La dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNCB) est une maladie virale grave qui touche les bovins. Longtemps cantonnée au continent africain, elle s’est progressivement diffusée vers le Moyen-Orient, l’Asie puis l’Europe, devenant un enjeu sanitaire majeur pour l’élevage mondial.
Une maladie d’origine africaine
La dermatose nodulaire bovine est causée par un virus de la famille des Poxvirus. Elle a été identifiée pour la première fois en Afrique australe dans les années 1920. Initialement, la maladie circulait de façon endémique dans plusieurs régions d’Afrique subsaharienne, où elle affectait les troupeaux sans provoquer de crises sanitaires internationales majeures.
Une diffusion rapide à l’échelle mondiale
La propagation de la maladie s’est accélérée à partir des années 2010. Depuis l’Afrique, le virus a gagné le Moyen-Orient, notamment via les mouvements d’animaux et les insectes vecteurs. Il s’est ensuite étendu à la Turquie, aux Balkans, puis à plusieurs pays d’Europe orientale. Contrairement à de nombreuses maladies animales, la dermatose nodulaire ne se transmet pas principalement par contact direct, mais par des insectes piqueurs tels que les moustiques, les mouches ou les tiques. Cette transmission vectorielle explique sa progression rapide, y compris sur de longues distances.
Des dangers importants pour les bovins
La maladie se manifeste par une forte fièvre, une baisse de l’état général et l’apparition de nodules douloureux sur la peau, pouvant atteindre les muscles et les organes internes. Elle entraîne une chute importante de la production laitière, des troubles de la reproduction, des avortements et parfois la mort des animaux, notamment chez les jeunes ou les bovins affaiblis. Les lésions cutanées rendent également les animaux plus vulnérables aux infections secondaires.
Un enjeu sanitaire et économique
Si la dermatose nodulaire bovine n’est pas transmissible à l’homme, elle représente un danger économique considérable pour les filières d’élevage. Les pertes de production, les restrictions de mouvements et les campagnes de vaccination pèsent lourdement sur les éleveurs. La progression de la maladie vers l’Europe souligne la nécessité d’une surveillance sanitaire renforcée et d’une coopération internationale pour contenir cette menace venue d’Afrique.
L’exemple italien : une stratégie sanitaire ferme et chiffrée
Face à l’arrivée de la dermatose nodulaire contagieuse bovine en Europe, l’Italie a adopté une stratégie sanitaire particulièrement stricte, inspirée des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA).
Lors des premiers foyers détectés dans le sud du pays, plusieurs milliers de bovins ont été abattus de manière préventive, incluant les animaux infectés et les troupeaux contacts. Cette politique visait à interrompre rapidement la circulation virale, la maladie pouvant entraîner une mortalité allant de 1 à 10 % selon l’état sanitaire des animaux, mais surtout des pertes économiques majeures liées à la chute de la production laitière, parfois estimée à –50 % chez les animaux atteints.
Parallèlement, l’Italie a mis en œuvre une vaccination de masse, avec plusieurs centaines de milliers de doses administrées dans les zones à risque et les régions frontalières. Les campagnes ont permis d’atteindre des taux de couverture supérieurs à 80–90 %, seuil jugé nécessaire pour freiner efficacement la diffusion du virus. À ces mesures se sont ajoutées des restrictions strictes de mouvements des animaux, des zones de protection de 20 à 50 km autour des foyers, ainsi qu’un renforcement de la lutte contre les insectes vecteurs. Grâce à cette réponse rapide et coûteuse, représentant plusieurs dizaines de millions d’euros d’indemnisation et de mesures sanitaires, l’Italie est parvenue à éviter une installation durable de la maladie sur son territoire.
Et en France ?
Depuis juin 2025, 3 300 bovins ont été abattus, sur un cheptel de 16,8 millions d’animaux. Au 19 décembre, 113 foyers ont été recensés, dans 11 départements différents.
Essentiellement dans les Alpes et le Rhône : Rhône, Ain, Jura, Doubs, Haute Savoie, Savoie et le sud-ouest : Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège, Aude, Pyrénées-Orientales.
Les départements de l’ouest et de la Normandie, à très fort élevage, n’ont pas encore été touchés.











