L’Antarctique : un défi politique pour le Chili et l’Argentine

23 mars 2025

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L’Antarctique : un défi politique pour le Chili et l’Argentine

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L’Antarctique sud est un lieu de défi pour le Chili et l’Argentine. Développement de l’extraction minière, du tourisme, de la navigation mais aussi concurrence de puissances étrangères, ce territoire connait de grandes rivalités géopolitiques

Sous-lieutenant Timothée R.

Introduction

Le continent antarctique, défini par l’ensemble des terres situées au sud du 60e parallèle, couvre une superficie d’environ 14 millions de km². Il est presque entièrement recouvert de glace, représentant à lui seul 70 % des réserves mondiales d’eau douce. Cette région, la plus froide au monde avec des températures pouvant descendre à – 89, 2 ° C (station Vostok, 1983), est également marquée par des vents violents atteignant régulièrement 300 km/h[1]. Contrairement à l’Arctique, entouré de terres habitées et souveraines, l’Antarctique ne possède aucune population autochtone permanente, une spécificité ayant suscité diverses revendications territoriales au cours du XXe siècle.

Dès le début du XXe siècle, sept États, dont le Chili, ont formulé des revendications territoriales sur cet espace. Le Chili, par le décret 1747 de 1940, revendique ainsi une superficie de 1, 25 millions de km² situé entre les longitudes 53 ° et 90 ° Ouest[2]. Cette revendication chilienne se superpose partiellement avec celles formulées par l’Argentine et le Royaume-Uni, créant historiquement des tensions diplomatiques et politiques dans la région. Ces prétentions concurrentes furent exacerbées dans un contexte international marqué par les impératifs géostratégiques de la Guerre froide, période durant laquelle la péninsule antarctique devint un point critique d’affrontements indirects entre puissances rivales[3].

Afin d’apaiser ces tensions croissantes, le Traité sur l’Antarctique fut signé le 1er décembre 1959 à Washington par douze États, dont le Chili, l’Argentine, les États-Unis et l’Union soviétique[4]. Entré en vigueur le 23 juin 1961, ce traité instaura un régime juridique international inédit : démilitarisation complète du continent, liberté totale de la recherche scientifique et gel des revendications territoriales. Malgré la clarté apparente de ce cadre juridique, certaines ambiguïtés persistent aujourd’hui, notamment concernant la nature exacte des activités militaires interdites, laissant ainsi ouvertes des possibilités d’interprétation et d’exploitation indirecte.

À partir des années 1980, les ressources naturelles importantes présentes dans l’espace antarctique, telles que le krill, les hydrocarbures potentiels, et les réserves minérales, suscitèrent un regain d’intérêt économique. Ce contexte a conduit à la signature en 1991 du Protocole de Madrid, complément au Traité de 1959, interdisant explicitement toute activité d’exploitation minière jusqu’en 2048.  Ainsi, les seules activités économiques légitimes restent celles liées à la pêche et au tourisme, toutes deux strictement encadrées par des réglementations contraignantes.

Toutefois, aujourd’hui encore, les puissances impliquées maintiennent leurs intérêts stratégiques en Antarctique sous couvert de recherches scientifiques. Ainsi, certaines installations, notamment celles déployées par la Chine ou la Russie, sont suspectées d’avoir des capacités militaires et civiles. Cette situation alimente les débats sur la solidité et l’efficacité réelle du régime juridique actuel.

Dans ce contexte, le Chili occupe une position délicate, devant concilier la défense de sa souveraineté territoriale affirmée historiquement, son implication active dans la coopération scientifique internationale et les contraintes du régime juridique international en vigueur. Ces éléments placent le pays à la croisée des chemins, entre le maintien prudent du statu quo et la préparation proactive à une éventuelle évolution juridique et géopolitique majeure, notamment à l’approche de la révision prévue du Protocole de Madrid en 2048. Ainsi quelles perspectives pour le développement de l’espace antarctique chilien ?

De nouvelles routes de navigation

L’intérêt stratégique de l’Antarctique chilien repose d’abord sur l’ouverture progressive des voies maritimes, transformées par le dérèglement climatique. En effet, la chaîne montagneuse et volcanique de plus de 1 300 km permet d’enregistrer des températures estivales pouvant atteindre + 15 ° C, contrastant avec les – 5 ° C observés sur le plateau antarctique. Le phénomène d’amplification polaire, dû à la forte réflectivité de la neige (80 %) par rapport au sol (20 %), accélère le réchauffement aux pôles à un rythme deux à trois fois supérieur à celui du reste du monde, avec une hausse de 0, 2 à 0, 5 ° C par décennie. Ainsi, la saison libre de glace s’est allongée de 90 jours depuis 1979 et les quelque 700 glaciers de la péninsule montrent un réchauffement cumulé de plus de 3 °C sur les cinquante dernières années. La rupture de la barrière de glace Larsen A en 1995, suivie de celle de Larsen B en 2002 en plus du recul généralisé de la glace ouvre progressivement de nouveaux corridors maritimes[5].

À ce facteur naturel s’ajoutent les avancées technologiques actuelles qui permettent de repenser la navigation antarctique grâce à des systèmes innovants. Par exemple, des chercheurs ont adapté l’algorithme de Dijkstra, initialement conçu pour identifier les trajets les plus courts, afin d’optimiser les routes maritimes entre les stations Bharati et Maitri. En divisant la zone en nœuds géographiques et en intégrant des données satellitaires sur la glace, les vents et les effets du courant Circumpolaire – qui offre une vitesse moyenne de 4 à 15 km/h, ce système réduit sensiblement le temps de trajet tout en améliorant l’efficacité énergétique[6].

