Livre – L’urgence climatique est un leurre de François Gervais

4 octobre 2019

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Livre – L’urgence climatique est un leurre de François Gervais

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Les collapsologues multiplient les effets catastrophistes pour annoncer la fin du monde et l’horreur climatique. Pourtant, nombreuses sont leurs prévisions qui ne se sont pas réalisées et nombreux aussi sont les scientifiques qui remettent en cause les modèles scientifiques du GIEC. Car, contrairement à ce qui est répété, il n’y a pas de consensus scientifique sur les questions du climat et du changement climatique.

François Gervais a pour lui une longue carrière scientifique. Il est professeur émérite à la Faculté des Sciences et Techniques de l’Université de Tours et il a été Expert reviewer du rapport AR5 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Il a travaillé dans différents laboratoires et il est l’auteur ou le coauteur de 236 publications dans des revues internationales à comité de lecture. Il connaît donc parfaitement ces questions ainsi que l’état de la recherche actuelle sur le climat. Il propose donc un ouvrage de synthèse de ces questions, à la fois très sérieux sur le plan scientifique (avec sources et références des articles utilisés) et en même temps accessible à ceux qui ne sont ni climatologues ni versés dans les débats de climatologie.

Là réside le principal intérêt du livre : mettre à la portée de tous l’état des débats et des découvertes, sans céder sur la valeur scientifique de l’ouvrage. Or ce que l’auteur démontre c’est que la réalité est très loin du catastrophisme annoncé. Nombreuses sont les prévisions qui n’ont jamais eu lieu. Ainsi, en 1970, lors des premières assises écologistes du « Jour de la Terre », était-il annoncé qu’il n’y aurait plus de pétrole en l’an 2000, qu’il y aurait une généralisation des famines sur tout le globe et réduction de l’espérance de vie à 49 ans aux États-Unis… Sans oublier le cri d’alarme lancé en 2008 par Al Gore, prix Nobel de la Paix 2007 et ancien vice-président américain, qui annonçait la disparition totale de la calotte glacière estivale au pôle nord en 2013. Pour François Gervais, s’il y a une urgence, c’est celle de retrouver nos esprits scientifiques. Le catastrophisme des modèles virtuels actuels sert bien souvent des logiques politiques. Contrôle des populations par l’impôt et par des lois restrictives ou bien justification de politiques énergétiques dispendieuses financées par la redistribution dont certaines n’ont de durable que l’affichage. La peur climatique est un instrument de pouvoir fondé sur la manipulation des émotions au détriment de la raison. Cet ouvrage cherche donc à remettre de la rigueur scientifique dans le débat.

Le CO2 bon pour les plantes

La teneur en CO2 dans l’atmosphère est nettement moindre que celle qui est annoncée. Comme le remarque l’auteur, la combustion des ressources fossiles a entraîné une augmentation du taux de CO2 dans l’air de 0,03 % à 0,04 % en volume, c’est-à-dire que, « parmi 10 000 molécules d’air sec, on compte à peu près 7808 molécules d’azote, 2096 molécules d’oxygène, 92 atomes d’argon, gaz qualifié de rare, et seulement 4 molécules de gaz carbonique. » Le fait de passer de 3 à 4 molécules de CO2, une molécule supplémentaire parmi 10 000 molécules d’air sec ou 10 500 molécules d’air humide justifie-t-il un tel émoi ? D’autant que le CO2 n’est pas un poison, mais un fertilisant : il est indispensable à la croissance des plantes et à la production de nourriture. « Pas la moindre évolution de température n’est observée depuis 1993. Or, pas moins de 40 % de tout le CO2 émis depuis le début de l’ère industrielle l’a pourtant été durant ce quart de siècle, ainsi sans le moindre impact mesurable ! »

Du refroidissement au réchauffement climatique

Dans les années 1970, c’est le refroidissement climatique qui est à la mode : « En 1975, à la fin de la phase décroissante du cycle de 60 ans et à l’instar de nombreux médias de l’époque, le numéro du 6 mars 1975 de la revue Nature publiait « Après trois quarts de siècle de conditions climatiques extraordinairement douces, la Terre semble se diriger vers un refroidissement. Les météorologues ne s’entendent pas sur les causes et l’étendue de ce refroidissement, ainsi que sur son impact sur la météorologie locale. Mais ils sont presque unanimes sur l’impact négatif qu’aura ce refroidissement mondial sur la production agricole pour la fin du siècle. Les famines consécutives pourraient être catastrophiques ». À l’instar de nombre d’autres prophéties alarmistes, rien de tel ne s’est produit. » Puis, les mêmes sont ensuite passés au réchauffement climatique, et l’auteur de donner un témoignage sur ce sujet :

