Les Équatoriens se prononcent ce dimanche par référendum sur la question du retour des bases militaires étrangères dans leur pays et d’une nouvelle Constitution, lors d’un scrutin cher au président Daniel Noboa, allié des États-Unis.
En retour de son soutien à Washington, Daniel Noboa espère un appui américain pour lutter contre les gangs et cartels qui gangrènent son pays, porte de sortie de la cocaïne produite en Colombie ou au Pérou voisins.
Le vote a lieu dans un contexte de violence sans précédent en Équateur, où M. Noboa prône une politique de fermeté à l’égard du crime organisé, alors que la justice a bloqué plusieurs de ses initiatives jugées contraires aux droits fondamentaux.
Il intervient également en période de forte tension en Amérique latine, avec un déploiement militaire américain d’ampleur en mer des Caraïbes et dans le Pacifique, où les États-Unis mènent des frappes aériennes contre ce qu’ils présentent comme des bateaux transportant de la drogue.
Près de 14 millions d’Équatoriens se rendront aux urnes pour répondre « oui » ou « non » à quatre questions lors de ce référendum soumis au vote obligatoire, de 07h00 à 17h00 locales (12h00 à 22h00 GMT). Le Conseil électoral commencera à publier le comptage rapidement après la clôture.
Outre le retour des bases militaires étrangères interdites depuis 2008 et la rédaction d’une nouvelle Constitution, ils devront décider s’ils mettent fin au financement public des partis politiques et s’ils réduisent le nombre de parlementaires.
L’institut de sondages Cedatos anticipe une victoire du « oui » à plus de 61 % concernant les bases militaires.
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Taux d’homicides jamais-vu
« Le narcotrafic est tellement enraciné dans l’État équatorien que l’on pourrait bien avoir besoin de militaires étrangers qui puissent nous aider », estime auprès de l’AFP Andrés, vendeur âgé de 43 ans qui préfère taire son nom de famille.
Le pays – jadis paisible – traverse une crise sécuritaire inédite, avec un taux d’homicides de 39 pour 100 000 habitants selon le groupe de réflexion Insight Crime, soit le plus élevé d’Amérique latine.
Et d’après les calculs de l’Observatoire équatorien du crime organisé, le chiffre devrait atteindre 52 en 2025, du jamais-vu et le double de la moyenne régionale.
Au pouvoir depuis novembre 2023, M. Noboa mène une guerre contre la criminalité organisée à coups de déploiements de militaires dans les rues et les prisons, d’opérations spectaculaires dans les bastions du narcotrafic et d’états d’urgence fréquents, dénoncés par les organisations de défense des droits humains.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, l’Équateur est devenu l’un des principaux alliés de Washington dans la région, soutenant son déploiement militaire en mer des Caraïbes qui a tué au moins 80 narcotrafiquants présumés.
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Une nouvelle Constitution en question
Avec ce référendum, Daniel Noboa projette aussi la rédaction d’une nouvelle Constitution, jugeant l’actuelle trop clémente avec les criminels.
Le chef de l’État a donné peu de détails sur la future Constitution, dont le texte final devra être approuvé lors d’un nouveau référendum.
Des experts estiment toutefois qu’une nouvelle charte fondamentale aura peu d’impact sur la sécurité.
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