Ces évolutions représentent une opportunité de développement pour les échanges Amérique du Sud-Asie du Sud dans un contexte de tensions croissantes entre le bloc occidental et les BRICS+. Cependant, le potentiel de navigation en Antarctique reste encore aujourd’hui très limité par plusieurs facteurs majeurs. Premièrement, le manque criant de données hydrographiques – seulement 5 % des fonds océaniques étant cartographiés – rend les trajets extrêmement dangereux[7]. Deuxièmement, les conditions météorologiques instables accentuées par la fonte rapide des glaces génèrent des tempêtes australes aux vents supérieurs à 120 km/h. Enfin, les incidents comme celui du brise-glace russe MV Akademik Shokalskiy en 2013 rappellent les défis logistiques liés à l’éloignement des infrastructures de secours[8]. Ainsi, malgré les promesses économiques que laisse entrevoir cette route maritime, la viabilité reste incertaine à court terme, freinée par ces contraintes environnementales et logistiques majeures

La montée en puissance des capacités duales en Antarctique

Cette région se distingue par son importance stratégique exceptionnelle, notamment en raison de sa proximité immédiate avec le passage de Drake, une voie maritime particulièrement fréquentée reliant les océans Atlantique, Pacifique et Austral. Sa position géographique permet un contrôle efficace du trafic maritime et aérien, offrant une visibilité sans obstacle aux systèmes radar et satellites. Historiquement, les tensions militaires en Antarctique se sont illustrées dès les années 1950, à travers des épisodes marquants tels que la tentative de destruction en 1953 par les Britanniques d’une base chilienne sur l’île Déception[9]. Cet incident a accéléré la signature du Traité sur l’Antarctique en 1959, instaurant officiellement la démilitarisation de la région. Cependant, ce traité, devenu obsolète par rapport aux réalités technologiques actuelles, présente des lacunes juridiques exploitées par certaines puissances. Ainsi, la notion vague d’« activité pacifique », démontrant une fragilité sémantique du Traité, s’est couplée progressivement aux conditions géographiques (absence de reliefs perturbateurs) et environnementales de l’espace antarctique chilien pour faciliter la mise en place de capacités militaires indirectes, notamment de surveillance[10]. La Chine, par exemple, utilise depuis la décennie 2010 son réseau satellitaire BeiDou-2 sur sa base Great Wall, officiellement destiné à la logistique polaire, mais précieux pour des applications militaires, notamment la surveillance de navires et la précision de systèmes d’armes. De même, la Russie, avec son système GLONASS, suit une logique analogue, augmentant ses capacités stratégiques dans la région. Les États-Unis, quant à eux, déploient des radars comme SuperDARN, permettant une veille électronique discrète. L’espace antarctique chilien, situé près du passage de Drake, est un point stratégique clé dont le contrôle aérien permettrait de réguler l’accès à l’Océanie, à l’Amérique du Sud et à l’Afrique, selon Bardy.

Le climat extrême de l’Antarctique chilien en fait un terrain d’essai idéal pour la technologie à double usage. L’environnement, caractérisé par des variations extrêmes de température – allant de + 15 ° C en été à – 52 ° C en hiver – et par une exposition intense aux rayonnements solaires due à la réverbération de la glace et à l’amincissement de la couche d’ozone, impose aux équipements et infrastructures des exigences de robustesse similaires à celles des théâtres d’opérations militaires ou des missions spatiales. Les projets de développement de drones polaires, comme le Windracers ULTRA UAV testé à la station Rothera, ou d’aéronefs adaptés tels que le LC‑130 Skibird, montrent que la technologie développée dans ce contexte peut être utilisée pour des applications civiles et militaires. De plus, l’Antarctique sert de banc d’essai pour des systèmes de surveillance avancés, exploitant la quasi-totalité des orbites polaires de basse altitude qui permettent aux satellites de revisiter une zone entre 14 et 15 fois par jour. Ces éléments technologiques renforcent la capacité des nations à tester et à améliorer leurs équipements dans un environnement analogues aux futurs théâtres d’opérations, qu’il s’agisse de Mars ou de déserts terrestres, comme identifié par l’OTAN[11].

Exploration des ressources

L’exploration des ressources naturelles constitue une autre dimension essentielle de l’intérêt pour l’Antarctique chilien. L’héritage de Gondwana confère à la région un potentiel minéral exceptionnel. La péninsule et les montagnes Transantarctiques présentent des intrusions mafiques, des séquences sédimentaires marines riches en matériaux volcaniques intermédiaires et des intrusions granitiques. Des études géophysiques menées dans le Rift intérieur de la mer de Weddell, sur 780 000 km², ont identifié des strates dévoniennes à jurassiques pouvant atteindre 4 km d’épaisseur. Les estimations, fondées sur des relevés sismiques du BGR allemand, indiquent un potentiel de 6, 7 milliards de barils de pétrole, 69, 5 trillions de pieds cubes de gaz et 3,5 milliards de barils de liquides de gaz naturel, soit un total de 21, 8 milliards de barils équivalent pétrole[12]. Parallèlement, le littoral de la péninsule est riche en guano, fertilisant naturel très recherché bien que son exploitation soit interdite par le Protocole de Madrid. L’innovation technologique a permis de développer des systèmes de forage comme le RAID (Rapid Access Ice Drill) qui, en utilisant une méthode de forage rotatif à circulation inversée, permet d’atteindre 3 300 mètres en environ 200 heures[13]. Ce système offre la possibilité de récupérer des carottes de glace et des échantillons de roche sous-glaciaire, fournissant des données essentielles sur la composition géologique du sous-sol antarctique. L’exploitation maritime a également joué un rôle historique dans la transformation de la région. La chasse aux phoques et aux baleines, qui a permis d’abattre près de 2, 9 millions de grandes baleines entre 1900 et 1999, avec un pic de 25 000 prises entre 1904 et 1916, fut l’activité économique la plus importante de l’Antarctique avant la mise en place de la Convention internationale pour la réglementation de la chasse à la baleine en 1946. Par la suite, la pêche au krill, débutée dans les années 1960 avec des prises initiales de moins de 500 tonnes, a atteint en 1986 un pic de 425 867 tonnes, pour se stabiliser autour de 350 000 tonnes par saison. De son côté, la légine australe, dite « or blanc des mers », voit ses quotas se situer à environ 25 000 tonnes en 2020.

