Le service militaire volontaire, la découverte des armées. Entretien avec Nicolas Jeanneau

5 janvier 2024

Temps de lecture : 5 minutes

Photo : Centre d'aguerrissement de l'île de la Réunion. Credit:VALERIE KOCH/SIPA/1802141237

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Le service militaire volontaire, la découverte des armées. Entretien avec Nicolas Jeanneau

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Le contrat de « Volontaire aspirant de l’armée de Terre » dure un an et permet aux jeunes diplômés de vivre une immersion riche au sein des forces terrestres. De nombreuses unités proposent ce poste chaque année.

S’engager en VADAT, c’est :

Servir comme jeune officier dans un régiment, un état-major ou en administration centrale.

Assurer une fonction d’expertise dans son domaine de spécialité.

Enrichir son parcours d’une expérience humaine forte et atypique.

Pour l’armée de Terre, l’intérêt est double : durant leur service, les aspirants apportent leurs compétences au régiment. Dans un second temps, lors de leur retour dans le civil, ils font rayonner l’institution dans leur entourage, leur école ou leur future entreprise.

Pour mieux comprendre cette opportunité qui s’offre aux étudiants et jeunes actifs, nous avons interrogé l’aspirant Nicolas Jeanneau, VADAT au 3e RPIMa durant l’année 2022-2023.

Pourriez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Nicolas Jeanneau, j’ai 26 ans et de juin 2022 à juin 2023, j’ai servi comme aspirant volontaire au 3ème régiment de parachutistes d’infanterie de marine, le fameux 3e RPIMa. Je me suis engagé dans l’armée de Terre après six ans d’études. Après un bac littéraire, puis une Double Licence en Humanités et Sciences Politiques, j’ai validé un Master de Lettres à Montréal, avant de terminer par un Master spécialisé à HEC Paris dans le management de la culture.

Le 26 juin 2022, j’ai choisi de signer ce contrat de VADAT car j’avais envie de renouer avec la France après 3 années passées à l’étranger. En côtoyant ces Français et Françaises qui vivent sous l’idéal du drapeau, je voulais découvrir le quotidien des militaires. C’était aussi l’occasion de faire une transition entre mes études et le monde professionnel. Par-là, j’ai aussi voulu penser à mes devoirs avant de penser à mes droits, puisque si nous vivons dans un pays de liberté, c’est aussi grâce à nos soldats qui dédient leur existence à défendre la France sans relâche.

D’un point de vue pratique, j’ai choisi les parachutistes pour la richesse des missions, le patrimoine du régiment et son histoire militaire. Mais avant de signer mon contrat, et jusqu’à mon premier saut, je ne réalisais pas encore très bien comment se manifeste concrètement le côté mythique de ces guerriers !

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Qu’est-ce qu’un Volontaire aspirant de l’armée de Terre (VADAT) ?

Tout d’abord, on est Volontaire : personne n’est venu me chercher. J’ai choisi de servir la France en m’engageant pour un an, et avec sa culture de la cohésion nourrie par son appartenance aux troupes de marine, le 3ème RPIMa m’a accueilli très chaleureusement.

Ensuite, je suis Aspirant, c’est-à-dire officier, et en l’occurrence recruté comme « spécialiste » : j’apporte au régiment mes compétences dans mon champ d’expertise, pour ma part le rayonnement et de l’assistance en communication, afin de renforcer le lien armées-Nation.

Enfin, je suis un soldat de l’armée de Terre : je suis formé au tir, je revêts l’uniforme, j’ai suivi des parcours d’aguerrissement. En échange de mes services, le 3e RPIMa m’a donc instruit à ce qui fait son cœur d’activité : le métier de fantassin, version para…, l’opportunité parfaite, en somme, pour apprendre des choses qu’on ne vit nulle part ailleurs !

Quels bénéfices pour un étudiant ?

Le premier intérêt est de découvrir le rôle d’un lieutenant dans l’armée de terre. Le second, dans le cadre de mon engagement au 3ème RPIMa, est d’avoir passé mon brevet parachutiste militaire. J’ai donc eu le privilège de sauter à 6 reprises à l’Ecole des troupes aéroportées, ce qui permet ensuite de participer aux sauts régimentaires ! Par ailleurs, le travail est très équilibré, puisqu’il y a à la fois des missions de bureau au sein de l’état-major du « 3 », mais aussi des phases de terrain lorsqu’on se joint aux activités des compagnies de combat. J’ai appris tous les jours à étoffer mon sens relationnel et à renforcer mes capacités physiques. C’est une très bonne école pour comprendre en profondeur la richesse humaine et se dépasser en sport !

