<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Sahel – France: que reste-t-il de nos amours?

16 mars 2024

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Sahel – France: que reste-t-il de nos amours?

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Notre relation au Sahel se délite rapidement. Or, ce n’est de l’intérêt ni des Sahéliens ni des Français. Il nous faut donc trouver un nouveau modèle, pragmatique, fondé sur la convergence des intérêts et le partenariat stratégique.

Article paru dans le numéro 50 de mars 2024 – Sahel. Le temps des transitions.

Plus de soixante ans après les indépendances, nous ne pouvons que constater le lent délitement de notre relation au Sahel, tout comme d’ailleurs à l’Afrique francophone. Dix ans après l’opération Serval, nous sommes rejetés au Mali, au Niger et au Burkina Faso. 

Vers un délitement programmé

Ce phénomène est certes lié aux réseaux sociaux et à une jeunesse influençable, mais il est aussi imputable à notre ligne politique erratique, à notre incapacité à agir efficacement, mais aussi à nous faire aimer et respecter. En outre, cette modification du rapport entretenu avec la France procède d’une forme d’émancipation que nous avons nous-même fortement encouragée, y compris sur le plan académique. Nous la prônons depuis les indépendances, il parait donc logique qu’elle finisse par gagner les esprits. Quant à tous ceux qui, au nom du politiquement correct, exprimaient des réserves sur le caractère exclusif de cette relation, se réjouissent-ils vraiment de l’arrivée de « nouveaux » acteurs sur le continent tels que la Chine, la Russie ou encore la Turquie ?  

Le sentiment anti-français procède de la même logique. Il est bien évidemment encouragé par des dirigeants putschistes qui espèrent ainsi trouver une forme de légitimité dans leur prise de pouvoir par la force et leur absence de succès notables. C’est le cas au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Ce sentiment est aussi soutenu par une partie radicalisée de la diaspora, souvent binationale. Mais nous avons également notre part de responsabilité car nous laissons prospérer sans réagir les fake news, telles que celle d’une France qui pillerait économiquement ses anciennes colonies. Il suffirait pourtant d’expliquer que le Sahel ne compte pas économiquement, n’étant ni la source de nos approvisionnements, ni la destination de nos exportations. En effet, nous n’importons ni gaz naturel ni pétrole de cette région, nous ne sommes pas concernés par l’exploitation des mines d’or du Mali et l’uranium du Niger couvre à peine 15% de nos besoins. Les exportations de la France vers les pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africain) se chiffraient à 3,7 Mds d’euros en 2022. À titre de comparaison, nous exportons pour 2 Mds à Singapour et 1,3 Mds en Malaisie. Cet effort pédagogique, nous ne l’avons jamais vraiment fourni. D’autres en ont alors profité pour imposer leur narratif.  

Ce délitement progressif se traduit aussi par notre difficulté, partagée avec l’Europe, à mettre en place des politiques de développement concrètes, efficaces et visibles par les populations. Combien avons-nous collectivement déversé au Sahel depuis 60 ans et pour quel résultat ? En outre, et alors que nous sommes attendus sur le fond, sur les sujets « lourds » du développement, nos budgets sont désormais aussi consacrés aux thématiques, ô combien périphériques pour un Sahélien, du wokisme.  

Cette carence à obtenir des résultats se manifeste aussi dans le domaine de l’immigration irrégulière, désormais massive et incontrôlée et nous n’en sommes qu’au début. Ses causes en sont connues : la mauvaise gouvernance, les conflits, le dérèglement climatique, la démographie et la pauvreté. Sa conséquence aussi : le nombre de plus en plus important de sahéliens en situation irrégulière sur notre territoire et son corolaire, notre incapacité à faire exécuter des mesures administratives telles que les OQTF (obligation de quitter le territoire français). 

Témoin de l’instabilité régionale mais aussi d’un désintérêt croissant de Paris, le nombre de Français vivant au Sahel devient anecdotique : sur trois pays « à risque » (Burkina, Mali, Niger), nous sommes moins de 12 000, binationaux inclus, soit une population inférieure à celle de Plougastel-Daoulas dans le Finistère. Nos entreprises sont déjà parties, à quelques exceptions près. Et en France, on constate une forme de lassitude, de rejet et parfois de racisme, par peur d’un autre jugé trop différent et « inassimilable ». À la décharge des Français, à force d’être mordue, la main tendue finit par être douloureuse. 

