Le 200e décret pris par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche rebaptise le ministère de la Défense (« Department of Defense ») en ministère de la Guerre (« Department of War ». Il s’agit d’un retour à une appellation qui fut en vigueur entre 1789 et 1947.
Le 200e décret pris par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche rebaptise le ministère de la Défense (« Department of Defense ») en ministère de la Guerre (« Department of War »)[1]. Il s’agit d’un retour à une appellation qui fut en vigueur entre 1789 et 1947, date à laquelle le président Harry Truman adopta la désignation de National Military Establishment avant que celle de ministère de la Défense ne lui succède dès 1949.
Nostalgique d’une appellation datant de l’époque à laquelle les États-Unis « avaient gagné la première Guerre mondiale et la Seconde », le président américain estime que le nom de ministère de la Défense était révélateur d’une tendance « woke »[2] et entend adresser au monde « un message de victoire, un message de force ».
Les implications de ce changement
Concrètement, cette nouvelle appellation est destinée à faire office de désignation secondaire jusqu’à ce que le Congrès adopte une loi entérinant le changement. Il incombe à Pete Hegseth, désormais ministre de la Guerre, d’entreprendre l’ensemble des démarches nécessaires pour que cette modification devienne permanente. Le décret prévoit toutefois que ce changement d’appellation sera immédiatement reflété dans les correspondances et dans toutes les communications publiques du Pentagone. L’adresse du site internet du désormais ministère de la Guerre a d’ores et déjà été modifiée en conséquence[3].
Alors que M. Trump a écarté les critiques relatives au coût de cette mesure (« Pas grand-chose. Nous savons comme procéder sans extravagance »), le média Politico considère que sa mise en œuvre pourrait coûter plusieurs milliards de dollars[4]. Le site met en avant la nécessaire mise à jour des façades de centaines d’agences ou encore de panneaux quand d’autres citent la modification des en-têtes officiels. Un responsable du Pentagone a récemment déclaré qu’une estimation plus précise serait communiquée ultérieurement[5].
Une décision, plusieurs interprétations
Au-delà des considérations matérielles, le retour à l’appellation de ministère de la Guerre entraîne plusieurs interprétations. Le président Trump a déclaré vouloir « envoyer un message de victoire, de force » aux puissances hostiles aux États-Unis. Ce message est appuyé par Pete Hegseth, qui considère que le terme de défense occulte l’aspect offensif de l’armée américaine : « Défense ne sonne pas bien. Nous ne voulons pas être uniquement défensifs, nous voulons la défense, mais nous voulons également l’attaque »[6]. Et de poursuivre, « On l’appelait autrefois ministère de la Guerre et ça sonnait mieux. On avait tout gagné ». De telles déclarations font écho au mépris qu’affiche fréquemment Donald Trump pour les « guerres sans fin » et semblent indiquer que le locataire de la Maison-Blanche entend prendre ses distances avec les campagnes douloureuses au Vietnam, en Afghanistan ou encore en Irak.
Certaines figures démocrates voient dans cette décision un signe révélateur des ambitions dictatoriales et de la dérive autoritaire que leur camp prête au président américain. Certains spécialistes avancent par ailleurs que cette décision est en contradiction directe avec sa volonté d’être considéré comme le « président de la paix » et de recevoir le prix Nobel de la paix[7]. Les soutiens de Donald Trump pointent quant à eux la cohérence idéologique de ce choix, rappelant la volonté du président de reprendre la doctrine « peace through strength » (« paix par la force ») précédemment défendue par le président Ronald Reagan ou le candidat républicain malheureux à l’élection présidentielle de 1964, Barry Goldwater[8].
Selon la rédaction du Wall Street Journal, l’essentiel serait ailleurs. Le quotidien républicain rappelle ainsi que le budget de la défense ne représente plus que 3% du PIB des États-Unis alors qu’il atteignait 16,9% en 1952, lors de la guerre de Corée, et 8% pendant la guerre du Vietnam[9]. La tribune affirme en conclusion que le problème principal du Pentagone réside davantage dans l’érosion de sa puissance militaire que dans son appellation.
[1] https://www.whitehouse.gov/fact-sheets/2025/09/fact-sheet-president-donald-j-trump-restores-the-united-states-department-of-war/
[2] https://www.wsj.com/politics/national-security/trump-to-sign-order-calling-pentagon-the-department-of-war-f68d88d6?mod=Searchresults&pos=2&page=1
[3] Le site est accessible à l’adresse suivante : war.gov
[4] https://www.politico.com/news/2025/09/04/white-house-pentagon-department-of-war-00545673
[5] https://www.wsj.com/politics/national-security/trump-to-sign-order-calling-pentagon-the-department-of-war-f68d88d6?mod=Searchresults&pos=2&page=1
[6] https://www.moaa.org/content/publications-and-media/news-articles/2025-news-articles/recommended-reads/trump,-hegseth-float-renaming-defense-department-to-department-of-war/
[7] https://www.nytimes.com/2025/09/06/us/politics/trump-department-of-war.html?searchResultPosition=19
[8] https://www.washingtonexaminer.com/news/3450691/peace-through-strength-origin-phrase-trump-administration/
[9] https://www.wsj.com/opinion/department-of-war-donald-trump-pete-hegseth-military-eaaef539?mod=Searchresults&pos=6&page=1