffre d’affaires est passé de 91 millions d’euros à 231. Mieux, le port attire de plus en plus d’investisseurs, tels que le soudanais Afisa Food Industry ou bien la multinationale indienne Arise IIP qui doit investir 350 millions d’euros pour la construction d’une zone industrielle. De facto, un port sécurisé attire davantage de trafic maritime et d’investissements, ce qui renforce l’économie locale et régionale avec un impact direct sur la criminalité.