Un éco-système d’une grande diversité

Enfin, l’écosystème antarctique est lui-même une ressource vivante d’une importance capitale. Les lacs subglaciaires, comme le lac Ellsworth enfoui sous 3 400 mètres de glace et s’étendant sur 14, 7 km de long pour trois km de large avec une profondeur maximale d’environ 1, 56 m, offrent des archives climatiques précieuses. Les carottes de sédiments extraites de ces lacs, d’une épaisseur supérieure à deux mètres, permettent de reconstituer l’histoire climatique sur plus de 800 000 ans. Les concentrations de CO₂ y étaient alors d’environ 180 à 200 ppm durant les périodes glaciaires, contre 280 ppm pendant les interglaciaires, alors que les niveaux actuels dépassent 420 ppm. Les isotopes, notamment le δ18O, le méthane et les isotopes cosmogéniques comme 10Be et 36Cl, apportent des informations sur les régimes de précipitations, l’activité volcanique et les variations du champ magnétique terrestre. Parallèlement, l’écosystème marin des mers de Weddell et de Bellingshausen abrite une biodiversité étonnante, avec 8 654 espèces marines recensées dont 80 % d’invertébrés, et une production annuelle de krill comprise entre 340 et 540 millions de tonnes. Ces chaînes trophiques complexes, incluant des poissons notothénioïdes qui développent des protéines antigel, illustrent l’adaptation des organismes aux conditions extrêmes et ouvrent la voie à des applications biotechnologiques et économiques[14].

Face à ces enjeux, la géo-ingénierie émerge comme une solution potentielle pour préserver l’écosystème et réguler le climat mondial. La fonte des glaciers de l’Antarctique occidental, qui contribue actuellement pour 20 à 25 % à l’élévation du niveau de la mer, pourrait entraîner une hausse allant de 30 centimètres dans un scénario d’émissions faibles à 2, 5 mètres dans un scénario extrême, voire 3 à 4 mètres en cas de catastrophe[15]. Afin de contrer ce phénomène, des approches telles que le pompage d’eau de mer froide pour renforcer la glace de surface ou la fertilisation des océans par l’ajout de fer – stimulant la croissance d’algues capables de capter davantage de CO₂ – sont envisagées, bien que controversées.

La cristallisation des tensions géopolitiques : épée de Damoclès pour le développement de l’Antarctique chilien

Le mécanisme du « protectionnisme d’opportunité » constitue l’un des principaux leviers géopolitiques permettant aux puissances occidentales de maintenir leur domination en Antarctique. Ce protectionnisme, loin d’être un simple principe environnemental, sert en réalité de cadre stratégique permettant à ces États de préserver leurs intérêts en gelant toute possibilité d’exploitation économique ou territoriale par des acteurs extérieurs au cercle historique des puissances antarctiques. L’établissement de l’aire marine protégée de la mer de Ross en 2016, d’une superficie précise de 1,25 million de km², illustre parfaitement comment les États-Unis et leurs alliés occidentaux utilisent la conservation environnementale pour verrouiller politiquement et économiquement une région stratégique[16]. Ce verrouillage empêche ainsi toute exploitation minière ou halieutique qui pourrait remettre en cause l’équilibre politique actuel. De même, la domination scientifique occidentale, incarnée par la National Science Foundation américaine qui finance annuellement 70 % des recherches antarctiques internationales, exerce une véritable emprise sur les politiques du Système du Traité sur l’Antarctique (STA). À travers cette hégémonie scientifique, les États-Unis orientent habilement les décisions lors des Réunions Consultatives du Traité, comme en témoignent les blocages répétés de projets d’infrastructures proposés par des pays non-occidentaux. Par exemple, le projet australien d’une piste d’atterrissage bétonnée de 2,7 km en 2019 fut rejeté sous prétexte de préservation environnementale, tandis que parallèlement, des investissements majeurs, tels que les 30 millions d’euros alloués par la France en 2022 pour rénover la station Concordia, sont systématiquement approuvés, soulignant l’usage stratégique des fonds occidentaux pour maintenir leur influence et empêcher tout bouleversement de l’équilibre existant. Ces actions coordonnées visent directement à restreindre les initiatives chinoises et russes, notamment en refusant des propositions telles que l’établissement d’une Aire Spécialement Gérée en Antarctique (ASMA) autour de la station chinoise Kunlun. Cette stratégie occidentale traduit une volonté manifeste de préserver le statu quo afin d’éviter une militarisation directe ou indirecte du continent blanc, tout en bloquant subtilement les velléités expansionnistes et économiques des puissances émergentes.

