Maison-Blanche : Biden n’est pas encore entré, Trump n’est pas encore sorti

9 novembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Les partisans du président Donald Trump protestent à Philadelphie en Pennsylvanie, le dimanche 8 novembre 2020, quelques jours après les élections des grands électeurs (c) Sipa AP22511951_000003

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Maison-Blanche : Biden n’est pas encore entré, Trump n’est pas encore sorti

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Contrairement à ce qui est annoncé, Joe Biden n’est pas encore élu président des États-Unis. Si le processus électoral est achevé, le processus judiciaire ne fait que débuter, qui peut tout à fait conduire à la victoire finale de Donald Trump. Une hypothèse fragile qui n’est pas à exclure. 

 

« Joe Biden élu président des États-Unis » titrent la plupart des journaux. Rien n’est plus faux, ni du point de vue électoral ni du point de vue juridique. L’élection du président des États-Unis se faisant au suffrage indirect par les grands électeurs, c’est le 14 décembre que ceux-ci se réuniront pour élire le président, qui sera investi le 20 janvier 2021. Biden n’est donc pas encore président et d’ici là, nous allons assister à plus d’un mois de procédures juridiques pour opérer le recomptage des voix dans un grand nombre d’États clefs. En 2000, il avait fallu attendre un mois pour avoir les résultats de la Floride, qui avait finalement penché en faveur de Georges Bush. Entre temps, le New York Times avait annoncé la victoire d’Al Gore, ce qui ne s’est pas révélé exact. La prudence est donc de mise, car un scénario conduisant à une victoire finale de Trump, bien que ténu, n’est pas à exclure.

MAJ : 11/11/2020

Un processus judiciaire complexe

De nombreuses irrégularités ont été constatées dans plusieurs États pivots, liées notamment à l’usage du vote par correspondance. Dans le Wisconsin par exemple, la participation électorale s’élève à 92% alors qu’elle oscille d’habitude entre 50% et 70%. Une participation à 92% est statistiquement très difficile à atteindre. On peut craindre ici un bourrage des urnes. Dans plusieurs bureaux il a été constaté des votes effectués par des personnes décédées ainsi que des personnes qui ont voté plusieurs fois. Dans le Nevada, ce sont des résidents de Californie qui ont voté, ce qui est interdit. Le retrait de ces électeurs pourrait faire basculer l’État en faveur de Donald Trump. En Pennsylvanie, des représentants du parti républicain ont été interdits de surveiller le dépouillement, des bugs informatiques ont attribué des voix obtenues par Trump à Joe Biden. Après recomptage, certains comtés qui avaient placé Biden en tête ont finalement attribué la victoire à Donald Trump, etc. L’actuel président américain est fondé à déposer des recours et à porter l’affaire devant les tribunaux, comme l’avait fait Al Gore en 2000. Reste à savoir si le recompte attribuera finalement l’État à Trump et non pas à Biden et surtout si la Cour suprême sera compétente pour juger certains cas litigieux. La seule chose dont nous pouvons être certains aujourd’hui ne réside pas dans la victoire de Joe Biden, mais dans un brouillard de plus en plus épais qui s’abat sur les États-Unis, et dont nous ne devrions pas voir la fin avant le 10 décembre.

L’avocat Olivier Piton explique en 3 minutes sur France 24 ce qui se joue aujourd’hui dans l’élection américaine.

 

 

Le 9 novembre, le ministre de la Justice James Barr a autorisé l’ouverture d’enquêtes sur des cas éventuels de fraudes, en précisant bien que l’ouverture d’enquêtes ne signifiait pas qu’il y avait constat de fraudes : « Je vous autorise à enquêter sur des allégations substantielles d’irrégularités concernant les votes ou le comptage de bulletins avant la certification des élections dans vos juridictions, dans certains cas. De telles enquêtes peuvent être menées s’il existe des allégations claires et potentiellement crédibles d’irrégularités qui, si elles étaient avérées, pourraient potentiellement avoir un impact sur le résultat d’une élection fédérale dans un État ». Le ministre a précisé ensuite que seules les allégations sérieuses devaient être prises en compte : « Si les allégations sérieuses doivent être traitées avec beaucoup de soin, les réclamations spéculatives, fantaisistes ou farfelues ne doivent pas servir de base à l’ouverture d’enquêtes fédérales »

Élu, Biden aura beaucoup de mal à gouverner

Quand bien même Biden serait finalement élu président, il disposera d’une marge de manœuvre extrêmement réduite. Les républicains ont conservé leur majorité au Sénat et gagné des sièges à la Chambre des représentants. La question des fraudes délégitime son élection pour une grande partie des Américains qui ne le reconnaitra jamais comme président. Il a beau dire qu’il veut réconcilier l’Amérique, il lui sera très difficile de recréer de l’unité dans un pays qui vient de vivre quatre années d’hystérie, en partie imputable aux médias et aux démocrates. Donald Trump a beaucoup mieux résisté que prévu, preuve de son assise réelle et solide dans le pays. D’après les études d’opinion, un tiers des Latinos a voté pour lui, ce qui est un score considérable. Cela signifie que le parti démocrate a perdu une base solide de son électorat qui lui est indispensable pour gagner les élections. Quand bien même Biden entrerait à la Maison-Blanche le 20 janvier prochain, il sera fortement limité dans son action et le combat politique sera très rude pour la revanche annoncée de 2024.

Cette élection a tout d’un film américain à suspense et il est encore trop tôt pour en prévoir la fin.

 

 

A lire aussi : Entretien avec Jean-Éric Branaa : les élections présidentielles aux Etats-Unis, miroir d’une Amérique divisée

 

 

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Photo : Les partisans du président Donald Trump protestent à Philadelphie en Pennsylvanie, le dimanche 8 novembre 2020, quelques jours après les élections des grands électeurs (c) Sipa AP22511951_000003

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
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