Les déplacements internes de population, causés par les conflits armés, les violences et les catastrophes naturelles, ont atteint un niveau alarmant en 2023. Selon l’Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC), des millions de personnes ont été forcées de quitter leur domicile sans franchir les frontières internationales, devenant ainsi des déplacés internes.
Déplacements liés aux conflits
Les conflits armés restent la principale cause des déplacements internes en 2023. Le Soudan connaît une crise humanitaire majeure avec 9,1 millions de déplacés en 2023, conséquence de l’affrontement entre l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (RSF), aggravé par des violences intercommunautaires.
En Syrie, 7,2 millions de personnes restent déplacées en raison de la guerre civile prolongée (avant la récente chute du régime al-Assad), marquée par des combats entre le régime, les groupes rebelles et des interventions étrangères. La République démocratique du Congo (RDC) est également gravement touchée avec 6,9 millions de déplacés, fuyant les violences des groupes armés, notamment le M23 et d’autres milices opérant dans l’est du pays, dans un conflit qui s’enlise depuis les années 1990. Tout comme la Syrie, l’actualité récente démontre la persistance du conflit.
En Afghanistan (5,7 millions de déplacés), les tensions entre le régime taliban et divers groupes insurgés, combinées aux répercussions économiques et aux restrictions imposées aux populations, ont contraint de nombreuses familles à fuir. En Colombie (5,1 millions de déplacés), les violences liées aux narcotrafiquants et aux groupes paramilitaires ont continué à forcer des communautés à quitter leurs foyers. Le Yémen (4,5 millions de déplacés) souffre toujours de la guerre opposant les forces gouvernementales et les rebelles Houthis, aggravée par l’insécurité alimentaire et l’effondrement des infrastructures sanitaires. L’Ukraine (3,7 millions de déplacés) voit ses populations fuir les zones de combat intenses depuis l’invasion russe en 2022.
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Déplacements liés aux catastrophes naturelles
Les catastrophes naturelles ont également provoqué des déplacements massifs en 2023. En Pakistan, 1,2 million de personnes ont dû quitter leur domicile à la suite d’inondations catastrophiques causées par des précipitations extrêmes et une mauvaise gestion des infrastructures hydrauliques. En Somalie, 3,9 millions de personnes ont été déplacées par des sécheresses prolongées et l’insécurité alimentaire qui en résulte.
L’Éthiopie (3,7 millions de déplacés) a été touchée par des sécheresses sévères, aggravant une situation déjà fragile en raison de conflits internes. Au Burkina Faso (2,1 millions de déplacés), des violences djihadistes combinées à des pénuries alimentaires ont provoqué des vagues de déplacements. La Turquie (1,9 million de déplacés) a subi l’un des séismes les plus dévastateurs de son histoire en février 2023, détruisant des milliers d’habitations et forçant des millions de personnes à trouver refuge ailleurs. D’autres pays, comme le Nigeria (3,4 millions de déplacés) et la Birmanie (2,9 millions de déplacés), combinent à la fois des crises climatiques et des conflits, intensifiant la précarité des populations déplacées.
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