Depuis l’éclatement du conflit entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR) en avril 2023, le Soudan est en proie à une guerre civile fragmentée aux conséquences catastrophiques. La carte du 23 septembre, qui retrace le contrôle territorial, illustre une division nette : l’armée domine l’Est et le Nil, les FSR tiennent le Darfour et l’Ouest du pays, tandis que plusieurs villes sont assiégées ou disputées.
Mais derrière ce jeu de contrôle des terres, c’est une crise humaine sans précédent qui se dessine, avec des chiffres alarmants.
Les chiffres de la catastrophe humanitaire
Les déplacements forcés atteignent des niveaux records. Depuis le début du conflit, près de 13 millions de personnes ont dû quitter leur foyer, dont 8,6 millions à l’intérieur du pays et plus de 4 millions réfugiés à l’étranger. D’autres estimations avancent 12 millions de déplacés, avec 7,7 millions restés sur le sol soudanais. Chaque semaine, de nouvelles familles prennent la route, fuyant les combats, la famine ou les violences.
La faim progresse à une vitesse alarmante. Plus de 25 millions de Soudanais, soit plus de la moitié de la population, vivent aujourd’hui en situation d’insécurité alimentaire aiguë. Dans certaines zones du Darfour Nord, les conditions de famine sont désormais établies. Dans la ville assiégée d’El-Fasher, le réseau médical local rapporte que 23 personnes sont mortes en un mois des suites de la malnutrition. Au total, 15 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire urgente, la moitié ayant moins de cinq ans.
Les épidémies frappent un système de santé déjà à genoux. Le pays traverse l’une des pires crises de choléra de son histoire récente, avec 382 718 cas confirmés et 4 478 décès enregistrés depuis 2024. Dans le Darfour, on compte plus de 12 700 cas et 358 morts. La dengue se répand également, avec plus de 2 000 cas signalés en une semaine. Le 24 janvier 2025, un bombardement de drones a frappé un hôpital maternel à El-Fasher, causant la mort de 70 personnes.
Les violences directes contre les civils s’ajoutent à ce tableau dramatique. Dans les camps de déplacés du Darfour, plus de 100 personnes ont été tuées lors d’attaques en 2025. La prise du camp de Zamzam par les FSR en avril a provoqué la fuite de 400 000 habitants et la destruction des infrastructures vitales. Dans le Darfour Nord, plus de 480 civils ont été massacrés en un mois. À Khartoum, en février 2025, un bombardement sur le marché d’Omdurman a tué 56 personnes et en a blessé 158.
Un pays qui s’enfonce
Alors que les FSR et l’armée soudanaise se disputent villes et régions, aucun camp ne semble en mesure d’imposer une victoire décisive. Les civils, pris au piège des sièges, des famines et des épidémies, paient le prix fort. Avec près de la moitié de sa population déplacée et une insécurité alimentaire touchant plus de 25 millions de personnes, le Soudan s’enfonce dans l’une des pires crises humanitaires contemporaines, menaçant non seulement la survie de ses habitants mais aussi la stabilité de toute la région.