Présence de la Chine et de la Russie

Face à ce protectionnisme occidental, les ATS-Changers, menés principalement par la Chine et la Russie, déploient une stratégie de long terme visant à modifier progressivement les équilibres du traité. La Chine, en particulier, adopte depuis 2013 une posture clairement révisionniste, illustrée par son expansion considérable sur le continent antarctique. Pékin est passé de deux à cinq stations scientifiques permanentes entre 2009 et 2024 (Changcheng Zhan en 1985, Zhongshan en 1989, Kunlun en 2009, Taishan en 2014, et Qinling en 2024). Ces bases constituent autant de points d’appui stratégiques destinés à renforcer sa légitimité territoriale en prévision d’une renégociation possible du Protocole de Madrid en 2048. L’effort chinois se matérialise aussi dans le domaine symbolique avec plus de 350 désignations topographiques officielles en mandarin depuis 2009, un moyen explicite d’affirmer symboliquement sa souveraineté potentielle. L’exploration du Dôme A en 2005, marquant l’aboutissement d’une décennie d’investissements technologiques et logistiques, s’inscrit dans cette démarche territoriale anticipatrice[17]. À cela s’ajoute une stratégie diplomatique active, matérialisée par la signature de multiples mémorandums technologiques bilatéraux avec le Chili en 2010, 2017 et 2023, facilitant l’accès chinois à des technologies avancées de cartographie, de surveillance environnementale et de télécommunications en Antarctique. La Russie partage pleinement cette dynamique révisionniste, adoptant dès 2021 un plan national stratégique comprenant 42 initiatives spécifiques, telles que la construction d’un nouvel aéroport antarctique et la modernisation de ses moyens logistiques[18]. Moscou cherche ainsi explicitement à préparer le terrain pour un redéploiement territorial et économique en vue de la révision anticipée du Protocole de Madrid.

Les STA-Changers contestent ouvertement la rigidité du cadre juridique imposé par les puissances occidentales, plaidant pour une gestion plus permissive des ressources naturelles antarctiques. Lors des négociations annuelles de la CCAMLR depuis 2012, Chine et Russie refusent systématiquement la création de nouvelles Aires Marines Protégées, en particulier celle proposée dans la mer de Weddell, préférant maintenir ouvertes les options futures d’exploitation des ressources biologiques, minérales et pétrolières[19]. Ces blocages réguliers démontrent une opposition de fond aux principes du protectionnisme occidental, révélant ainsi les limites et les vulnérabilités croissantes du modèle actuel du STA. Cette opposition s’inscrit dans une démarche stratégique qui envisage explicitement la date de 2048 comme un horizon décisif. À cette échéance, les STA-Changers entendent utiliser leur poids accru au sein du STA, acquis grâce à leurs investissements massifs en infrastructures et en capacités duales, pour imposer un changement substantiel dans les règles de gouvernance antarctique. Leurs actions actuelles, telles que l’établissement de nouvelles bases sans audit environnemental préalable (cas de la Chine en 2024) ou la reprise controversée de la chasse à la baleine par le Japon en 2019, témoignent de leur volonté de saper progressivement le cadre actuel pour préparer le terrain à une gestion économique plus directe du continent antarctique[20].

Le Chili, acteur historique du traité depuis 1959, se positionne dans cette dynamique géopolitique complexe par une stratégie diplomatique subtile. Initialement contraint par sa faiblesse économique des années 1946-1955 – marquée par une inflation atteignant 75 % en 1955 et une baisse des exportations de cuivre passant de 380 000 tonnes en 1946 à 238 000 tonnes en 1950 – le Chili adhéra au traité pour stabiliser sa revendication territoriale face à l’Argentine et au Royaume-Uni. La dépendance vis-à-vis des États-Unis, renforcée par l’accord de libre-échange de 2003 générant 27, 4 milliards de dollars d’investissements directs étrangers en 2022, constitue néanmoins une vulnérabilité stratégique pour Santiago[21]. En réaction à ces contraintes, le Chili s’est engagé dans une politique active de diversification diplomatique. Depuis 2013, il a intensifié ses relations avec la Chine, notamment par l’importation d’armements pour 258 millions de dollars entre 2013 et 2021[22]. La rencontre bilatérale de mai 2024 entre la ministre chilienne de la Défense et des responsables militaires chinois confirme cette orientation. De plus, la signature successive de mémorandums technologiques en 2010, 2017 et 2023, portant sur la cartographie avancée, la surveillance environnementale et la mise en œuvre de la 5G dans la base Villa Estrellas, illustre cette volonté de coopérer avec Pékin tout en cherchant à améliorer ses propres capacités logistiques. La coopération sino-chilienne se concrétise également par l’installation en 2023 d’un siège permanent de la Chinese Antarctic Administration au sein même de l’ambassade chinoise à Santiago, renforçant l’influence stratégique chinoise dans la région antarctique chilienne. Néanmoins, cette alliance stratégique avec Pékin pourrait compromettre la souveraineté chilienne, particulièrement à l’approche de la révision du traité en 2048.

