Dolce & Gabbana : la romanité intemporelle

18 juillet 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Capture d’écran du défilé. © Dolce & Gabbana

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Dolce & Gabbana : la romanité intemporelle

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Dans le décor romain du Castel Sant’Angelo, sur les bords du Tibre, Dolce & Gabbana a déployé un défilé de feu : Arte sartoria. Une célébration de l’Église catholique et de la romanité intemporelle

Un immense tapis jaune matérialise l’espace du défilé. Un tapis en croix, qui débute devant le Castel Sant’Angelo et se déploie le long du pont qui y conduit. Dans le décor d’un Tibre qui, à Rome, est toujours marginalisé, à la lumière naturelle d’une nuit qui tombe sur Rome, Dolce & Gabbana a célébré la romanité intemporelle. Des hommes habillés en cardinaux, des éventails en plumes d’autruche et des vêtements directement inspirés de la liturgie catholique et de la Rome antique : des dalmatiques, des chapes, des surplis, des croix, des vestes. Ici des références aux empereurs, là des vestes qui reprennent l’esthétique du XVIIIe siècle. Les grands noms de la peinture renaissance sont présents, dans une synthèse de l’histoire romaine.

Capture d’écran du défilé. © Dolce & Gabbana

Hymne aux talents

Au-delà des couleurs et des formes, des reprises d’aujourd’hui associées à des styles d’autrefois, le défilé Arte sartoria est un hymne aux talents des créateurs italiens.

Travail des perles et de la joaillerie, couturières, modistes, travail sur la dentelle, la soie et le velours, broderies de peintures classiques et de décors contemporains, c’est tout un artisanat qui a été convoqué et rassemblé pour créer des vêtements qui vont marquer l’histoire de la maison et des défilés. Fini le vulgaire, les corps presque nus, l’épure. Arte sartoria renoue avec l’opulence, la matière, les couleurs, le travail des petites mains, cette capacité à coudre les fils, à assembler, à créer des équilibres, à associer des métiers. C’est une démonstration de savoir-faire, de puissance et de capacité inventive.

Capture d’écran du défilé. © Dolce & Gabbana

Dolce & Gabbana démontre que la création se nourrit toujours du passé et de l’histoire et qu’elle s’en sert pour aller plus loin, pour l’associer avec les codes d’aujourd’hui. C’est une association entre vêtements sacrés et vêtements profanes qui montre aussi que l’Église est au milieu de Rome. Cette collection est préparée depuis de longs mois , mais qu’elle soit présentée alors qu’un nouveau pape règne au Vatican, qui a renoué avec l’histoire de l’Église, notamment dans le choix de ses ornements liturgiques, rompant avec le paupérisme triste et terne des années passées est le signe que quelque chose de neuf est en train d’émerger.

Retour au Beau

Dans ce défilé Arte sartoria, le Beau était de retour, tout comme la création et l’inventivité ; toutes choses qui ont souvent disparu des couturiers contemporains. Comme en cuisine où l’assiette des restaurants étoilés est souvent un brimborion de lichettes de poissons et de points-virgules de sauces, des assiettes tristes qui ne remplissent pas la fonction première de nourrir, la mode contemporaine, dans bon nombre de créations, avait évacué le Beau et effacé les hommes qui doivent le porter.

Capture d’écran du défilé. © Dolce & Gabbana

Rien de tout cela ici. Retour à l’histoire, à l’invention, à l’inventivité, retour aux volumes, aux densités, aux couleurs, à cette chose simple et pourtant essentielle : le plaisir des yeux. Un retour à l’esthétique qui passe par Rome. Un symbole de plus.

Capture d’écran du défilé. © Dolce & Gabbana

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.

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