Leçons politiques et géopolitiques de la Planète des singes

15 mars 2015

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : (c) Unsplash

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Leçons politiques et géopolitiques de la Planète des singes

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10 ans après une épidémie mondiale fulgurante, deux communautés survivantes, humaines et singes, se rencontrent. La communauté singe, repliée sur elle-même, adopte une stratégie défensive (refus des armes à feu et du combat fratricide). Au contraire les humains cherchent à regagner leur autonomie technologique et ils se heurtent au territoire singe. Lesquelles répliquent par une démonstration de force en territoire humain. Tactiquement, les singes sont plus à l’aise dans la troisième dimension, ils privilégient les hauteurs. « Qui tient les hauts, tient les bas » disent les montagnards. Quand les hommes préfèrent concentrer leurs efforts par leur puissance de feu.

Blockbuster en 3D, L’Affrontement, la suite des Origines de La planète des singes, est une adaptation indéniablement réussie. Une belle musique, des dialogues simples et une fin très morale, les canons de la production américaine sont respectés, servis par une technologie proprement gigantesque (images de synthèse de grande qualité, couplées à un jeu d’acteur bourré de capteurs).

L’Amérique, nouvelle « Cité sur la colline », redécouvre ses origines et son combat pour la survie. Non sans rappeler les premiers temps de la colonisation américaine, le réalisateur multiplie les références bibliques (combat entre Caïn et Abel, la chute de la tour de Babel, la sortie du jardin d’Eden, l’exil à Babylone…).

La philosophie politique du film est intéressante. Par le truchement de la science-fiction, l’Homme revient à l’état de nature (sous la forme de singe intelligent ou d’un homme moderne mais coupé de sa technologie et du progrès en général). Or ce n’est pas un bon sauvage qui apparaît, c’est un loup pour l’homme. Et dans chaque camp un Léviathan se dresse. Un chef, un homme providentiel, qui ramène l’ordre. César chez les singes et Dreyfus puis Malcom chez les hommes. Grâce à leur équation personnelle, au charisme de leur discours, à leur légitimité historique, ils s’imposent dans un duel face au rival de la meute. Ils entérinent leur autorité par une acclamation populaire. La démocratie, entraînée dans la guerre, s’efface. Elle s’en remet à un pouvoir fort. La diplomatie et le dialogue permettent toutefois aux deux camps de limiter le désastre.

Le débat évolutionniste qui avait inspiré le roman de Pierre Boulle est donc ici hors sujet. Il se retire au profit d’un questionnement politique surprenant.

H.D.

La Planète des singes, l’affrontement (II), juillet 2014, 20th Century Fox, 131 minutes, réalisé par Matt Reeves

Crédit photo : DR

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