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« Peu après la parution de mon ouvrage L’innocence du carbone, une personne m’a contacté. Jeune programmeur dans une équipe de climatologues américains, il travaillait dans les années 1970 sur les premiers modèles de climat. Les programmes informatiques s’écrivaient alors sur cartes perforées. L’ex jeune programmeur se souvenait d’une sympathique ambiance baba cool et comment le responsable se frottait les mains à la perspective des subsides dont bénéficierait l’équipe en présentant un projet sur le refroidissement climatique. Il suffisait de tourner à fond le bouton « aérosols » dans le modèle de climat pour prévoir des froids plus intenses comme l’ont publié Rasool et Schneider dans Science. Schneider était auteur de centaines de publications, fondateur de la revue Climatic Change et devenu plus tard auteur principal du troisième rapport du GIEC. Mais n’anticipons pas. Il écrivait alors : « La menace climatique pourrait être aussi terrifiante que tout ce à quoi nous pourrions être confrontés. Des actions massives et mondiales doivent être envisagées sans délai pour se préserver de cette menace ». La menace était alors le refroidissement de la Terre. […] Après donc avoir prophétisé un refroidissement jusqu’à –3,5 °C susceptible de déclencher un âge glaciaire, Schneider a surjoué la carte du réchauffement : « Nous aimerions voir un monde meilleur, ce qui implique que nous travaillions à réduire les risques d’un changement climatique potentiellement catastrophique. Pour cela nous avons besoin d’un support solide pour capter l’imagination du public en assurant une couverture médiatique. Nous devons lui offrir des scénarios d’épouvante, asséner des visions dramatiques simples, et minimiser les doutes »

Le thème du réchauffement climatique s’est donc substitué à celui du refroidissement, ce qui a permis aux laboratoires de continuer à recevoir des subsides des gouvernements. Or les études ne confirment pas cela.

Des évolutions qui infirment les prévisions alarmistes

« Comme le montre la Figure 3, la température s’est accrue de 0,6 °C entre 1915 et 1945. Durant cette période, le taux de CO2 dans l’air a augmenté de seulement 11 ppm en 30 ans, 6 fois moins que de nos jours. Continuons à découper le siècle dernier en épisodes de 30 ans. La température est redescendue entre 1945 et 1975, en dépit d’émissions alors en pleine accélération et d’un accroissement de 21 ppm, double de celui de la période précédente. De 1975 à 2005, la température est à nouveau remontée de 0,6 °C. Entre-temps, l’accroissement du CO2 a été cette fois de 48 ppm, ainsi 4 fois supérieure à celui observé lors de la première phase montante. Comme l’amplitude des deux hausses de température est la même durant le même nombre d’années, il n’y a aucune raison d’attribuer l’une ou l’autre au seul CO2 d’autant que ce gaz se trouve disculpé par la baisse de température intervenue entre 1945 et 1975 alors que l’atmosphère commençait à connaître un accroissement accéléré du CO2. L’absence de corrélation entre CO2 et température ainsi observée durant le siècle dernier est confirmée dans l’Histoire de la Terre décomptée en millions d’années. » Si réchauffement climatique il y a, il pourrait être dû à d’autres facteurs, notamment les taches solaires.

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Contrairement à ce qui est aussi annoncé, la mer ne monte pas partout et les îlots du Pacifique ne sont pas menacés : « Nils-Axel Mörner et Pamela Matlack-Klein ont analysé les îles Fidji, pays organisateur de la COP23 (qui s’est tenue à Bonn) pour montrer que le niveau de la mer y était 70 centimètres plus élevé avant 1700 et qu’il est stable depuis 1800. Si le problème était si grave, on s’attendrait à ce que les terres reculent devant la mer. Or, si l’effet de l’érosion se manifeste effectivement sur certains littoraux, globalement, ce ne semble pas être le cas. À l’instar des 101 îles et atolls de Tuvalu dont la superficie a augmenté de 73,5 hectares (2,9 %), les images satellites montrent que partout dans le monde, ces 30 dernières années, les augmentations de superficie des terres l’emportent sur les diminutions. Mesurées de 1984 à 2016, si 24 % des plages de sable s’érodent, 76 % restent stables ou progressent. Les plages ont avancé en moyenne de 33 centimètres par an avec un gain de superficie de 3 663 kilomètres carrés. » Les réfugiés climatiques fuyant leurs îles englouties sous les eaux ne semblent donc pas être pour demain.

Les efforts pour réduire la pollution sont menées par les entreprises, grâce à leurs innovations, ainsi les États-Unis ont-ils diminué leurs émissions de GES : « Entre 2000 et 2014, les États-Unis ont déjà réduit leurs émissions de CO2 de plus de 18 % et ce, non dans le cadre d’une politique gouvernementale, mais grâce aux innovations technologiques de leur secteur privé. » De même que ce sont les progrès de la science et de la médecine qui ont permis l’accroissement de l’espérance de vie et la hausse des conditions sanitaires. Une science et un regard scientifique qu’il faut réintroduire dans le débat sur le climat, pour éviter de tomber dans les caricatures et les fausses peurs.

L’urgence climatique est un leurre , de François Gervais (Auteur). Aux éditions L’artilleur, 2018.

 

 

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
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