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Des conséquences néfastes pour les Sahéliens comme pour les Français

Dans ce contexte, le scénario le plus probable serait celui d’une rupture, dont on pourrait considérer à première vue qu’elle correspond à nos aspirations réciproques. On pourrait notamment l’estimer pour les trois pays sahéliens dont les autorités (et non les peuples) l’ont déjà choisie. Or, le sentiment profond de la « rue sahélienne » vis-à-vis de la France n’est jamais mesuré. En revanche, on sait combien coûte une « journée manifestant » contre la France, quand elle est organisée par un pouvoir non issu des urnes, et que pour faire bon poids on y adjoint des élèves policiers ou militaires. Ainsi, s’agissant du Mali, il y aurait une profonde incohérence à coudre ensemble les drapeaux français et malien en 2013 pour n’en faire qu’un, à donner à son fils le nom de « Damien Boiteux » (le premier Français de l’opération Serval tué) … et à fouler aux pieds ce même drapeau en 2021… Tout n’est donc pas si binaire. En outre, si l’on étudie les conséquences que pourraient avoir une rupture, on peut estimer qu’elles ne seraient bonnes pour aucun des acteurs. 

Un tel scenario pourrait en effet signifier une aide au développement conditionnée à la qualité de notre relation bilatérale, ce qui entrainerait une coopération sous forte contrainte avec le Mali, le Burkina, et le Niger mais aussi avec les pays ayant des difficultés, par exemple, avec notre politique migratoire. 

Le franc CFA pourrait en outre être remis en cause par la France, au motif que nous n’avons plus les moyens ni le désir de garantir de façon « illimitée et inconditionnelle » la parité de cette monnaie avec l’euro. Et ce d’autant que s’agissant des pays du Sahel cette garantie, qui bénéficie notamment à trois États aux autorités plutôt hostiles à Paris, est désormais sans contrepartie et quasiment sans contrôle. 

Après les putschs au Mali, au Niger et au Burkina, les Français pourraient aussi s’interroger sur l’utilité de nos opérations militaires (rappelons que Serval puis Barkhane ont causé la perte de nombre de nos soldats et coûté près d’un milliard d’euros par an), de notre diplomatie et de nos services de renseignement. Ils pourraient estimer que nous n’avons aucun intérêt à tenter d’aider des gouvernements qui nous rejettent, y compris dans le domaine de la lutte contre le terrorisme. Ceci pourrait signifier une diminution importante de notre « empreinte », ambassades (voir la récente fermeture de celle du Niger) et bases militaires incluses. Quant à la fermeture des lycées français, elle poserait surtout une difficulté aux élites des pays concernés. Enfin, n’oublions pas la fermeture des lignes aériennes vers Paris (seule la compagnie Corsair opère encore le Mali, et Air France a déjà suspendu ses vols vers Bamako, Niamey et Ouagadougou) qui pénalise grandement les élites locales plus enclavées que jamais, comme la diaspora.

 La France doit renouveler ses partenariats avec les pays d’Afrique

Ne restera plus alors qu’à concevoir une politique plus restrictive en matière de visas. Elle pourrait se traduire, outre des fermetures de consulats, par un lien entre délivrance de visas, refus d’OQTF ou d’expulsions de prisonniers en fin de peine, et nature du régime (voir les suspensions de visa décidées en août 2023 pour le Mali et le Burkina). Ensuite, et dépendant des pays, nous pourrions décider une limitation des visas touristiques, une contrainte sur certains motifs de délivrance comme les raisons de santé, la formation, les visas sportifs et culturels. La fin du regroupement familial, la refonte de l’asile et la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968 étant déjà au programme de plusieurs partis politiques, la question ne parait plus de savoir si mais plutôt quand elles interviendront. 

Certes, ce scénario posera d’abord un problème au Sahel car le risque d’instabilité s’y renforcera. Mais une instabilité au Sahel aura nécessairement des conséquences dans un premier temps en Afrique du Nord et dans ses pays limitrophes au Sud, et notamment pour « l’oasis de richesse » que constitue la Côte d’Ivoire, qui fait déjà face à un afflux de réfugiés. Ensuite, c’est la France et l’Europe qui seront touchées. Nous n’avons donc tout simplement pas intérêt à un affaissement de la sous-région. 