Missions scientifiques et militaires

Enfin, la militarisation implicite, ou « zone grise », constitue désormais une dimension essentielle des tensions antarctiques. Des initiatives telles que l’utilisation de navires militaires, notamment le brise-glace chilien Almirante Veil, pour des missions de cartographie, ou la construction de bases chinoises sans audits environnementaux préalables, révèlent une instrumentalisation croissante de moyens civils à des fins militaires. De même, la reprise en 2019 par le Japon de la chasse à la baleine sous prétexte scientifique, malgré le moratoire international de 1982, souligne les limites du traité face aux actions contestataires croissantes des acteurs révisionnistes. Les scénarios pour l’avenir du traité antarctique montrent une fragilisation progressive du consensus international. Les appels à une gouvernance plus inclusive, portés notamment par des États émergents, mettent en évidence le risque de fragmentation accru des intérêts au sein des 59 signataires actuels, dont 29 parties consultatives. La guerre en Ukraine depuis 2022 a exacerbé ces tensions, la Russie ayant intensifié ses manœuvres diplomatiques pour s’opposer aux propositions occidentales d’exploitation contrôlée des ressources antarctiques[23].

Dynamisme polaire et limitations : un essor centré sur certaines activités face aux obstacles juridiques et environnementaux

L’Antarctique chilien représente aujourd’hui un espace stratégique dont la configuration résulte de dynamiques historiques, scientifiques et économiques interconnectées, illustrant la manière dont l’investissement dans la recherche, la construction d’un réseau dense de bases et le développement touristique convergent pour affirmer la souveraineté sur un territoire contesté. Depuis les premières explorations de la péninsule au XIXe siècle, la bataille pour l’affirmation territoriale a opposé le Royaume-Uni, le Chili et l’Argentine. En 1908, le Royaume-Uni revendiquait la souveraineté sur plusieurs îles et sur la péninsule, suscitant dès lors la réaction de l’Argentine, qui, en 1927, crée la Commission des îles Australes et renforce ses prétentions avec le Décret 61.852 en 1940[24]. Le Chili, en réponse, adopte le Décret Suprême 1.747 en 1940 et, en 1961, inscrit officiellement le Territoire Antarctique Chilien comme bien de l’État. Les tentatives de conciliation – telles celles du Royaume-Uni en 1947 ou celles envisagées dès 1906 par le Chili – échouent, et dès 1904, les trois pays occupent le territoire à l’aide de bases scientifiques et militaires, s’inscrivant dans le cadre du Traité sur l’Antarctique[25]. Cette phase historique établit les bases d’une compétition où l’investissement scientifique devient le levier essentiel pour l’affirmation territoriale. L’investissement scientifique a ainsi été dès le début utilisé pour asseoir une présence durable dans la région. Les premières explorations de la péninsule ont ouvert la voie à la construction d’un réseau dense de bases, une réponse directe aux ambitions territoriales de chaque acteur. En 1943, l’Opération Tabarin lancée par le Royaume-Uni aboutit à la création de la base Port Lockroy, conçue pour protéger les intérêts britanniques face aux revendications du Chili et de l’Argentine. En réaction, le Chili inaugure la base Soberanía en 1947, tandis que l’Argentine établit sa présence avec la base Decepción dès 1942, suivie de Melchior en 1947. La création, en 1948, de la base chilienne General Bernardo O’Higgins renforce le lien du Chili avec le territoire, et l’Argentine consolide sa présence en 1952 avec la base Esperanza, qui intègre une dimension civile en accueillant des familles. Le Royaume-Uni, poursuivant sa stratégie, développe la base Faraday en 1954[26]. La signature du Traité sur l’Antarctique en 1959, en gelant les revendications, permet à de nouvelles nations – l’URSS, les États-Unis, la Corée du Sud, et plus tard la Chine – d’installer leurs propres bases, ce qui, aujourd’hui, fait émerger un réseau de plus de 18 bases scientifiques sur la péninsule, soutenu par un système logistique permanent.

La densification de ce réseau est indissociable d’investissements massifs et d’un soutien logistique essentiel pour maintenir une présence continue dans des conditions extrêmes. Par exemple, le Brésil investit 100 millions de dollars pour reconstruire sa station Comandante Ferraz après l’incendie de 2012, tandis que la Chine a déboursé 500 millions de yuans entre 2005 et 2008 pour renforcer ses installations[27]. La modernisation de bases telles que Rothera, actualisée en 2020 pour permettre l’accueil de navires plus imposants, ou encore l’extension de la base argentine Esperanza, qui s’étend sur 4744 m² et comprend 43 bâtiments offrant des laboratoires modernes et des espaces de vie confortables, démontre que la capacité à investir dans des infrastructures adaptées est cruciale pour une occupation pérenne du territoire antarctique. Ces investissements, chiffrés avec précision, témoignent de la volonté des États de convertir la présence scientifique en un outil d’affirmation territoriale. Parmi les stations emblématiques, la base chilienne Presidente Eduardo Frei Montalva, fondée le 9 avril 1984 sur l’île du Roi George, incarne la stratégie d’expansion territoriale du Chili. Bien plus qu’un simple poste scientifique, cette base intègre « Villa Las Estrellas », une communauté permanente où résident entre 80 et 150 personnes – militaires, scientifiques et leurs familles – dans des infrastructures qui comprennent un hôpital, une banque, un supermarché et une église. Jusqu’en novembre 2018, une école primaire y accueillait jusqu’à 300 enfants, soulignant l’effort du Chili pour établir une présence civile dans une région traditionnellement dominée par des installations purement militaires ou scientifiques. En mars 2024, l’introduction de la technologie 5G à Villa Las Estrellas, pour un investissement d’environ 287 670 euros, renforce la connectivité et les capacités de recherche, tout en affirmant l’identité nationale chilienne en Antarctique[28]. L’aéroport Teniente Rodolfo Marsh Martin, doté d’une piste de 1 300 mètres, facilite les vols directs depuis Punta Arenas, optimisant ainsi la logistique et l’accès à l’espace antarctique[29]. Ces éléments témoignent d’une stratégie d’établissement permanent et d’un développement territorial à long terme.

