Depuis 2014, l’armée chinoise connaît une modernisation accélérée. Le défilé de Pékin en fut une démonstration éclatante.
Une modernisation accélérée depuis 2014
Depuis une dizaine d’années, la Chine mène une modernisation militaire d’ampleur, qui transforme progressivement l’Armée populaire de libération (APL) en une force de haut niveau technologique. Les données de l’International Institute for Strategic Studies (IISS), reprises par l’AFP, illustrent l’ampleur de cette mutation dans deux domaines majeurs : l’aviation de combat et la marine.
Aviation : la montée en puissance des appareils modernes
En 2014, la flotte aérienne chinoise comptait environ 1 415 avions de combat, dont la grande majorité appartenait à des générations anciennes, à l’image du chasseur J-10. D’ici 2025, ce parc aura non seulement augmenté en volume pour atteindre 1 865 appareils, mais surtout changé de nature : près de la moitié seront des avions modernes, tels que le J-20, fleuron de la cinquième génération. Cette bascule vers des avions de conception avancée traduit un double objectif : réduire la dépendance aux modèles dérivés d’anciens appareils russes et se doter de capacités comparables à celles des forces aériennes américaines.
Marine : d’un équilibre numérique à une domination qualitative
La modernisation est encore plus spectaculaire en mer. Le nombre de sous-marins reste relativement stable, passant de 70 en 2014 à 71 en 2025, mais la composition change. Les modèles d’attaque de nouvelle génération, comme le Type 039B classe Yuan, remplacent progressivement les plus anciens, intégrant des systèmes de propulsion et de furtivité avancés. La flotte de surface connaît un basculement encore plus net. Alors qu’en 2014 elle se composait de 46 unités anciennes pour 26 modernes, elle comptera en 2025 quatre-vingt-dix bâtiments modernes — destroyers, frégates, croiseurs et porte-avions — contre seulement dix-sept plus anciens. Le croiseur Type 055, imposant bâtiment multifonctions, symbolise cette montée en gamme.
Une stratégie tournée vers la haute mer
Cette transformation de la marine traduit une ambition claire : passer d’une force centrée sur la défense côtière à une marine de haute mer, capable de protéger les intérêts chinois loin du littoral, dans l’océan Indien ou le Pacifique. La construction accélérée de porte-avions et de grands destroyers illustre cette volonté d’élargir le rayon d’action de l’APL.
Implications géopolitiques
La modernisation de l’armée chinoise bouleverse les équilibres militaires régionaux. En Asie-Pacifique, elle accentue la rivalité avec les États-Unis, garants de la liberté de navigation et alliés de Taïwan, du Japon et de la Corée du Sud. En Asie du Sud et en Afrique, elle permet à la Chine de soutenir sa diplomatie des « nouvelles routes de la soie », en assurant la protection de ses infrastructures et de ses lignes maritimes stratégiques.
La Chine ne se contente plus de rattraper son retard militaire : elle cherche désormais à s’imposer comme une puissance de rang mondial, dotée d’outils comparables à ceux des marines et aviations les plus avancées. Si les États-Unis conservent une supériorité technologique et opérationnelle, le rythme de modernisation de l’APL confirme que Pékin se donne les moyens de réduire cet écart dans les années à venir.