La Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi, un acteur stratégique de l’action sociale en RDC

8 juin 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : First lady of the Democratic Republic of the Congo Denise Nyakeru Tshisekedi Washington, Wednesday, Dec. 14, 2022. (AP Photo/Andrew Harnik)/DCAH101/22348679198292//2212141957

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La Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi, un acteur stratégique de l’action sociale en RDC

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En République Démocratique du Congo, les discours sur le développement évoquent souvent des projets d’envergure : routes, barrages, réformes sectorielles, stratégies nationales. Ces efforts sont évidemment essentiels, mais ils ne suffisent pas à répondre aux défis sociaux les plus urgents. Sur le terrain, beaucoup de besoins restent non couverts, faute de relais adaptés ou de coordination efficace.

Par Sébastien Boussois

C’est dans cet espace que la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi a choisi d’agir. Portée par la Première Dame de la République, la Fondation propose une approche pragmatique et structurée de l’action sociale : partir des réalités locales, identifier les projets porteurs, puis mobiliser autour d’eux les bons partenaires techniques, financiers et institutionnels. En somme, jouer un rôle de facilitateur ou de go-between entre les initiatives de terrain et les ressources disponibles, en RDC comme à l’international.

Une stratégie d’impact par la connexion, non par la taille

Plutôt que de lancer de vastes programmes centralisés, la Fondation mise sur la création de ponts : entre porteurs de projets et experts, entre besoins exprimés et solutions disponibles, entre le local et le global. Cette stratégie repose sur une structure légère, une écoute active des acteurs de terrain, et l’usage stratégique du réseau de la Première Dame pour ouvrir des portes là où l’accès est souvent difficile.

Cette logique s’illustre dans les quatre domaines d’action prioritaires de la Fondation : santé, éducation, égalité de genre et autonomisation économique des femmes. Des axes liés entre eux, qui reflètent une vision intégrée du développement humain – mais abordés à partir de projets concrets, portés par des dynamiques locales.

Exemples d’impact : santé et éducation comme leviers de transformation

La lutte contre la drépanocytose est l’un des engagements les plus emblématiques de la Fondation. Cette maladie héréditaire, très répandue en Afrique, reste encore sous-diagnostiquée, mal connue et insuffisamment financée. Plutôt que de créer de nouvelles structures, la Fondation facilite la coordination entre hôpitaux, chercheurs, associations, autorités de santé et bailleurs internationaux. Elle agit comme un point de contact crédible, capable de transformer l’attention politique en actions concrètes : campagnes de sensibilisation, dépistage, plaidoyer, mobilisation de financements.

Dans l’éducation, le programme Excellencia répond à une autre urgence silencieuse : la sous-représentation des jeunes filles dans les filières d’excellence. En les soutenant financièrement et humainement, en leur offrant un accompagnement personnalisé et en construisant des partenariats avec des établissements de qualité, la Fondation crée des parcours transformateurs pour les bénéficiaires comme pour leurs communautés.

Créer les conditions du partenariat

Ce rôle d’intermédiaire stratégique a pris une nouvelle dimension récemment, à l’occasion d’une visite organisée avec une délégation de professionnels de la santé, d’universitaires, de juristes et d’investisseurs venus d’Afrique et d’Europe. Cette rencontre, facilitée par Antoine Ghonda, Ambassadeur itinérant de la RDC, avait un objectif clair : connecter les expertises et les ressources internationales à des projets identifiés sur le terrain.

Loin d’une simple vitrine institutionnelle, cette visite s’est appuyée sur un film documentaire retraçant le travail de la Fondation, qui a servi de base à des échanges ouverts, techniques, et orientés vers la co-construction. Il s’agissait moins de « présenter » que de créer les conditions de la coopération, sur des bases claires et crédibles.

Une autre façon de faire bouger les lignes

La Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi ne prétend pas se substituer à l’État, ni résoudre tous les problèmes sociaux. Mais elle joue un rôle que peu d’acteurs peuvent endosser dans un contexte comme celui de la RDC : relier les énergies, fluidifier les coopérations, sécuriser les partenariats, crédibiliser les projets.

Dans un pays où l’État ne peut pas toujours répondre à l’urgence ni intervenir avec souplesse, ce type d’acteur intermédiaire est crucial. La Fondation agit à la fois comme déclencheur et comme accélérateur, en s’appuyant sur la légitimité institutionnelle de la Première Dame, mais aussi sur une méthode de travail rigoureuse, fondée sur l’écoute, la transparence et les résultats.

Dans un environnement complexe, où les attentes sont fortes et les moyens souvent limités, la capacité à relier les bons acteurs au bon moment est un levier souvent sous-estimé. C’est précisément ce que la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi s’efforce de faire. Sans prétention, mais avec méthode.

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.

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