Livre – Un regard du Japon dans les relations internationales

12 mars 2021

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Livre – Un regard du Japon dans les relations internationales

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C’est la vocation du Japon au XXIe siècle de jouer un rôle de leadership dans la construction d’une nouvelle relation solide fondée sur une interdépendance égalitaire entre les grandes civilisations des deux côtés du continent eurasiatique. L’Asie orientale sera le meilleur partenaire de l’Europe, celle qui pourra passer conjointement avec elle, les flambeaux des valeurs universelles que l’Europe avait allumées, il y a quelques siècles

 

Telle est la vision délibérément optimiste que nous livre Nobuaki Ito, rare passeur entre les cultures japonaise et française. Diplômé en droit public à l’université de Tokyo et en philosophie, politique et économique à l’université d’Oxford. Il a enseigné à l’université de Waseda à Tokyo, et à Sciences Po au Havre. Ancien diplomate, il a occupé plusieurs postes de directeur au ministère, a travaillé dans plusieurs pays en Europe et en Asie ainsi qu’aux Nations Unies à New York. Il a participé à plusieurs négociations diplomatiques et conférences internationales. Depuis sa retraite en 2006, il réside en France.

Aujourd’hui, la stabilité et l’ordre du monde ne cessent d’être fragilisés. Pour enrayer cette tendance néfaste, jamais la communauté internationale n’aura eu autant besoin d’une Europe revitalisée et forte. La communauté internationale attend une Europe solide et forte, qui parle à voix haute sur les problèmes internationaux. L’Europe doit attirer l’attention de la communauté internationale sur les problèmes de la paix, de la sécurité internationale et de la violation des droits de l’homme. Elle mobilise également l’opinion publique et la volonté générale de la communauté internationale afin de redresser les problèmes et de défendre les valeurs de la démocratie. Il est indispensable pour l’Europe de renforcer ses liens non seulement avec la Chine, mais surtout avec les puissances démocratiques en Asie orientale, le Japon, la Corée du Sud, l’ASEAN, l’Inde et l’Australie, et d’approfondir la compréhension mutuelle avec ces Etats.  Qu’il est doux d’entendre de telles paroles chez un étranger, averti de surcroît, alors que nous ne cessons de nous dénigrer nous-mêmes. L’Europe et le Japon vont se rendre compte de la nécessité de réévaluer leurs relations mutuelles, quand la Chine deviendra une puissance dominante en Asie et commencera à chercher ostensiblement à obtenir l’hégémonie mondiale. Encore faudrait-il qu’elles s’en forgent les moyens, à commencer par ceux de leur autonomie stratégique, dépendantes qu’elles restent du parapluie nucléaire américain que nul ne veut vraiment secouer, en dehors de la France.

