Livre – Les aspects politico-juridiques de la domination

10 janvier 2021

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Photo : Reconstitution de la bataille de Moscou qui a eu lieu en 1941. L'échec de la campagne de Russie marque la fin de la domination allemande sur l'Europe. (c) Sipa SIPAUSA30242644_000005

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Livre – Les aspects politico-juridiques de la domination

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Lorsque l’on emploie le terme de domination, c’est à la domination coloniale que l’on pense immédiatement. Le souvenir de cette forme d’organisation politique et sociale qui s’est étendue sur trois siècles laisse encore aujourd’hui des souvenirs tenaces et douloureux. On sait pourtant que le terme et la pratique de la domination remontent bien loin dans l’Antiquité. Le mot « dominer » provient du latin « dominari », « être maître, commander, régner » et doit être compris au sens propre comme au figuré. Il ne se réduit pas qu’au sens politique et au social, mais a un sens physique et spatial bien précis : « être le plus apparent ».

Agrégé des facultés de droit et docteur en histoire médiévale, Jacques Bouineau, successivement professeur aux universités de Poitiers, Paris X–Nanterre, et La Rochelle, chargé de cours à l’université de Paris V, professeur associé aux Écoles de Coëtquidan Saint-Cyr, professeur invité aux universités de Séville, Piémont oriental et Aïn Shams (Le Caire) et enfin professeur délégué à l’université de Giza (Le Caire), est également président de l’association Méditerranées, de l’association Antiquité-Avenir. Réseau des associations liées à l’Antiquité, directeur du CEIR et professeur d’histoire du droit, il a coordonné ce travail d’équipe qui aborde ce thème bien vaste en se plongeant dans ses racines antiques, comme en analysant toutes ses manifestations actuelles. On découvre , au fil de ces pages, que la domination n’est pas si univoque que l’on aurait pu le penser, et qu’elle empreinte bien des chemins de traverse.

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Libido dominandi. L’expression est de saint Augustin. Il s’agit de l’orgueil qui nous enjoint de nous dominer nous-mêmes, mais aussi les autres. Le fait que l’homme estime qu’il est capable de tout contrôler par sa seule volonté est un leurre qui entretient son égarement. Ce désir va donc éloigner l’homme de la connaissance de lui-même, tant il est vrai par exemple que « les habiles » sont plus sujets que les autres à l’amour-propre. Par ailleurs, il va entretenir son désir de supériorité, qu’elle soit sociale ou intellectuelle. La domination évidente se mesure à la fois dans ses fondements et dans ses méthodes. Les fondements de la domination qui sont développés dans cet ouvrage collectif relèvent d’une vision mythologique, une réinterprétation délirante des mythes nordiques, par exemple, telle qu’on peut la voir dans les théories nazies, qui poussent à leurs derniers excès ce que le göticism n’avait pas approché avec autant de furie. Les méthodes de domination diffèrent. D’une part, si l’on suit l’analyse de Bourdieu, on doit convenir que la domination peut résulter des hommes, mais aussi des structures. D’autre part, la domination manie la confusion, en ce sens qu’elle utilise un procédé de droit privé (le dominus est étymologiquement un maître qui sévit sur des esclaves, ou du moins sur des alieni juris) dans un contexte de droit public. Mais la domination peut aussi résulter d’un endoctrinement, dont le Panégyrique de Trajan donne une parfaite illustration grâce à sa présentation simpliste : d’un côté le bon (Trajan), de l’autre le méchant (Domitien). Que l’époque des révolutions du XVIIIe siècle au mitan du XXe siècle a été riche en épisodes de domination dont les méthodes d’exercice, de contrôle ont été plus que décuplées, de Big Brother au contrôle facial et au crédit social de la Chine de XI Jinping ! Mais la domination peut même surgir là où on ne l’attend pas, en raison de la contradiction portée par celui qui s’en rend coupable. Jules César, par exemple, en franchissant le Rubicon, outrepasse les pouvoirs dont il est juridiquement investi ; ou alors quand elle s’infiltre insidieusement, comme les Libyens l’ont fait en Égypte jusqu’à tant qu’ils ravissent le pouvoir Les deux termes de « domination » et d’« Antiquité »,  s’ils sont à l’origine des phénomène de domination, sont loin d’épuiser le sujet. On trouvera dans ce collectif bien des éléments sur les dictatures stalinienne et nazie, sur les dictatures actuelles, les nouvelles formes de domination – numérique ou non – où se mêlent approches littéraires et historiques, politiques et sociologiques. Des développements qui bifurquent parfois dans des directions insoupçonnées.

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À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.

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