Et puis, il est sans doute trop tard pour le rejet. En 2021, l’Insee estime à près de 3,3 millions le nombre d’immigrés africains en France, dont la moitié d’Afrique sub-saharienne. Entre 1999 et 2021, le nombre des immigrés nés en Afrique hors Maghreb a été multiplié par 3,2. En 2020, le nombre de personnes d’origine africaine sur deux générations pourrait avoisiner 6,7 millions, soit près de 10 % de la population. La plupart sont Français, votent, et influent sur la décision politique. Et ils seront de plus en plus nombreux.

Et si on essayait le « on est ensemble » ?

D’un côté comme de l’autre, nous n’avons donc pas le choix : il faut nous entendre et rechercher une nouvelle base de rapports, fondée sur un héritage plus durable et moderne que celui issu des décolonisations, puis du libéralisme et plus récemment de la mondialisation. Certes, nous avons en partage avec le Sahel deux tragédies du passé, l’esclavage et le colonialisme ; une dette de sang, celle des Sahéliens tombés pour notre liberté en 14-18 et 39-45 ; mais nous avons aussi un présent à gérer, et surtout un futur, celui de notre métissage inéluctable. 

Cette nouvelle voie nous est offerte par une expression ivoirienne, destinée à définir le rapport de ce pays à la France : « on est ensemble ». Cette formule, qui correspond à une réalité sociologique, pourrait se traduire par deux axes de « realpolitik » : la convergence des intérêts et un partenariat stratégique et sécuritaire. Restera ensuite à expérimenter son application. De ce point de vue, le Tchad s’impose naturellement. Son Président Mahamat Idriss Deby Itno l’a d’ailleurs exprimé clairement à son homologue Emmanuel Macron lors de leur rencontre de 2023 : « Rester votre meilleur allié militaire oui, oui, mais aidez-nous aussi sur le plan social par des coopérations économiques, industrielles, culturelles, éducatives, sanitaires indispensables au développement et au bien-être de nos populations ! Alors oui, nous resterons votre meilleur allié en Afrique ». Il y aura également un rôle à jouer pour la Côte d’Ivoire et le Sénégal, avec l’appui de l’Europe. 

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La convergence des intérêts

La convergence des intérêts, c’est d’abord et avant tout la priorité à donner au développement du Sahel. Or, près de la moitié de l’aide française (environ 13 milliards d’euros par an) consiste en un simple transfert de fonds au FED (Fonds européen de développement européen), aux banques ou fonds mondiaux et aux agences onusiennes. À budget constant, nous devons réduire ces contributions pour les gérer nous-mêmes. L’AFD, qui fait du bon travail, doit aussi évoluer. Il lui faut d’abord se concentrer sur l’Afrique francophone. Il lui faut ensuite se recentrer sur les sujets « lourds » du développement, gérer elle-même ses financements et stopper les aides budgétaires directes, car c’est une forme de mendicité. Il convient en outre qu’elle continue d’imposer partout la cogestion des préfigurations d’appel d’offres. Elle doit aussi arrêter, tout comme Bercy, les coûteuses missions de prospective qui ne sont suivies d’aucun effet concret et servent surtout à engraisser des entreprises d’ingénierie. Idem pour les projets dont les fonds servent davantage à payer des « experts » français en villégiature qu’à agir concrètement. Le modèle ? Le « contrat de désendettement et de développement » (CDD) que nous avons avec la Côte d’Ivoire et qui fonctionne remarquablement. Nous en sommes au troisième volet de cet instrument, pour un montant de 1,144 milliard d’euros sur la période 2021-2025. Six secteurs ont été décidés ensemble avec les Ivoiriens, en concordance avec leur Plan National de Développement. Et puisque l’Europe est dans son ensemble concernée par la stabilité et le développement du Sahel, pourquoi ne pas lancer un « CDD Sahel/Europe » avec le FED européen, et l’AFD en tant que maitre d’œuvre délégué ? Le laboratoire opérationnel est évident et volontaire : le Tchad. Ses besoins en aides sont colossaux et le maintien de sa stabilité est critique pour la région et l’Europe. Cela viendrait également accompagner les efforts répétés des nouvelles autorités en faveur de la réconciliation nationale, du pluralisme politique et du développement du pays.     