Le rôle de l’innovation cartographique

Parallèlement à l’investissement dans les bases et la recherche, l’innovation cartographique a joué un rôle décisif dans le déverrouillage de nouvelles opportunités polaires. Les premières cartes, réalisées manuellement par les expéditions de Robert Falcon Scott en 1901, laissaient apparaître d’importantes imprécisions. Après la Seconde Guerre mondiale, l’usage de photographies aériennes améliora considérablement la représentation du territoire, bien que ces méthodes restent limitées. À partir de 1972, l’URSS exploite les satellites pour produire des cartes fondées sur des variations d’altitude, prélude aux systèmes d’information géographique (SIG) et aux modèles numériques de terrain (MNT), qui offrent aujourd’hui une précision inédite. Le projet GeoMAP, qui a cartographié plus de 52 000 km² de roches, illustre cette avancée et permet de documenter des phénomènes tels que le recul des glaciers sur l’île de Géorgie du Sud[30]. Ces innovations facilitent également le choix de sites pour l’implantation de nouvelles stations de recherche, réduisant ainsi les coûts et améliorant la sécurité des opérations dans un environnement hostile.

Le développement des infrastructures logistiques s’avère tout aussi crucial. Les recherches polaires nécessitent le transport de matériel lourd et de technologies avancées dans des conditions extrêmes. Lors de la mission de 2013 sur le lac Whillans, par exemple, plus de 500 000 kg de matériel furent acheminés, incluant une foreuse capable de forer sous 800 mètres de glace sans contaminer les échantillons. Les stations telles que Rothera (Royaume-Uni) et Palmer (États-Unis) ont ainsi développé des capacités logistiques spécifiques, utilisant des véhicules tels que les PistenBully 300 Polar et les Sno-Cats, conçus pour résister aux températures extrêmes et aux surfaces glaciaires. Des systèmes innovants, comme le Tractor Train Traverse System de la station Rothera, qui combine véhicules robustes et laboratoires mobiles, optimisent les opérations sur le terrain, ouvrant la voie à une exploitation future potentielle du continent[31].

L’expansion du réseau scientifique ne se limite pas aux pays ayant des revendications territoriales historiques. Des nations sans lien direct avec le territoire antarctique, telles que la Chine, ont adopté la science comme stratégie de positionnement. La Chine, avec ses bases The Great Wall et Kunlun, présente l’Antarctique comme un « troisième pôle » climatique, comparable au plateau tibétain, renforçant ainsi sa légitimité en tant qu’acteur scientifique et préparant, le cas échéant, un futur accès aux ressources naturelles dans le cadre d’une révision du Protocole en 2048. La Corée du Sud, depuis son adhésion en 1986 et la création de la station King Sejong, adopte une stratégie similaire en mettant en avant l’étude des pôles pour comprendre le changement climatique. Ainsi, la science se révèle être un puissant levier pour ces nations, leur permettant de consolider leur présence sans pour autant formuler de revendications territoriales explicites.

L’île du Roi George illustre parfaitement l’expansion des infrastructures en Antarctique. Entre 1960 et 2024, le nombre de bases y est passé de quatre à dix-huit, témoignant d’un investissement continu dans la région. L’aérodrome Teniente Rodolfo Marsh Martin, avec sa piste de 1 300 mètres, facilite les vols intercontinentaux, tandis que des quais portuaires modernes assurent le ravitaillement des stations. Des bases telles que Commandante Ferraz du Brésil disposent désormais de laboratoires spécialisés en biologie et en glaciologie, et l’intégration de technologies satellitaires et d’énergies renouvelables garantit une connectivité optimale, indispensable à la continuité des opérations scientifiques et logistiques.

Essor du tourisme

En parallèle, l’essor du tourisme en Antarctique constitue un levier de pré-positionnement stratégique pour les puissances compétitrices. Les premières croisières, limitées par des cartes de glace imparfaites (avec des pixels équivalents à 200 m²) et par des conditions météorologiques difficiles, se sont multipliées après 2002. Bien que la crise financière de 2008 et la Convention Marpol de 2009 aient temporairement freiné cette croissance, le nombre de touristes augmente depuis 2012, atteignant plus de 105 000 visiteurs lors de la saison 2022-2023 et 122 000 en 2023-2024, soit une augmentation de 600 % sur 40 ans[32]. Le nombre de ressortissants chinois a ainsi été multiplié par dix, faisant d’eux environ un touriste sur six en 2024. Aujourd’hui, les touristes ont le choix entre sept parcours différents afin de visiter l’Antarctique. Ces avancées logistiques, favorisées par des infrastructures améliorées – telles que les pistes d’atterrissage à Rothera et les quais pour navires touristiques – ainsi que l’introduction de véhicules tout-terrain et d’hélicoptères, permettent désormais aux touristes de pénétrer plus en profondeur dans la péninsule, grâce à des campements éphémères comme le camp à thème « ECHO », où les visiteurs peuvent séjourner en Antarctique de manière luxueuse pendant une semaine[33]. L’offre touristique se diversifie par ailleurs, créant une industrie polaire à part entière. Les activités proposées incluent le trekking sur glaciers, le kayak, le ski, l’escalade de glace et même la plongée sous-marine, accessibles à un large public et participant à la transformation de la région en destination de tourisme d’aventure. Des événements tels que l’Antarctic Ice Marathon et l’Antarctica Marathon, organisés pour un maximum de 50 participants, offrent une expérience unique dans le plus grand désert du monde. Parallèlement, des initiatives de « science citoyenne » permettent aux touristes de contribuer aux recherches en enregistrant, par exemple, des données sur les baleines observées, renforçant ainsi le lien entre tourisme et science. Face à ces défis, le développement touristique apparaît également comme un moyen de pré-positionnement pour les puissances compétitrices dans l’espace antarctique chilien. L’aménagement des infrastructures touristiques, modernisées pour accueillir des flux croissants, renforce le contrôle spatial et permet d’exercer un soft power déterminant. Entre 2005 et 2008, la Chine a investi 500 millions de yuans pour moderniser ses bases, et le Chili, avec sa « Villa Las Estrellas », a permis à 106 avions touristiques d’utiliser sa piste de 1300 m lors de la saison 2023-2024. Le soft power ainsi déployé, combiné à la valorisation du patrimoine historique – avec des sites tels que l’Explorer House à Punta Arenas et le Centre International Antarctique, investissement de 54 millions de dollars –, contribue à asseoir l’influence des États sur ce territoire contesté[34].

