Weda Bay est la première mine de nickel au monde. Elle représente à elle seule 17% de la production mondiale. Un enjeu essentiel pour l’Indonésie mais aussi pour la France.
Située sur l’île d’Halmahera, dans la province indonésienne des Moluques du Nord, la concession minière de Weda Bay est devenue en quelques années l’un des projets les plus emblématiques de l’industrie mondiale du nickel.
Portée par un partenariat entre le groupe français Eramet et le géant chinois Tsingshan Holding Group, cette exploitation illustre les ambitions industrielles de l’Indonésie dans la chaîne de valeur des batteries pour véhicules électriques.
Une mine de classe mondiale
Le projet Weda Bay Nickel (WBN) repose sur un gisement latéritique découvert en 1996, estimé à environ 344 millions de tonnes de minerai, avec une teneur moyenne de 1,48 % en nickel et 0,07 % en cobalt.
L’exploitation à ciel ouvert a débuté en 2019, et la première coulée de ferronickel a eu lieu en avril 2020. Aujourd’hui, Weda Bay est considérée comme la plus grande mine de nickel au monde, avec une production record de 36,3 millions de tonnes humides en 2023, représentant environ 17 % de la production mondiale.
Le complexe industriel intégré, connu sous le nom d’Indonesia Weda Bay Industrial Park (IWIP), comprend des installations de traitement pyrométallurgique et des lignes de production de ferronickel. Ce parc industriel emploie plus de 16 000 travailleurs indonésiens, dont 68 % originaires des Moluques du Nord.
Attaques environnementales
Comme tous les projets industriels d’envergure, la mine subit les attaques informationnelles d’associations et de mouvements écologistes. Attaque sur la déforestation, sur la pollution, sur le déplacement des populations tribales qui habitent dans cette partie de l’île, de nombreux arguments sont avancés pour affaiblir la production industrielle. La mine est en effet située sur une partie du territoire du peuple Hongana, où 500 membres vivent de façon isolée.
Si les sujets environnementaux sont de vrais enjeux, ils sont pris en compte par les entreprises qui interviennent dans cette mine, dont Eramet. Ici, se met en place comme dans beaucoup d’autres lieux industriels, une guerre économique qui repose sur le combat cognitif et la lutte des images.
Retrait de partenaires occidentaux
En juin 2024, Eramet et le groupe allemand BASF ont annoncé l’abandon d’un projet commun de raffinerie de nickel et de cobalt, d’un montant de 2,6 milliards de dollars, initialement prévu à Weda Bay. Cette décision est la conséquence des pressions d’ONG et à la lutte informationnelle menée contre ses entreprises. Le marché devrait être récupéré par des entreprises chinoises.
L’Indonésie perçoit l’action des ONG occidentales comme des ingérences sur son territoire et des atteintes à sa souveraineté. Pour la France, les enjeux sont doubles. Weda Bay fragilise la Nouvelle-Calédonie, dont l’économie repose sur une industrie du nickel vieillissante et de moins en moins productive. Les attaques informationnelles contre Eramet pénalisent les entreprises françaises et menacent la conquête de marché dans l’espace mondial.