La convergence des intérêts, c’est aussi mettre en place des outils simples et efficaces pour l’enseignement universitaire et professionnel comme le « hub franco-ivoirien pour l’éducation ». Ce « hub », fonctionne depuis 2020, quasiment sans budget, sur la base d’une équivalence de diplômes entre près de 300 institutions de l’enseignement supérieur françaises et ivoiriennes. Ainsi, en vertu d’un accord bilatéral, un master de Sup Agro Yamoussoukro vaut celui de Montpellier et vice versa. Les étudiants peuvent alors passer sans obstacle de l’un à l’autre ou faire de belles études à équivalence de diplôme dans leur propre pays. Pourquoi ne pas généraliser cette réussite ailleurs au Sahel ? Ou, quand le tissu universitaire local est insuffisant, financer en partie, par exemple sur le « CDD Sahel/Europe » précédemment évoqué, les frais de scolarité des étudiants sahéliens en commençant par les Tchadiens, au sein du « hub » franco-ivoirien, qui existe aussi à Dakar, même s’il est moins développé.  

La convergence des intérêts, c’est ensuite permettre aux entreprises françaises de s’aligner face à la concurrence, chinoise notamment. Pourquoi ? Car choisir les entreprises françaises, c’est choisir l’Afrique. En effet, plus que les autres, elles co-gèrent leurs projets avec des entreprises africaines qu’elles aident à se développer, elles embauchent des cadres africains ; elles investissent localement ; elles ne cèdent pas à la corruption ; elles réalisent un travail de qualité car elles ont un nom à défendre. Et il faut être clair avec les Chinois comme avec nos amis européens : nous n’avons pas vocation à contribuer à la stabilité et à la sécurité, pendant qu’ils font des affaires. Ainsi, à Abidjan, j’avais refusé aux cadres des entreprises chinoises l’accès aux cours de français de notre Institut, considérant que nous n’allions pas, en plus, leur donner des bâtons pour nous battre.

La convergence de nos intérêts, c’est aussi attribuer des durées de visas plus longues pour les Sahéliens présentant toutes les garanties de retour et faciliter les déplacements des hommes d’affaires, des artistes et des sportifs qui sont dans ce cas. 

La convergence de nos intérêts, c’est enfin soutenir le Sahel et l’Afrique francophone dans les instances internationales, à commencer par le système des Nations Unies et l’Union européenne. De ce point de vue, le FED doit opérer une mue et, lui aussi, se concentrer sur les « leviers économiques » à fort impact.

Le partenariat stratégique et sécuritaire

Le partenariat stratégique et sécuritaire suppose un pré-requis : une relation de confiance politique et un engagement au plus haut niveau de l’État. Il ne peut donc fonctionner que s’il est porté, incarné, par les dirigeants.  

Il n’est efficace que s’il passe par un profond respect de l’autre. Par exemple, nous ne devons pas nous mêler de ce qui ne nous regarde pas et ne pas nous ingérer dans les affaires intérieures des pays. Promouvoir de grands principes tels que la fraternité humaine, la démocratie ou les droits de l’homme, oui, bien sûr. Imposer notre vision du monde, de la société, ou nos codes sociaux, non. Ça, c’est de l’irrespect et une forme moderne de colonialisme. Au contraire, il faut s’adapter aux mœurs de nos partenaires, comme nous attendons qu’on s’adapte aux nôtres.   

Ce partenariat stratégique signifierait conseiller au plus haut niveau, aider quand c’est nécessaire et souhaité, y compris dans les instances internationales, et surtout promouvoir le développement. Il s’agit donc de « servir », au sens noble du terme, le Sahel, selon des axes convenus en communs. 

