Livre – Relations Afrique-France : les gâchis français.

5 mai 2020

Temps de lecture : 2 minutes
Photo : Emmanuel Macron prononce un discours à l'Université de Nairobi, le 14 mars 2019, Auteurs : KEVIN MIDIGA/SIPA, Numéro de reportage : 00899047_000001.
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Livre – Relations Afrique-France : les gâchis français.

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La France et l’Afrique, un partenariat qui laisse des traces. Alors que beaucoup fustigent un tel passé colonialiste, l’auteur met en avant ce paradoxe que constitue une Afrique ayant la volonté de développer ses immenses potentiels et le fait, qu’à bien des égards, elle demeure dépendante des son voisin européen.

 

Né en 1964 à Douala au Cameroun , Pierre E. Moukoko a quitté, assez tôt, son pays d’origine pour la France, où il a effectué ses études secondaires, puis supérieures. En acquérant la nationalité française, il a grossi les rangs de ces Africains établis dans la métropole, saignée qu’il dénonce d’ailleurs dans son ouvrage. Ce livre, riche, foisonnant, bourré de citations et de digressions, se veut avant tout un plaidoyer pour un changement des politiques africaines de la France, telles qu’elles ont été menées depuis l’avènement de la Ve République sous le Général de Gaulle.

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Les Etats africains de la zone francophone, nonobstant leur indépendance acquise depuis près de 60 ans, sont toujours dépendants de leur ancien colon qui, de façon constante, leur dicte ses règles dans l’intérêt de l’ancienne métropole coloniale. A peu près tous les volets des relations franco-africaines sont passées en revue. Son livre contient une mine de renseignements, à commencer par la coopération militaire, dont il dénonce le caractère unilatéral. Alors qu’en 1960, 30 000 militaires français stationnaient en Afrique, ils n’étaient plus que 6 596 en 2015. Certes, des secteurs restreints des opinions africaines s’érigent contre cet état de fait, mais les pays africains sont-ils en mesure d’assurer leur sécurité contre un mouvement islamiste terroriste, protéiforme, mobile, qui s’alimente de tous les trafics, se joue des frontières, instrumentalise les conflits ethniques, les contentieux fonciers, les divers mécontentements et l’existence d’une jeunesse déracinée et inoccupée ?

Il est vrai que les entreprises françaises, plus de 1 100 groupes français étant implantés en Afrique avec plus de 2 109 filiales, ont profité des marchés africains, longtemps restés captifs. Mais ces périodes de « néo-colonialisme » appartiennent à des temps bien révolus. Croit-on que la présence chinoise ne soit pas prédatrice, liant nombre de producteurs de matières premières dans un réseau de prêts à long terme ? De même la main d’œuvre chinoise, présente en masse, ne se substitue-t-elle pas à la main d’œuvre locale ? Il est vrai que la France qui a été longtemps considérée comme le premier contributeur du continent noir, ne se situe plus qu’au troisième rang, mais c’est à la mesure de la place qu’elle occupe dans l’économie mondiale.

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La politique française à l’égard de l’Afrique évolue et s’oriente désormais vers une coopération ouverte et égalitaire, admet l’auteur qui voit dans la création du Conseil présidentiel pour l’Afrique, composé pour l’essentiel d’Africains ou de Franco-africains, plus qu’un signe d’espoir, mais un pas réel dans la bonne direction. « Sans l’Afrique, il n’y aura pas d’histoire de France au XXIème siècle, écrivait en 1957, visionnaire et réaliste, François Mitterrand. » Cette phrase avec laquelle débute le stimulant ouvrage de Pierre E. Moukoko, reste plus vrai que jamais.

À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.
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