Le VADAT, c’est sans doute la formule la plus consistante pour obtenir un aperçu complet de l’armée de Terre, car on y est directement plongé en continu pendant une année entière. C’est vraiment idéal pour les jeunes qui veulent servir leur pays à plein-temps, mais pour une durée temporaire qui ne contraint pas à s’engager définitivement. Car à l’issue de ces douze mois, le volontaire est automatiquement délié de ses obligations : libre à lui de postuler ensuite pour un nouveau contrat de long terme s’il désire faire carrière dans l’institution. On reste donc très disponible pour la suite, tout est possible : préparer les concours d’officiers, rejoindre la réserve en conservant son grade, ou tout simplement retourner travailler dans le civil.

Quelles sont les missions ?

Tout dépend de la fiche de poste… et de votre esprit d’initiative ! Dans mon cas, j’ai fait de la communication et du rayonnement, avec des travaux de rédaction et de représentation, auxquels j’ai ajouté une composante organisationnelle en proposant quelques projets au chef de corps du 3e RPIMa. Il m’arrivait souvent d’effectuer des tâches sous ses ordres directs, tout en avançant de conserve avec l’officier communication et l’état-major en général. Je ne me suis jamais ennuyé, d’autant plus que le 3e RPIMa était le premier régiment de l’armée française à accueillir le nouveau véhicule SERVAL : l’année 2022-2023 était remplie de beaux projets pour nous !

Enfin, d’autres spécialités sont possibles pour le recrutement VADAT, en fonction des besoins des régiments, des états-majors et même des musées : RH, Informatique, Histoire, Mécénat,… Tous les profils peuvent mener à l’armée.

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Quels sont les débouchés ?

Dans le secteur militaire, cela favorise grandement un engagement dans l’armée d’active, puisqu’on bénéficie d’une expérience incomparable par rapport aux autres candidats qui n’auraient pas vécu le VADAT. On peut donc poursuivre via les concours des officiers sur titre (OST), ainsi que ceux des officiers sous contrat, encadrement ou spécialiste (OSC-E / OSC-S). Et si l’on rejoint la réserve, on conserve son grade.

Dans le secteur civil, c’est une ligne qui ressortira systématiquement sur le CV. C’est un véritable atout, qui confère par exemple une crédibilité certaine pour travailler dans le monde des industries de la Défense… et pas seulement ! Car cette aura peut toucher les recruteurs de tous les domaines : dans une société où le service militaire n’est plus imposé, une expérience dans l’armée intrigue, comme une sorte d’exotisme qui questionne beaucoup et nous distingue souvent immédiatement.

Comment se déroule le recrutement ?

On postule à des offres sur le site de l’armée de Terre, avec 5 vœux au maximum. La DRHAT fait un premier tri en réceptionnant une lettre de motivation et un CV. Cette pré-sélection peut mener à un entretien, où l’état-major du régiment évalue le profil et la motivation du candidat. Ensuite, il faut valider les tests physiques, médicaux et psychotechniques en Cirfa. Après la signature du contrat, on embarque pour une formation de quelques semaines en juillet, soit à Coëtquidan, soit directement dans les centres de formation des brigades (Caylus pour les parachutistes, Saumur pour la cavalerie, etc.).

Qu’avez-vous retiré de votre VADAT ?

Ce que je retire de mon VADAT, c’est une aventure qui m’a tiré de ma zone de confort, sans jamais me lasser pour autant. Je retiens d’abord l’apprentissage du management incarné, le fait de diriger en montrant l’exemple, par la tenue, le courage et le dépassement, en s’appuyant sur une mentalité tournée vers l’efficacité.

Également, on en ressort beaucoup plus au fait de la réalité pratique et matérielle de l’armée de Terre, avec une connaissance incomparable par rapport à d’autres étudiants qui voient nos armées de loin sans y avoir vécu au quotidien. Ce sont douze mois qui vous octroient une solide culture militaire et une remarquable crédibilité auprès de futurs employeurs dans les secteurs de la Défense, de l’armement ou encore de la diplomatie.

Enfin, depuis les attentats et surtout la guerre en Ukraine, l’intérêt pour les enjeux de la Défense s’est ravivé en France. En cela, et même si un VADAT n’est pas projeté sous le feu, le fait d’avoir été initié militairement pendant un an lui confère une dimension que les autres citoyens n’ont pas. L’avantage par rapport à une césure à l’étranger (que de plus en plus de jeunes accomplissent aujourd’hui), c’est que l’expérience du VADAT est beaucoup plus rare et frappe donc par son originalité. On trouve un réel exotisme dans l’armée, surtout dans notre société démilitarisée.

Pour découvrir le VADAT, suivez ce lien.

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