Le partenariat sécuritaire est plus simple car le cadre existe déjà, ce sont nos accords bilatéraux de défense et de sécurité. Par peur de ce que nous sommes et de notre relation privilégiée, ils ont été transformés en un fatras de bonnes intentions. Coup d’État après coup d’État, nous ne le regrettons même pas. Il convient donc, si les États concernés en sont d’accord, de revoir ces accords afin de leur donner un côté véritablement opérationnel. Car sans sécurité, le développement devient difficilement soutenable et l’exercice démocratique est atteint. De ce point de vue, à court terme, nous pourrions privilégier la coopération avec l’armée tchadienne, d’une part car nous en savons les grandes qualités opérationnelles, et d’autre part car le pays lui-même est stratégique pour la lutte contre le terrorisme international. En outre, nous pourrions offrir aux Sahéliens un accès privilégié à « l’académie internationale de lutte contre le terrorisme » que nous avons co-construite avec les Ivoiriens.  

Il faudra enfin promouvoir le « on est ensemble ». Ce qui suppose mieux intégrer l’autre, agir sur l’éducation, lutter efficacement contre les fake news de prétendus réseaux panafricanistes souvent soutenus de l’étranger, intervenir dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ce qui reste compatible avec le fait de lutter plus efficacement contre l’immigration irrégulière et renvoyer chez eux les étrangers qui se sont mal comportés chez nous.

Le Tchad face aux défis migratoires

Seul pays stable de la région, le Tchad est la destination de nombreux migrants qui fuient les pays voisins. Une immigration importante, qui dépasse les capacités d’accueil du pays et qui sature les infrastructures existantes.

SOUDAN. Depuis le début de la guerre, 610 000 personnes auraient traversé le pays, selon les évaluations de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont plus de 100 000 Tchadiens revenus du Soudan. Ces flux humains se sont ajoutés aux 680 000 réfugiés déje présents Dans une déclaration de juin 2023 relayée par AFP, le Premier ministre du Tchad a assuré que les réfugiés « ont bénéficié de la solidarité des populations hôtes qui les ont accueillis et ont partagé leurs maigres ressources », mais que « le Tchad sexpose de plus en plus à des crises internes liées à la rareté de ses ressources » dans un pays à l’« économie déjà fragile ».

CENTRAFRIQUE. 128 000 Centrafricains ont trouvé refuge au sud du Tchad, fuyant les guerres civiles qui senchainent depuis 2004. Des membres des deux groupes opposés (anti-balaka, milices chrétiennes et animistes, et Séléka, milices musul-manes) se retrouvent ainsi dans des camps au sud du Tchad, dans une région agricole où la tension alimentaire est de plus en plus ressentie. De nombreux réfugiés sont arrivés dans un état sanitaire grave, beaucoup ayant été attaqués en chemin. Pour l’ONU, l’enjeu médical de cette zone d’accueil est particulièrement préoccupant.

LIBYE. L’effondrement de la Libye a conduit à une multiplication des groupes armés, se finançant par divers trafics, notamment humains, qui ont commencé à menacer le nord du Tchad. La dégradation de la situation a également poussé des populations tchadiennes, notamment des jeunes filles, à quitter le nord du pays pour se rapprocher du centre du pays où elles espèrent trouver de plus heureuses perspectives.

CAMEROUN ET NIGERIA. Guerre ethnique des séparatistes de la région anglophone du Cameroun. Le conflit a poussé 26 000 personnes à fuir vers le Tchad. 21 000 Nigérians ont fait un choix similaire pour échapper aux milices islamistes et aux groupes de bandits qui gangrènent le pays. Impacté par l’effondrement sécuritaire de ses voisins, le Tchad fait donc l’objet d’une attention continue des organismes internationaux. Confronté à une grave crise migratoire, le pays craint une importation des conflits et des pénuries alimentaires qui seraient hautement préjudiciables pour sa population.

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À propos de l’auteur
Gilles Huberson

Gilles Huberson

Saint-cyrien, ancien diplomate, ambassadeur de France en Côte d'Ivoire (2017-2020), au Mali (2013-2016) et à l'île Maurice (2016-2017), Gilles Huberson est un spécialiste de l'Afrique et des questions de sécurité internationale. Il a servi au cabinet du Premier ministre et à celui de la ministre des Outre-mer, et a dirigé au Quai d'Orsay la sous-direction de la sécurité des personnes. Il est coauteur du projet français de convention des Nations unies contre le financement du terrorisme (1999).
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