L’étude approfondie de la criminalité organisée par le SIRASCO

25 novembre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Cecile Augereau, chef du service d'information de renseignement et d'analyse strategique sur la criminalite organise (SIRASCO). Nanterre, le 22/06/2016. 00762871_000004 ERIC DESSONS/JDD/SIPA
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L’étude approfondie de la criminalité organisée par le SIRASCO

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La répression du crime organisé est menée par différents services de la Police nationale et de la Gendarmerie. Présentation du SIRASCO, qui contribue à lutter contre les différents trafics.

Afin de compléter le travail de l’Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), un arrêté du 5 mars 2009 a mis en place le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique de la criminalité organisée (SIRASCO), « chargé notamment de l’identification et du suivi des organisations criminelles dont l’activité a une incidence sur le territoire national, de l’analyse stratégique et opérationnelle relative à ces organisations et de l’échange de renseignements avec les services français et étrangers ». C’est notamment grâce à ce Service qu’il est contribué « à l’identification des entités, des acteurs et des flux alimentant cette criminalité organisée »[simple_tooltip content=’Coordination nationale du renseignement, La stratégie nationale du renseignement, juillet 2019, p. 7.’](1)[/simple_tooltip].

Ce Service d’analyse approfondie de la criminalité organisée est composé d’une quinzaine de personnels provenant de la Police nationale, de la Gendarmerie nationale, mais aussi de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), qui « fixe par ordre de dangerosité les groupes criminels organisés les plus actifs sur le territoire national. Avant même la Camorra ou encore les groupes albanophones ou roumains, une menace se détache en première place : les groupes criminels organisés issus des cités sensibles des grandes agglomérations. Le panel de faits dont ils se rendent coupables est large : trafic de stupéfiants, naturellement, mais également l’ensemble des incriminations qui en découlent, à savoir blanchiment de fonds, homicides, violences volontaires, enlèvements, racket et autre criminalité identitaire [simple_tooltip content=’DUFOUR (J.) et KABSSI (A.), Bandes, dérive criminelle et terrorisme, MA éd., Paris, 2015, p. 22-23.’](2)[/simple_tooltip] ».

C’est par le biais du SIRASCO que la Police nationale et la Gendarmerie nationale rédigent un rapport annuel concernant la criminalité organisée en France [simple_tooltip content=’Fabrice RIZZOLI et THIERRY COLOMBIE, « Le crime organisé en France : puissance et impunité », Diplomatie, n°26, avril-mai 2015, p. 34.’](3)[/simple_tooltip]. Outil efficace du renseignement pour les services de police, il permet d’évaluer les grandes tendances de la criminalité. Pour exemple, le rapport rendu en juillet 2019 a dénoté une explosion de la prostitution sur Internet, la baisse des vols à main armée, ainsi que l’infiltration des criminels dans l’univers du jeu.

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La Direction générale de la sécurité intérieure dispose d’agents envoyés au sein du SIRASCO. Le partage de travail avec ce service policier spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée est pertinent, car il permet ainsi d’élaborer des rapports et des synthèses fournies sur le danger de la criminalité organisée. Ce Service d’information et de renseignement affirme expressément qu’il n’y a pas de « mafia française [simple_tooltip content=’Ibid., p. 35.’](4)[/simple_tooltip] », ce qui n’enlève bien sûr rien au fait qu’il y a effectivement des organisations criminelles traditionnelles en France. Mais son fin travail d’analyse lui permet de bien distinguer les organisations criminelles existantes en France de la mafia traditionnelle elle aussi installée sur le territoire national, tout en étudiant leur fonctionnement et leurs évolutions.

Autre sujet d’actualité, le Service national du renseignement pénitentiaire (SNRP) effectue un travail de collaboration avec le SIRASCO, en organisant des réunions trimestrielles [simple_tooltip content=’JAUNIAUX (N.) et ZOULAS (D.), « L’administration pénitentiaire, au cœur du réseau partenarial du renseignement », pp. 116-119, Cahiers de la sécurité, n°20, juin 2012, p. 118.’](5)[/simple_tooltip]. Plus encore, ce travail de partenariat en matière de renseignement et de synthèse des menaces criminelles organisées a permis de mettre en place une Équipe mixte de renseignement pénitentiaire (EMRP), dans le but d’effectuer une mission continue d’évaluation sur les menaces criminelles contemporaines, ainsi que la multitude des trafics en prison.

Enfin, le SIRASCO travaille aussi sérieusement sur un phénomène de criminalité qui prend de l’ampleur. Le SIRASCO a qualifié des nouvelles entités de « néo-banditisme », décrivant « un banditisme nouveau issu des cités sensibles, se différenciant d’un ‘milieu’ traditionnel fort affaibli par le succès des investigations policières, et un changement de générations. Il recouvre des groupes criminels organisés divers, mais tous structurés autour du trafic de stupéfiants. Leur particularité est de privilégier les ‘circuits courts’ au sein du réseau, limitant les intermédiaires, et conférant un sentiment de puissance démesuré à de petits malfaiteurs n’en ayant pas l’envergure [simple_tooltip content=’DUFOUR (J.) et KABSSI (A.), op. cit., 2015, p. 143-144.’](6)[/simple_tooltip] ». Les services de renseignement doivent donc exercer leur mission de manière permanente, à l’égard de ces nouveaux groupes criminels, et d’endiguer ainsi, à la fois la criminalité et la délinquance issues des trafics, mais aussi l’utilisation potentielle d’armes dans le cadre des violences urbaines. Plus encore, le néo-banditisme a un lien ombilical avec l’hybridité, un phénomène croisant terrorisme et criminalité organisée, comme on a pu l’observer dès 1996 avec le « gang de Roubaix », appelé aussi les « islamo-braqueurs », qui commettaient de très violents vols à main armée pour financer le jihad.

En tout état de cause, le travail d’analyse fourni par le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique de la criminalité organisée doit être entendu, et ce Service doit voir ses moyens augmentés pour continuer son travail, concernant non seulement l’accroissement des diverses formes de criminalité organisée (classique et cyber), mais aussi l’hybridation, et ainsi approfondir l’étude des réseaux criminels qui travaillent avec des individus participant à des activités terroristes.

À propos de l’auteur
Alexis Deprau

Alexis Deprau

Docteur en droit de la sécurité et de la défense.
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