Les bombes à sous-munitions sont des dispositifs conçus pour disperser une multitude de sous-munitions explosives sur une vaste zone. Leur mode de fonctionnement repose sur une ouverture en plein vol, libérant des dizaines, voire des centaines de petites bombes qui se dispersent sur une zone étendue. Cette dispersion vise à maximiser l’impact militaire mais engendre également un risque accru pour les populations civiles
Les bombes à sous-munitions, connues sous le terme de « cluster bombs », sont des dispositifs conçus pour disperser une multitude de sous-munitions explosives sur une vaste zone. Ces armes peuvent être larguées depuis des avions ou tirées par le biais d’artillerie, de roquettes ou de missiles. Leur mode de fonctionnement repose sur une ouverture en plein vol, libérant des dizaines, voire des centaines de petites bombes qui se dispersent sur une zone étendue. Cette dispersion vise à maximiser l’impact militaire mais engendre également un risque accru pour les populations civiles, en raison de son caractère non discriminatoire.
Graphique sur les bombes à sous-munitions larguées par les airs, qui se dispersent sur de vastes zones – AFP / AFP
Conséquences humanitaires
L’impact humanitaire des bombes à sous-munitions est considérable. Entre 10 % et 40 % des sous-munitions n’explosent pas à l’impact, ce qui transforme les zones affectées en champs minés à long terme. Ces munitions non explosées continuent de menacer les civils bien après la fin des hostilités. Elles sont particulièrement dangereuses pour les enfants, souvent attirés par leur taille ou leur forme qui peuvent rappeler des jouets.
En 2022, les attaques impliquant ces armes ont causé au moins 987 victimes, dont 95 % étaient des civils. L’Ukraine a enregistré le plus grand nombre de victimes, avec 890 cas confirmés cette année-là, selon le rapport de l’Observatoire de la coalition contre les armes à sous-munitions. Ces chiffres illustrent les conséquences à long terme de l’utilisation de ces armes. Outre les pertes humaines, de vastes zones agricoles et urbaines restent inutilisables en raison de la présence de sous-munitions non explosées.
Le Laos demeure le pays le plus contaminé au monde, avec près de 80 millions de sous-munitions non explosées répandues sur son territoire à la suite de la guerre du Vietnam. Les efforts de déminage dans ce pays, bien qu’intensifs, n’ont permis de nettoyer qu’une fraction des zones touchées.
Une régulation difficile
La Convention sur les armes à sous-munitions (CCM), adoptée en 2008 et entrée en vigueur en 2010, interdit l’utilisation, la production, le stockage et le transfert de ces armes. Plus de 108 États se sont engagés à détruire leurs stocks et à décontaminer les zones touchées. Toutefois, plusieurs grandes puissances, dont les États-Unis, la Russie et la Chine, n’ont pas ratifié cette convention, invoquant des impératifs stratégiques et militaires.
Les États-Unis justifient leur réticence par l’importance tactique de ces armes dans des opérations militaires, bien que l’administration américaine ait mis en place des restrictions sur leur utilisation, exigeant un taux de fiabilité de 99 % pour minimiser les risques de munitions non explosées. De son côté, la Russie continue d’utiliser ces armes dans des conflits récents, notamment en Ukraine et en Syrie, provoquant une recrudescence des critiques internationales.
Le conflit en Ukraine a ravivé le débat sur ces armes, avec des allégations d’utilisation par les deux camps. Les rapports de l’ONU et de Human Rights Watch documentent des violations graves du droit international humanitaire, notamment l’emploi de ces munitions dans des zones densément peuplées, exacerbant les pertes civiles.
À lire également : Guerre en Ukraine : avons-nous encore peur de la bombe ?