Infographie – Taïwan : tensions accrues autour du détroit

28 avril 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : 8805531 15.11.2024 Shenyang J-15 carrier-borne fighter jets of Chinese People's Liberation Army (PLA) Navy fly in the sky at the China International Aviation and Aerospace Exhibition, or Airshow China, in Zhuhai, Guangdong province, China Nina Padalko / United Aircraft Corporation//SPUTNIK_8805531_673764827bfa5/Credit:Nina Padalko/SPUTNIK/SIPA/2411151720

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Infographie – Taïwan : tensions accrues autour du détroit

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L’activité chinoise autour de Taïwan s’intensifie à un rythme sans précédent depuis le début de l’année 2024, selon les données publiées par le ministère de la Défense de Taïwan. Navires militaires, gardes-côtes et avions de chasse opèrent quotidiennement aux abords de l’île, franchissant parfois la ligne médiane du détroit de Taïwan ou pénétrant dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ).

Des pics d’activité coordonnés avec les tensions diplomatiques

Le 15 octobre 2024, le ministère taïwanais de la Défense a rapporté une activité militaire chinoise record autour de l’île, avec 153 avions militaires détectés en 24 heures, accompagnés de 12 navires de garde-côtes et 14 navires de guerre. Cet épisode marquant est survenu à la suite d’une visite d’une délégation parlementaire américaine à Taipei, perçue par Pékin comme une provocation directe. Un pic avait déjà été enregistré le 25 mai 2024, intervenant au moment de l’entrée en fonction de Lai Ching-te, candidat du Parti démocrate progressiste (DPP), officiellement investi président de Taïwan en mai 2024 à la suite de son élection en janvier.

Un autre pic significatif d’activité a été signalé le 2 avril 2025, avec 76 avions militaires et 19 navires chinois dans les environs de Taïwan. Selon le ministère taïwanais de la Défense, 15 appareils ont franchi la ligne médiane du détroit, ce qui constitue une violation implicite du statu quo. Ces exercices faisaient suite aux déclarations de Lai Ching-te, le 13 mars 2025, qualifiant la Chine de « force étrangère hostile » et annonçant 17 mesures pour contrer l’influence et l’espionnage chinois à Taïwan, dont le rétablissement des tribunaux militaires pour les affaires de trahison au sein des forces armées.

Une stratégie de pression multidimensionnelle

Depuis 2020, la Chine intensifie ses opérations militaires dans la zone d’identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan. L’année 2024 a vu un niveau record d’incursions, avec plus de 1 700 appareils recensés selon les données compilées par le Taiwan ADIZ Tracker (un projet du think tank américain Project 2049 Institute). Ces opérations visent à tester les capacités de réaction de l’armée taïwanaise, à fatiguer ses ressources et à normaliser la présence militaire chinoise dans la région. Taïwan dénonce une stratégie de guerre d’usure menée par Pékin, qui inclut aussi des manœuvres navales coordonnées, des survols réguliers par des drones, et une guerre psychologique à travers la désinformation.

Un changement dans la position américaine ?

Depuis l’adoption du Taiwan Relations Act en 1979, les États-Unis s’engagent à fournir à Taïwan les moyens de se défendre, sans reconnaître formellement l’indépendance de l’île. Cette politique s’est traduite par plusieurs ventes d’armes dans les années récentes. En novembre 2020, l’administration Trump a approuvé la vente de quatre drones armés MQ-9B SkyGuardian à Taïwan pour un montant estimé à 600 millions de dollars. En juillet 2023, l’administration Biden a franchi un cap en annonçant une aide militaire directe à Taïwan de 345 millions de dollars, via un programme jusqu’alors réservé à l’Ukraine ou Israël.

Cependant, selon The Diplomat, dans un article daté du 14 mars 2025, le président Donald Trump a affirmé que Taïwan devait désormais assumer une plus grande part de ses propres dépenses militaires, marquant un possible infléchissement de la politique américaine. Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a appuyé cette position en déclarant que les États-Unis ne devraient plus subventionner intégralement la protection de leurs alliés.

À lire également : Où va Taiwan ?

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