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Depuis deux mille ans, le destin du Japon était et est toujours solitaire, étant écarté de l’Asie dominée par la Chine. Si l’Asie orientale tombait sous la mainmise de l’hégémonie chinoise, le Japon, la seule puissance démocratique, continuerait à refuser d’être intégré dans un nouveau monde sinisé. Le Japon partage les mêmes valeurs fondamentales que l’Amérique et l’Europe, et il va se rapprocher désormais plus activement de l’Europe, surtout dans le domaine stratégique. L’Europe va également découvrir la nouvelle valeur stratégique du Japon comme la seule puissance démocratique avancée en Asie. Après le Brexit, le Royaume-Uni a déjà commencé à renforcer ses relations stratégiques bilatérales avec le Japon dans la nouvelle donne géopolitique suscitée par l’émergence de la puissante région Asie-Pacifique. Il s’agit là d’un grand dessein et c’est ce à quoi le présent ouvrage va tenter d’apporter sa contribution. Le sujet de ce livre, les relations entre l’Asie orientale et l’Europe, vaste et complexe, a été le thème principal abordé par l’auteur tout au long de sa carrière diplomatique pendant laquelle il a vécu et travaillé des deux côtés du continent eurasiatique, et voyagé souvent entre plusieurs civilisations. Le souhait de l’auteur est de porter un regard “japonais ». Aujourd’hui, la montée des puissances autocratiques, comme la Chine, et le déclin relatif des puissances démocratiques, comme les États-Unis, exercent une forte pression structurelle sur la stabilité du système international. La Chine guidée par Xi Jinping poursuit son chemin vers l’établissement de l’hégémonie mondiale de l’empire du Milieu. L’objectif de sa stratégie, ″Une nouvelle route de la soie″, est le contrôle, le monopole de tous les systèmes d’infrastructures ainsi que les moyens de transport sur le continent eurasien entre l’Asie orientale et l’Europe, puis par ce biais, la construction d’un nouvel ordre, système mondial à la chinoise. Il faut que les démocraties industrielles arrêtent l’expansion de leurs relations économiques avec la Chine, en quête de profit t commercial, en fermant les yeux sur sa concurrence déloyale, sa suppression des mouvements démocratiques, surtout les droits de l’homme des groupes ethniques minoritaires, et sa violation flagrante des règles internationales. L’indulgence de la part des puissances démocratiques envers le comportement chinois débridé, pourrait simplement réconforter son ambition mondiale. Il est grand temps que les puissances démocratiques libérales, l’Europe, le Japon, le Canada et les États-Unis se réunissent pour réagir et résister à l’ambition chinoise afin de défendre la démocratie, les règles internationales et les droits de l’homme, et surtout le système international et les valeurs universelles que les Européens ont construits depuis plusieurs siècles. Le Japon, l’Australie, l’Inde et les Etats-Unis s’engagent dans la coopération stratégique, sécuritaire dans l’Océan Pacifique et l’Océan Indien. Ces quatre puissances forment la figure géographique d’un diamant sécuritaire. Les quatre puissances démocratiques libérales partagent les mêmes valeurs fondamentales et les intérêts stratégiques. Ils se nouent fortement par la confiance mutuelle et l’amitié profonde. Il est naturel que les quatre puissances démocratiques se formeront en une quasi-alliance à l’avenir. La France et le Royaume-Uni pourront s’en approcher plus activement afin d’assurer la liberté, l’ordre et la sécurité maritime dans la région. En se mettant dans la région, les puissances européennes, avec leurs partenaires démocratiques en Asie-Pacifique, pourront tous ensemble encourager, aider les pays dans la région à consolider leur sécurité, et leur poursuite de la démocratie, un développement économique équilibré, fondés sur les valeurs de la transparence, de la qualité, de la créativité d’innovation et de haute technologie. Les démocraties libérales leur expliquent que le modèle économique sous la direction du pouvoir autocratique, despotique n’assure par leur avenir. Les puissances démocratiques ne doivent pas courir un risque d’entrainer la Chine à commettre l’erreur de surestimer son propre pouvoir. Elles doivent garder la volonté de se tenir fermement face à la Chine quand elle viole les règles internationales. A cause du siècle de l’humiliation, les systèmes, règles et ordres internationaux construits par les puissances occidentales sont “injustes pour les Chinois”. Il faut donc, selon eux, réviser ce monde à l’image d’un “empire du Milieu ».

Puisque l’Asie orientale est en passe de devenir bientôt le centre de gravité mondial sur le plan économique, scientifique et technologique, et que les États-Unis sont à la dérive, le renforcement de la coopération, de la coordination stratégique entre l’Europe et les démocraties en Asie orientale, dont la principale puissance démocratique libérale est le Japon, est essentiel. La consolidation de cette relation stratégique est la clé pour l’avenir de la communauté internationale fondée sur les valeurs démocratiques. On sait que c’est un peu la vision de Joe Biden qui entend réunir d’ici l’été un sommet des démocraties. Pari audacieux, mais périlleux car il risque bien de soulever des espoirs, qui seront difficiles à satisfaire.

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À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.

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