Dominer le monde : la recette espagnole

6 février 2019

Temps de lecture : 2 minutes

Photo :

Abonnement Conflits

Dominer le monde : la recette espagnole

par

[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 19 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]

Véritable phénomène de librairie en Espagne, Asi se domina el mundo (Ainsi se domine le monde) s’est déjà écoulé à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires au fil de ses six rééditions. Un succès inattendu qui a d’ailleurs valu à son auteur, le colonel (actuellement en réserve) Pedro Baños Bajo, d’être nommé en juin 2018 directeur du Département de la Sécurité nationale par le nouveau Premier ministre espagnol Pedro Sanchez.

Dominer le monde : la recette espagnole

Dominer le monde : la recette espagnole

Au travers d’un prisme résolument réaliste, l’auteur s’y penche sur le monde « tel qu’il est » et sur le rôle qu’y jouent les pesanteurs géographiques et historiques. Pour « survivre dans la jungle géopolitique », il considère comme indispensable d’être au clair avec les quelques « principes géopolitiques immuables » que sont selon lui le caractère dynamique (« vivant ») des États, le poids crucial de l’économie (et notamment des « trois obsessions » que sont les ressources naturelles, l’énergie et les technologies), le « poids déterminant de l’histoire » (fût-elle réinventée) et l’absence d’alliés permanents mais pas d’« intérêts permanents ».

L’insistance sur ces pesanteurs n’aboutit néanmoins nullement à un diagnostic fataliste. Au contraire, l’avant-dernière et plus volumineuse partie de l’ouvrage est consacrée aux « géostratégies immortelles » qui permettent non pas de contrecarrer le poids des constantes géopolitiques, mais de s’appuyer sur elles pour imposer sa volonté à l’adversaire. Cela va de l’« intimidation » à l’encouragement à la division en passant par la « domination indirecte », « la création de l’ennemi », « l’encerclement et le contre-encerclement », « la pensée unique », « la ferveur religieuse », « la création de la nécessité » ou « la synergie », pour ne citer que quelques-uns des chapitres qui sont consacrés à ces vecteurs d’acquisition ou de renforcement de la puissance. Non content de prescrire les stratégies les plus idoines pour l’emporter, Pedro Baños Bajo dresse enfin la liste des « péchés mortels » (l’égoïsme, la luxure, la paresse, la gourmandise, la colère, l’envie, l’avarice, l’orgueil et la soif de pouvoir) et des « erreurs fréquentes » « ignorer l’idiosyncrasie des peuples », « ne pas être préparé à l’inattendu » ou encore « dévaloriser les religions et offenser leurs fidèles ».

Travail de synthèse et de vulgarisation qui ne sera pas sans avoir un goût de déjà vu pour le lecteur de Robert Kaplan (La Revanche de la géographie) ou de Tim Marshall (Prisonners of Geography), Asi se domina el mundo n’en présente pas moins des qualités didactiques indubitables qui expliquent avec l’abondance des exemples qu’il mobilise et présente avec clarté son épatant succès.

F.L.

[colored_box bgColor= »#DCEDC8″ textColor= »#222222″]Pedro Baños Bajo, Asi se domina el mundo. Desvelando las claves del poder munidal, Madrid, Ariel, 2017[/colored_box]

Boutique. Voir l’intégralité des numéros : cliquez ici

[product_category category= »numero-papier » orderby= »rand » per_page= »4″]

Mots-clefs :

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !
À propos de l’auteur
Revue Conflits

Revue Conflits

Fondée en 2014, Conflits est devenue la principale revue francophone de géopolitique. Elle publie sur tous les supports (magazine, web, podcast, vidéos) et regroupe les auteurs de l'école de géopolitique réaliste et pragmatique.

Voir aussi

Turenne : le général magnifique. Entretien avec Arnaud Blin

Historien et stratégiste, Arnaud Blin a consacré plusieurs ouvrages au terrorisme, aux grands capitaines et à l’étude de la puissance. Plusieurs de ses livres ont été coécrits avec Gérard Chaliand. Il vient de publier une biographie de Turenne : Turenne. Génie militaire et mentor de Louis XIV, Tallandier, 2025.

Propos recueillis par Michel Chevillé

Henri de La Tour d'Auvergne, dit Turenne, est né le 11 septembre 1611 au château de Sedan (Ardennes). Il meurt le 27 juillet 1675 près de Sasbach (principauté épiscopale de Strasbourg, Saint-Empire romain germanique).

Maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il est l’un des meilleurs généraux de Louis XIII puis de Louis XIV. Gloire militaire du Grand Siècle avec son rival Condé, il reste un maître incontesté de l’art de la guerre. Lorsqu’il apprend la mort de Turenne à la bataille de Salzbach, Montecuccoli s’exclame : « Aujourd’hui est mort un homme qui faisait honneur à l’Homme. » Napoléon lui-même admirait son génie militaire et affirma qu’il était « le plus grand commandant de l’ère moderne ».

Guernica : du bombardement au mythe

Comment un tableau représentant un moment de la guerre civile espagnole est devenu un mythe national et pictural Article paru dans le no58 - Drogues La France submergée Par Pierre Castel En juillet 1937 à Paris, au cœur d’une exposition universelle marquée par les tensions...

Lu à l’étranger. Bakou, nid d’espions

Les Anglais aiment les romans d’espionnage. Autant pour se souvenir de leur souvenir que pour mythifier leur roman national. Recension de Mavericks, Empire, Oil, Revolution and the Forgotten Battle of World War One Outre-Manche, les ouvrages d’histoire sur l’espionnage et le Grand Jeu...