Cependant, l’essor du tourisme se heurte à des contraintes environnementales et juridiques. Bien que cette activité génère environ 2 milliards de dollars de revenus chaque année, elle présente des risques majeurs pour l’écosystème fragile de la région. L’essor du tourisme entraîne un piétinement de la végétation et un risque de perturbation des habitats naturels. Par ailleurs, l’accroissement des navires touristiques augmente les risques d’accidents en mer, rappelé par le naufrage du MS Explorer en 2007. Face à ces enjeux, les réglementations se sont durcies, comme l’interdiction du fioul lourd adoptée en 2010. Pourtant, certains acteurs tentent encore de contourner ces restrictions, tandis que d’autres, à l’inverse, réclament des mesures allant bien au-delà d’un simple durcissement, à l’image de certains scientifiques demandant l’imposition d’un moratoire de 30 ans sur le tourisme afin de préserver l’intégrité environnementale et de permettre à la recherche scientifique de se poursuivre sans interférence[35].

Interdiction de l’extraction minière

Enfin, malgré l’abondance théorique des ressources naturelles – métaux, hydrocarbures, eau douce et terres rares – leur exploitation reste illégale en vertu du Traité sur l’Antarctique et du Protocole de Madrid, qui interdisent l’extraction minière à des fins non scientifiques jusqu’à une révision prévue en 2048. Des projets ambitieux, comme celui des Émirats arabes unis visant à exploiter l’eau douce par remorquage d’icebergs, se heurtent ainsi à des limitations juridiques strictes[36]. La gestion durable des ressources halieutiques constitue un autre défi, la pêche illégale représentant 15 % des prises entre 1995 et 2003 et nécessitant la mise en place d’Aires Marines Protégées, comme en mer de Ross depuis 2016[37]. En outre, des conditions géographiques et climatiques extrêmes – températures comprises entre –20 °C et –30 °C, vents dépassant 150 km/h et périodes d’obscurité prolongées – limitent la fenêtre d’exploitation à seulement 70 jours par an, tandis que les risques géothermiques et volcaniques, illustrés par la détection en 2017 de 91 volcans inconnus et des tremblements de terre en 2020 ayant déplacé l’île de Saint George de 11 cm, rendent les investissements dans des infrastructures permanentes économiquement non rentables[38]. Les défis économiques en Antarctique incluent des coûts élevés liés à la main-d’œuvre, aux conditions extrêmes, et surtout au transport complexe et coûteux. Comparativement à l’Arctique, l’Antarctique souffre d’un manque sévère d’infrastructures telles que ports, pipelines et bases logistiques. Les coûts d’investissement seraient donc très élevés : deux à trois fois supérieurs à ceux engagés en Arctique, déjà massifs depuis les années 1960. L’isolement géographique aggrave encore ces difficultés, nécessitant des solutions coûteuses comme des sous-marins ou des pipelines profondément enfouis. Ainsi, sans infrastructures comparables à celles développées en Arctique, l’exploitation industrielle en Antarctique resterait improbable économiquement avant longtemps[39].

[1] REBEYROL, Yvonne, « L’Antarctique, continent vierge », Le Monde, 06/09/1979.

[2] « Decreto 1747 : fija territorio chileno antarctico », Ministro de relaciones exteriores de Chile, 21/06/1955

[3] YOUNG, Claire, « Eyes on the Prize: Australia, China, and the Antarctic Treaty System », Lowy Institute, 15/02/2021.

[4] « Le Traité sur l’Antarctique », site du Secrétariat du Traité sur l’Antarctique.

[5] AUGER, Matthias et alii, « Southern Ocean in-situ temperature trends over 25 years emerge from interannual variability », Nature Communications, 05/2021 ; COOK, A. J et alii, « Ocean forcing of glacier retreat in the western Antarctic Peninsula », Science, Vol. 353, 07/2016, p. 283-286.

[6] MISHRA, Poonam et ALOK, Shivang et RAJAK, Ram et BEG, Javed et BAHUGUNA, I.M et TALATI, Isha, « Investigating optimum ship route in the Antarctic in presence of sea ice and wind resistances – A case study between Bharati and Maitri », 05/2021.

[7] CHOQUET, Anne et ESCUDE-JOFFRES, Camille et LASSERRE, Frédéric, Géopolitique des pôles, s.l, Éd Le Cavalier Bleu, 2021.

[8] VERDOT-BELAVAL, Anthony, « Le calvaire des prisonniers de l’Antarctique prend fin – Sauvetage extrême », Paris Match, 01/2014.

