Sélection de livres lus en Argentine, qui permettent d’éclairer la géopolitique contemporaine.
- Juan Gabriel Tokatlian, Consejos no solicitados sobre political internacional, -conseils non sollicités en politique internationale, conversaciones con Hinde Pomeraniec, Siglo Veintiuno editores, Buenos Aires, 256 pages, 2024.

D’autres sujets sont passés en revue comme le rôle de la religion dans la géopolitique actuelle, la question de l’invasion de l’Ukraine, les conflits du Moyen-Orient mais aussi les conséquences de l’influence croissante des réseaux du narcotrafic et des entrepreneurs de violence. Notons également la question de la revendication de la souveraineté argentine sur les Malouines là où les positions de la diplomatie argentine ont reculé car Buenos Aires s’est aliéné les pays du monde arabo musulman en revendiquant un soutien total et inconditionnel à Israël.
Posant les bonnes questions avec lucidité et finesse, il convient de retenir celle-ci : l’Argentine a-t-elle encore une politique étrangère ?
Signalons également la parution la même année chez le même éditeur en coédition avec l’édition argentine du Monde Diplomatique d’un ouvrage collectif coordonné par Juan Gabriel Tokatlian et Federico Merke sur le sud global (La impetuosa irrupcion del Sur, como Asia , América Latina y Africa ganan protagonism en un mundo fragmentado/ L’émergence impétueuse du Sud, comme l’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique, prend de l’importance dans un monde fragmenté).
- Javier Milei, El camino del libertario/Le chemin d’un libertarien, Planeta, 2022, 352 pages

- Milei balaie d’un revers de la main l’Etatisme et le justicialisme, propose une sortie du cercle vicieux dans lequel l’Argentine a plongé au cours des dernières décennies.
C’est un recueil, en somme, de sa vie et de son œuvre, qui nous permet de comprendre de première main sa pensée politique et les sources auxquelles puise son idéologie. Et, ce faisant, il permet au lecteur de comprendre sa capacité à éveiller les espoirs de millions d’Argentins et, également, de millions de défenseurs de la liberté à travers le monde. Car comme il le dit lui-même : « J’ai fini par devenir populaire pour ma défense de la liberté.» On se désolera que cet ouvrage clé pour comprendre la pensée et la rationalité de Milei ne soit pas, à ce jour, traduit en français.
- Miguel Angel Barrios et Fabian Lavallén Ranea (dir.), El pensamiento de Peron, recorrido geopolítico e itinerario histórico, (La pensée de Perón, son parcours géopolitique et son itinéraire historique), Editorial Biblos, 2016, 287 pages.

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Ce qui le caractérise selon ses thuriféraires : une rébellion obstinée et un espoir tenace. C’est pourquoi une mise à jour constante est nécessaire, car le mot « péronisme » ne dit pas tout. En ce sens, ce livre collectif recueille les écrits depuis son exil en Espagne du dirigeant argentin pour proposer un fil conducteur et une tentative de réactualisation de sa pensée, quatre-vingts ans après son arrivée au pouvoir.
Cette édition hagiographique à la gloire de Perón a le mérite d’apporter des clés précieuses pour comprendre la pensée géopolitique de cet homme qui a cru en une Amérique du sud intégrée autour de trois pays clé : Argentine, Brésil et Chili dont il appelait à l’unité.
Les auteurs ne répondent pourtant pas pourquoi l’internationale péroniste n’a jamais pris souche dans le continent sud-américain.
- Ignacio Zuleta, El papa peronista, historia secreta de cómo Francisco opera en el día a día de la política argentina, Le pape péroniste : l’histoire secrète de la façon dont François opère dans la vie politique quotidienne de l’Argentine, éditions Ariel, 2019, 448 pages.

- Hernan Dobry, Los Judios y la dictadura, los desaparecidos, Les Juifs et la dictature, les disparus, éditions Vegara, 2013, 440 pages.

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Quelle relation la communauté juive d’Argentine entretenait-elle avec la dictature militaire entre 1976 et 1983 ? Comment a-t-elle résisté ? Quelles choses ont été gardées secrètes ? S’agissait-il d’un groupe homogène ou non ? L’auteur, qui a également publié un ouvrage sur les « rabins des Malouines » en 2012, relève des informations inédites et analyse pour la première fois le rôle joué par les différents secteurs de la communauté juive locale (rabbins, institutions, presse, Israël) face au phénomène des disparus, à l’antisémitisme et à la répression sous cette période sombre de l’histoire contemporaine argentine. Une focale est concentrée sur l’hebdomadaire de la communauté juive, Nueva Presencia, fondé en 1977, dirigé par Herman Schiller – qui avait osé braver la censure en publiant une photo des Mères de la Place de mai en première. Une enquête passionnante sur un sujet sensible qui espérons le fera des émules auprès de la communauté arménienne d’Argentine. Gageons que d’autres ouvrages en lien avec la géopolitique des diasporas puissent paraître.