[9] CLACK, Timothy et alii, Climate change, conflict, and (in)security, London, Éd 1st Edition, 2024, p. 77-93.

[10] CARPIO, Marie-Amélie, « L’Antarctique, objet de toutes les convoitises », National Geographic, 11/2021.

[11] « Environnement, changement climatique et sécurité », site officiel de l’OTAN, 24/07/2024.

[12] WRIGHT, Nancy et WILLIAMS, Paul, « Mineral resources of Antarctica », U.S Geological Survey, No. 705, 1974.

[13] GOODGE, John et SEVERINGHAUS, Jeffrey « Rapid Access Ice Drill: a new tool for exploration of the deep Antarctic ice sheets and subglacial geology », 09/2016.

[14] VARRELLA, Stefano et alii, « Diversity, Ecological Role and Biotechnological Potential of Antarctic Marine Fungi », MDPI, Vol. 7, Issue 5, 17/05/2021.

[15] « Antarctica’s Effect on Sea Level Rise in Coming Centuries », site de la NASA, 25/04/2019

[16] Howkins, A, Frozen Empires: An Environmental History of the Antarctic Peninsula. Oxford, Éd Oxford University Press, 2017.

[17] BRADY, Anne-Marie, « China’s undeclared foreign policy at the poles », The interpreter, 30/05/2017.

[18] « Полярная экспедиция завершила полевые работы в Антарктиде », [Une expédition polaire a terminé ses travaux sur le terrain en Antarctique], site officiel du Ministère des ressources naturelles de la fédération de Russie.

[19] BUCHANAN, Elizabeth, « Antarctica in the Grey Zone », Australian Institute of International Affairs, 17/09/2021.

[20] CLACK, Timothy et alii, Climate change, conflict, and (in)security, London, Éd 1st Edition, 2024, p. 77-93 ; BRADY, Anne-Marie, « China’s rise in Antarctica», University of California Press, Vol. 50, No. 4, 08/2010.

[21]  « U.S. Relations With Chile : Bilateral Relations Fact Sheet », site de l’U.S Department of State, 17/09/24

[22] FERNANDEZ, Pamela, « Chile’s once-pioneering relationship with China is turning into dependency », MERICS, 18/08/2022.

[23] Clack, T et alii, « The Falklands war: background context », The Falklands War Mapping Project, Oxford, Éd Archaeopress, 2022, p. 2–10.

[24] Bush, W.M, Antarctica and International Law: A Collection of Inter-State and National Documents, Vol. 1, s.l, Éd Oceana Publications, 1982.

[25] Pinochet de la Barra, Oscar, Una hebra de claridad polar, s.l, Éd Editorial La Noria, 2001.

[26] PINOCHET DE LA Barra, Oscar, Medio siglo de recuerdos antárticos : memorias, Santiago, Éd Santiago Universitaria, 1994.

[27] ESCOBAR, Herton, « Brazil opens ‘spectacular’ Antarctic research base, but will it have the cash to fulfill its potential? », Science, 13/01/2020 ; BRADY, Anne Marie, « China’s expanding Antarctic interests », ASPI, 08/2017.

[28] Gonzalez, Valentina, « Cierre de escuela en Villa Las Estrellas deja a la Antártica sin niños chilenos luego de 33 años », El Mercurio, 16/01/2019.

[29]  « La estación de Aérea Antártica presidente Eduardo Frei Montalva », site officiel de la Fuerza Aérea de Chile.

[30] COX, Simon et alii, « The GeoMAP : continent-wide detailed geological dataset of Antarctica », Data Publisher for Earth & Environmental Science, 2023.

[31] « The Tractor Train System Traverse », site official de l’agence britannique British Antarctic Survey.

[32] Verbitsky, J, « Ecosystem services and Antarctica: the time has come? », Ecosystem Services, 2018, p. 381-394.

[33] BRUNNER, Marine, « Trop chaud ? L’Antarctique propose des chambres à 13 000 francs la nuit », Watson, 17/07/2023.

[34] GROIZELEAU, Vincent, « Le tourisme en plein essor en Antarctique », Mer et Marine, 04/05/2017.

[35] KNAFOU, Rémy, « Pourquoi il faut renoncer au tourisme en Antarctique », Reporterre, 05/2023.

[36] ESSAID, Salim et alii, « Inspire Middle East : l’inventeur qui voulait transporter des icebergs », EuroNews, 05/07/2019.

[37] BONDAROFF, Phelps, « THE ILLEGAL FISHING AND ORGANIZED CRIME NEXUS: ILLEGAL FISHING AS TRANSNATIONAL ORGANIZED CRIME », The Global Initiative Against Transnational Organized Crime, 03/04/2015.

[38] « Le climat dans l’Antarctique », site officiel DonnéesMondiales.com ; Mourey, Melody, « la carte de l’antarctique », La revue de culture générale, 02/2018.

McCARTHY, Simone, « China and Russia are ramping up joint military drills. What’s their end goal? », CNN, 17/09/2024 ; Slukovsky, Zakhar « Добро пожаловать на Белку: экскурсия по самой теплой антарктической станции РФ », [Bienvenue à Belka : visite de la station antarctique la plus chaude de la Fédération de Russie], Indicator, 21/05/2023.

[39] CROASDALE, K.R, « Artic offshore technology and its relevance to the Antarctic », Antarctic Treaty System: An Assessment: Proceedings of a Workshop Held at Beardmore South Field Camp, s.l, s.n, 1985.

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